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[club] Sophie Tolstoï – A qui la faute? / La Sonate à Kreutzer

Sophie Tolstoï se sent offensée par l’ouvrage de son époux La Sonate à Kreutzer (1890) qu’elle aide pourtant à publier.

Elle décide donc d’y répondre et écrit A qui la faute ?, mais son entourage la dissuadera de le publier. Elle y défend son point de vue sur l’amour et les femmes : « je voulais montrer la différence entre l’amour d’un homme et celui d’une femme » (Ma vie, p. 771).

Dans A qui la faute ?, Anna, jeune fille innocente et cultivée qui rêve d’un amour spirituel épouse un prince, ami de la famille. Elle déchante tout de suite : il ne la désire que charnellement. Elle trouve un peu de réconfort auprès de ses enfants et de la campagne. Son mari continue de la décevoir, en méprisant à la fois ses enfants et tout ce qu’elle aime. Un jour, elle rencontre Dimitri, vieil ami de son mari avec qui elle noue une relation platonique proche de son idéal spirituel. Son époux devient jaloux et finit par la tuer.

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[club] Sophie Tolstoï – Besoins spirituels

Sophie Tolstoï explique en des termes plus philosophiques et, à mon avis, plus pertinents ce que nous appelons aujourd’hui la charge mentale. C’est l’impossibilité de se sortir du quotidien, l’impossibilité de se consacrer à ses besoins spirituels.
« Ma vie se réduisait alors à l’éducation des enfants, ce qui me pesait souvent, mes besoins spirituels n’étant pas satisfaits » (Ma vie, p. 152)

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[club] Sophie Tolstoï – Sacrifice

Sophie Tolstoï est mère de 13 enfants. Personne ne s’étonne lorsqu’elle écrit qu’elle n’avait pas le temps d’écrire car elle était absorbée par leur soin et leur éducation. « Les enfants encore et encore, finirent par tuer en moi tous les talents » (Ma vie, Sofia Tolstoï, éditions des Syrtes, p. 93) ; « J’étais totalement absorbée par les aspects pratiques de l’existence, Lev Nikolaïevitch, au contraire, par la vie intellectuelle et spirituelle » (Ma vie, p. 616). Mais ces aspects pratiques ou « soucis quotidiens de la vie » (Ma vie,  p.65) ne désignent pas seulement ses obligations maternelles. Le temps qu’elle ne consacre pas à ses enfants, Sophie le consacre à son mari : recopier et corriger ses œuvres, organiser les éditions… Elle s’est donc sacrifiée pour décharger son époux de tous les soucis matériels pour qu’il puisse se consacrer à l’art et à la pensée.

Face à ce constat, il me semble que les sentiments de Sophie Tolstoï sont ambivalents : amertume et frustration d’un côté, fierté et joie de l’autre.

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Sophie Tolstoi – La création empêchée

Auteur de romans et d’une autobiographie, ayant participé activement à la conception des grands romans de son mari et source d’inspiration pour celui-ci, Sophie Tolstoi est indéniablement une femme de lettres.
Son roman A qui la faute ? répond directement à La Sonate à Kreutzer, où Tolstoi se présente comme rejetant les relations charnelles alors que le journal intime qu’il avait fait lire à Sophie avant son mariage montre l’appétit sexuel de l’écrivain dans sa jeunesse, et sa difficulté à le maîtriser. La peinture du mariage fait dans La Sonate est aussi un portrait de Sophie en épouse : se sentant bafouée, elle entreprend l’écriture de sa propre version des faits. Son roman défend la pureté de la femme malgré et dans les relations sexuelles : c’est sans doute, en cela, un texte féministe.

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Sophie Tolstoi – Femme de

On présente généralement Sophie Tolstoi comme une femme acariâtre, que le génie qu’était son mari a fui à la fin de sa vie, refusant même de la voir avant de mourir… Or elle fut aussi celle qui a inspiré plusieurs de ses plus grands romans, Anna Karénine et Guerre et Paix, que Tolstoi considérera comme trop peu fidèle à ses goûts ensuite.

Faut-il dès lors voir Sophie Tolstoi comme une artiste frustrée, ayant trouvé en son mari comme un moyen de vivre par procuration sa vie d’écrivain reconnu ? Elle écrivit elle-même plusieurs textes et c’est le roman qu’elle rédigea qui la fit rencontrer Tolstoi. Elle se place néanmoins évidemment parmi les femmes influentes, comme la femme et sténographe de Dostoievski.

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[club] Marie d’Agoult – Pseudonyme masculin et identité féminine

On peut relever un point commun entre Aurore Dupin et Marie d’Agoult : toutes deux ont écrit sous un pseudonyme masculin, George Sand pour l’une et Daniel Stern pour l’autre.

On trouve le phénomène comme point de départ du film Colette (2018) puisque Colette publia sous le nom de son mari Sido avant de s’en émanciper. Dans le cas de Sand, le pseudonyme devient le nom d’usage d’Aurore, qui se dissout dans cette identité. Dans le cas de Marie d’Agoult, Daniel Stern reste un nom de plume.

Le fait que George Sand soit une auteur plus reconnue que Marie d’Agoult, et ce de son vivant, a-t-il pu jouer dans cette adoption de son nom de plume dans la vie civile ?

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[club] Marie d’Agoult – Importance des modèles féminins

Nélida illustre l’influence que peuvent avoir des figures féminines positives (Mère Sainte-Elizabeth, Nélida pour sa camarade de couvent, Mme Roland pour Mère Sainte-Elizabeth) ou négatives (Mme d’Hespel) sur la vie des femmes.
Voici donc une confirmation pour notre bookclub. Il est très important de trouver des modèles et de les choisir avec soin.

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[club] Marie d’Agoult – Plus forte que Flaubert

La description de Nélida au couvent me fait penser à celle d’Emma Bovary. « Bientôt elle s’absorba dans ses lectures au point de prendre en dégoût mortel les études de la classe et le caquet des pensionnaires » p. 51.
Mais Nélida est plus forte qu’Emma (il ne s’agit pas bien sûr de dire que le style de Marie d’Agoult surpasse celui de Flaubert) et elle dépasse son bovarysme. Si sa relation avec Guermann commence comme les amours d’Emma (« jamais leurs entretiens ne se rapportaient à la vie réelle » p. 124), elle parvient à voir le vrai visage de son amant et à avancer. Ainsi dans Nélida ce sont les hommes qui meurent (le mari, Guermann) et les femmes qui demeurent et résistent (Nélida, Mère Sainte-Elizabeth).

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[club] Marie d’Agoult – la revanche d’une femme trompée?

Nélida a été critiqué à sa sortie car on reprochait à Marie d’Agoult de vouloir simplement se venger de la trahison de Lizt en faisant un portrait peu flatteur.
Il me semble que cette critique est injuste car aujourd’hui, quand le fait « people » est oublié, ce roman demeure agréable et intéressant. Marie d’Agoult a utilisé l’écriture pour guérir de son chagrin, cas classique de sublimation, et elle a ainsi pu progresser vers sa vocation d’écrivaine. De même Nélida ne reste pas figée dans la passion de sa jeunesse et parvient à se remettre de sa rupture avec Guermann.
On peut remarquer que beaucoup d’auteurs masculins ont eu la même démarche, écrire après une déception amoureuse, sublimer, mais n’ont pas été accusés d’être revanchards. Au contraire, on les a traités d’artiste. Je pense que Marie d’Agoult mérite le même titre.

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[club] Alma Mahler – Les deux faces d’une même femme ?

Selon Françoise Giroud, Alma Mahler aurait été une artiste contrariée qui aurait trouvé dans ses mariages avec de grands artistes des compensations à sa vocation frustrée.

Selon Catherine Sauvat, cette vision est partisane et exagérée, un peu trop romanesque pour être vraie, et correspondait plutôt à une vision d’elle-même qu’aurait favorisée Alma Mahler elle-même.

Qu’en penser en définitive ? C’est un fait que lorsqu’elle aurait pu exprimer ses dons artistiques, Alma Mahler ne l’a pas fait : on ne peut pas vraiment parler de frustration ou de contrariété. Est-ce pour autant une simple courtisane imbue d’elle-même ? La question est difficile à trancher.

Peut-être correspond-t-elle à une catégorie que nous n’avions pas envisagé auparavant : celle de la « femme d’artiste », qui assume à la fois la vie mondaine attachée à certaines carrières artistiques et évolue depuis toujours dans les cercles concernés.