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[bio] Olympe de Gouges

[photopress:gouges_1.jpg,thumb,pp_image]Olympe de Gouges nait à Montauban en 1748.
Une enfant illégitime. Elle s’appelle alors Marie Gouzes. Selon l’état civil elle est la fille d’Anne-Olympe Mouisset et de Pierre Gouzes, boucher. Mais ce dernier était loin du domicile conjugual neuf mois auparavant. Il avait été éloigné de son épouse par le marquis Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, véritable père de l’enfant et amour de jeunesse de sa mère revenu depuis peu à Montauban. Il gardera des liens avec la mère et la fille jusqu’en 1754, date à laquelle il disparaît pour épouser une héritière riche et noble. Le « secret » de sa naissance jouera un rôle dans l’existence de la future Olympe. Elle restera marquée par l’inégalité qui a interdit l’union de ses parents et l’a privée à la fois d’un père et d’une éducation. Elle cherchera adulte à rattraper ces manques. Elle est mariée en 1765 au traiteur Aubry dont elle a aussitôt un fils, Pierre.
Paris. En 1768 elle est veuve. Un an plus tard elle rencontre Jacques Biétrix, qui lui propose une installation dans la capitale et le mariage. Elle refuse de convoler mais se réjouit de pouvoir partir à Paris. Elle change alors d’identité et devient Olympe de Gouges. A Paris elle mène une vie digne de sa naissance. Elle fréquente des salons, est proche du duc d’Orléans qui s’occupera de l’éducation de son fils. Elle fréquente l’élite du Palais Royal et les cercles littéraires et artistiques dont elle veut se rapprocher davantage en emménageant rue Poissonnière en 1778.
Carrière littéraire. Olympe en effet veut devenir une femme de lettres même si elle sait à peine lire et écrire. La dictée est de toutes façons la coutume. Elle attend la mort de son père pour publier les Mémoires de Madame Valmont, un roman épistolaire autobiographique où elle révèle le « secret » de sa naissance et dénonce cette société qui permet une telle situation. Elle se lance alors dans une production théâtrale abondante. Ses œuvres dénoncent l’esclavage (L’esclavage des Noirs), l’emprisonnement pour dettes (L’Homme généreux), l’obligation d’entrée au couvent pour les jeunes filles sans dot (Les vœux forcés), le mariage (La nécessité du divorce). Elles ont du mal à trouver des théâtres qui les mettent en scène. Olympe est controversée et se montre intransigeante : elle ne veut pas adapter ses pièces aux mœurs ou aux désirs du public.
Révolution. Olympe publie ses premiers écrits politiques en 1778. Elle est très enthousiaste face aux premiers mouvements révolutionnaires. Elle veut être au cœur de l’action, publie des pamphlets, écrit des pièces pour servir l’égalité et la liberté. Très vite elle est déçue. Elle comprend que les révolutionnaires, souhaitent tenir les femmes à l’écart et ne pas leur accorder plus de droits que l’Ancien Régime. Elle rédige alors en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qu’elle adresse à la Reine Marie-Antoinette. « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». Elle comprend également rapidement que la Révolution tourne mal. Elle s’oppose à la condamnation à mort du Roi et à l’arrestation des Girondins. Elle écrit contre Robespierre. Elle sait que ses jours sont comptés et publie en juin 1793 un testament politique. Elle est en effet arrêtée en juillet 1793 et, après avoir séjourné dans plusieurs prisons, est enfermée à la Conciergerie. Elle ne cesse d’écrire durant sa détention. Son procès se tient le 2 novembre 1793. Il est injuste et expéditif comme c’est alors la coutume. Elle est condamnée à mort. La sentence est exécutée le 3 novembre 1793.
Postérité et féminisme. 200 ans après sa mort les femmes réclament pour elle le Panthéon et des établissements portent son nom. Il aura fallu près de deux siècles pour que les français se rappellent de cette figure de la Révolution. Le 17 novembre 1793 la Feuille du salut public, un journal révolutionnaire, ouvre en effet une longue période d’oubli : « Elle voulut être homme d’Etat et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe ». C’est en effet parce qu’elle a demandé pour les femmes les mêmes droits que les hommes qu’Olympe de Gouge a été oublié des historiens jusqu’à la fin du XXème siècle. Olivier Blanc au début des années 80 va la révéler au public et à ses pairs historiens, puis les féministes vont s’y intéresser. Le bicentenaire de la Révolution est favorable à la découverte d’Olympe. Ses œuvres sont ainsi éditées en 1793 et elle est aujourd’hui reconnue comme une féministe qui a agi pour le droit des femmes et l’amélioration de leur sort. Elle fut également victime de la place laissée aux femmes dans la société.
Bibliographie sélective

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Mille et une nuits, 2003.

Mousset Sophie, Olympe de Gouges et les droits des femmes, 2003, Le Félin / 2007, Pocket : « Ce petit livre a pour vocation d’éveiller quelque intérêt pour l’étonnante Olympe de Gouges ».

Blanc Olivier, Marie-Olympe de Gouges : Une humaniste à la fin du XVIIIe siècle, René Viénet, 2004
Pour aller plus loin

http://8mars.online.fr/article.php3?id_article=216

http://www.aidh.org/Biblio/Text_fondat/FR_03.htm
Documents gracieusement communiqués par Mme Françoise Zylberberg :

[photopress:MOdG__Mettais_03_11_1793___1.jpeg,full,alignleft]
1. Exécution d’Olympe de Gouges, enceinte, après un jugement de dix minutes sans avocat, exécution décidée à l’évidence par Robespierre et ses complices des comités.

[photopress:MOdG_AN_affiche__OdG_au_Trib_rev__photo_ERV__1.jpg,full,alignleft]
2. Affiche, remarquable, la dernière qu’elle imprima, trouvée dans le dossier de sa condamnation à mort, aux archives nationales.

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[bio] Frances Hodgson Burnett

Frances BurnettFrances Hodgson naît le 24 novembre 1849 à Cheetham Hill en Angletterre. Seize ans plus tard elle suivra sa mère aux États-Unis et obtiendra la nationalité américaine en 1905.

L’imagination contre la pauvreté. Son père décède quatre ans après sa naissance, laissant cinq orphelins et très peu d’argent. Sa veuve reprend l’entreprise familiale mais échoue. Elle vend en 1864 et déménage à Knoxville dans le Tennessee où son frère l’appelle à l’aide. En dépit des difficultés financières de sa famille, Frances semble avoir vécu une enfance heureuse. Elle commence à écrire des poèmes et de petites histoires dès l’âge de sept ans. Son imagination apparaît avoir toujours été une arme pour s’évader de son quotidien. Elle va bientôt lui permettre de s’en sortir au sens propre. Pour payer les timbres de son premier envoi à un éditeur, elle doit voler et revendre du raisin. Ses premières histoires sont publiées en 1868. Elle se met alors à en écrire cinq ou six par mois afin d’aider financièrement les siens.
Gloire littéraire. Elle épouse Samuel Burnett en 1873. Ils auront deux fils : Lionel et Vivian. Ils voyagent beaucoup au début de leur union en Angleterre et en France avant de s’installer dans la capitale américaine en 1877. C’est à cette époque que Frances fait paraître son premier roman The Lass o’ Lowrie’s, aussitôt acclamé par la critique. L’écrivaine commence alors à fréquenter les milieux littéraires et enchaîne les succès : Haworth (1879), A Fair Barbarian (1881), Through One Administration (1883). Elle s’occupe également d’adapter ses œuvres au théâtre. Mais au fur et à mesure que grandit sa célébrité, elle se sent de plus en plus déprimée. Elle est de plus attaquée dans ses choix de vie : elle évolue en effet dans un milieu masculin et s’absente souvent de son foyer. Son premier roman pour la jeunesse Little Lord Fauntleroy est publié en 1885 et reçoit un succès inédit pour un livre pour enfant.
Combat pour le respect de la propriété intellectuelle. Dès la publication de son premier roman, Frances a été confrontée à l’absence de droits d’auteur en Angleterre et sa biographie est marquée par une attention constante à cette question. En 1887 alors qu’elle voyage en Europe avec ses deux fils, elle apprend que Seebohm va adapter sans autorisation Little Lord Fauntleroy au théâtre. Elle se dépêche de se rendre à Londres, d’écrire et de monter sa propre adaptation qui remportera en 1888 un succès plus important que sa « copie ». Frances attaque alors Seebohm en justice et gagne. Elle crée ainsi une jurisprudence qui lui vaut les remerciements de la société des auteurs britanniques.
Traquée. Son fils ainé meurt en 1890 et elle met un certain temps à faire son deuil. La presse ne respecte ni son chagrin ni son désir de se retirer de la vie publique. Elle continue à la critiquer, à écrire sur sa vie privée. Elle divorce en 1898 et se remarie en 1900 avec Stephen Towsend. Ce remariage serait dû à un chantage, toujours est-il qu’il ne durera que deux ans. Elle ne cesse d’écrire et de publier : The One I Knew Best Of All (une autobiographie, 1893), A Lady of Quality (1896), His Grace of Osmonde (1897), Emily Fox-Seton (1901), A Little Princess (1905), The Shuttle (1906), The Dawn of Tomorrow (1909), The Lost Prince (1915), Robin (1922), The Head of the House of Coombe (1922). Plus les critiques sur sa personne se déchaine, plus elle essaye de se cacher pour cultiver son jardin. Cette attitude aurait inspiré son roman demeuré le plus célèbre, The Secret Garden (1911). Sa dernière apparition publique a lieu lors de la première de l’adaptation cinématographique de Little Lord Fauntleroy en 1921. Elle meurt le 29 octobre 1924.
A Little Princess
Le roman paraît en 1905. C’est l’adaptation d’une pièce de théâtre, Sara Crewe, que Frances Hodgson Burnett a écrit en 1888. Sara est la petite princesse de son père qui l’inscrit cependant dans le pensionnat de Miss Minchin. Elle y est également traiter comme une princesse jusqu’au décès de son père. Puisqu’aucun exécuteur testamentaire ne s’acquitte les frais de scolarité, « charitablement », la directrice accepte de garder Sara comme servante. Malgré cette déchéance, Sara continue de se comporter avec dignité, « en princesse »…
Réception.  La publication du roman, de même que la pièce qui l’a précédé, est un succès et les critiques sont élogieuses. Les nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles (dont un célèbre animé dans les années 1980 : http://www.petite-princesse.fr/index.htm) soulignent que cette popularité n’a pas tari avec le temps.
Critiques féministes. Longtemps dédaigné par les critiques et oublié des études sur la littérature victorienne comme tous les romans destinés à la jeunesse, il est ensuite rejeté par les féministes qui le réduisent à une reproduction des idéaux de la société patriarcale. Les études vont à partir des années 80 s’affiner et les plus complètes s’intéressent surtout à l’intertextualité, notamment à l’utilisation du mythe de Cendrillon comme stratégie subversive pour contester les résultats idéalisés des contes de fée (Donald Hasse,Feminism and Fairy Tales, Wayne State University Press p.20). Sara en effet utilise des personnages littéraires comme paradigme à sa situation (S. Forster et J.Simons, What Katy read : feminist re-readings of classic stories for girls, University of Iowa Press, 1995, p.178). Elle fait certes preuve des vertus classiquement attribuées aux femmes, mais son imagination est un pouvoir réel. L’auteure dans son œuvre semble attribuer ce pouvoir à l’enfance indépendamment du genre.

Bibliographie sélective
A Little Princess, Penguin Books Gb.
The Secret Garden, Penguin Books Gb.
Gretchen Gerzina, Frances Hodgson Burnett, Chatto, 2004.
Pour aller plus loin
http://www.online-literature.com/burnett/
http://www.tickledorange.com/FHB/index.html
Ecrit par Daisy (14/06/09).

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[bio] Louisa May Alcott

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Louisa May Alcott naît le 29 novembre 1832 à Germantown en Pennsylvanie (USA) mais passera la plus grande partie de sa vie à Concorde et à Boston dans le Massachusetts (USA).

Une enfance dans les richesses de l’esprit et la pauvreté. Louisa May est la seconde de quatre filles. Ses parents, philosophes transcendantalistes, jouent un grand rôle dans son éducation et influenceront sa pensée. Ils enseignent leurs idées à leurs filles, leur permettent de participer à des discussions avec des amis éminents comme Emerson ou Thoreau et leur donnent l’exemple de l’engagement. Ils soutiennent le mouvement pour l’abolition de l’esclavage et cachent des esclaves au péril de leur vie. Les Alcott feront également l’expérience d’une vie en communauté qui se terminera mal. Louisa May a donc dès sa naissance conscience de l’importance de la réflexion et de l’engagement. Cependant elle expérimente également que ces richesses s’accompagnent d’une grande pauvreté matérielle. Son père est souvent en tournée pour propager ses idées et ses projets de réforme et ne rapporte que de maigres revenus à sa famille. C’est donc sa mère, en travaillant, qui doit se charger d’assurer la subsistance des quatre enfants. Louisa May, de même que ses sœurs, devra très tôt occuper un emploi pour aider sa mère : enseignante, couturière, domestique. Très vite l’exemple de son père, si intelligent mais si pauvre et méconnu, fait naître en elle l’envie d’être riche et célèbre et lui donne envie d’utiliser son intelligence pour gagner de l’argent. Elle pense d’abord à être actrice avant de se lancer dans l’écriture.

Des débuts sous un masque. Louisa May commence à écrire à 16 ans et à publier à 19. Elle publie son premier poème en 1851 sous le pseudonyme de Flora Flairfield. Elle publie ensuite des nouvelles sous le pseudonyme de A.M Barnard. Pendant la guerre de secession, Louisa May s’engage comme infirmière pour les soldats à Washington DC. Elle y puisera le matériau pour un roman, Hopital Sketches, paru en 1863. Après un an de service, elle doit renoncer à travailler car a contracté une fièvre typhoïde. Le traitement à base de mercure qui lui est alors administré se révèlera un remède pire que le mal : Louisa May souffrira toute sa vie de séquelles. Pendant sa convalescence, en 1864, elle publie sous son nom, Moods, un roman qui traite de la guerre et de la question du divorce : cette publication marque les débuts d’une carrière de romancière à succès.

Notoriété et engagements. Louisa May est alors chargée de l’édition d’un magazine pour les jeunes filles, Merry’s museum. A la demande de ses éditeurs, elle publie en 1868 Little Women, un roman pour la jeunesse qui lui apportera aussitôt notoriété et fortune. Elle écrira trois suites à ce roman : Good wives,Little Men, et Jo’s boys and how they turned out , respectivement en 1869, 1871 et 1886. Louisa May, tout en appréciant d’être parvenu à son objectif de célébrité et de richesse, souffrira d’être sans cesse sollicitée pour ce type de romans. Elle se montre en effet tout à fait capable d’écrire des romans pour adultes : Work (1873), Rose in Bloom (1876), A modern Mephistopheles(1877), A whisper in the dark (1880). A côté de ses activités de romancière, elle s’engage et se montre très active malgré sa santé fragile. Elle défend l’abolition de l’esclavage et le droit de vote pour les femmes, se montre très magnanime et n’oublie jamais d’aider matériellement sa famille. S’occupant de son père malade, elle élève également sa nièce dont la mère est morte en couche. Elle meurt le 6 mars 1888, à 56 ans.

Little Women- Good wives

Le roman paru en 1868 raconte le quotidien des femmes de la famille March, la mère et les quatre filles, durant l’absence de Mr March, parti servir auprès de l’armée nordiste. Les quatre sœurs se lient d’amitié avec leur voisin Laurie et apprennent chacune à lutter contre leurs défauts : Meg affronte sa vanité tandis que Jo doit tempérer son caractère passionné. Amy doit combattre son égoïsme et sa fierté ; Beth, en revnache, est une sainte et ne doit lutter que contre la maladie.
Paru un an plus tard Good wives est souvent rattaché à Little Women comme étant son second volume. Il raconte en effet la suite des aventures des sœurs March devenues adultes. Meg est mariée dès le début du roman, Jo et Amy ne tarderont pas à rencontrer l’amour tandis que Beth devra à nouveau faire face à la maladie.

Réception. Le roman est un succès immédiat et la critique lui est très favorable. Rétrospectivement il apparaît comme le premier roman américain pour la jeunesse à proposer réalisme et distraction. Sa notoriété dépasse les frontières américaines et il est lu aujourd’hui encore dans le monde entier. C’est un classique de la littérature jeunesse qui a été plusieurs fois adapté à la télévision et au cinéma.

Critiques féministes. Ce n’est qu’à la fin des années soixante que les critiques se penchent sur ces romans jusqu’alors exclusivement cantonné à la littérature enfantine. Elles dénoncent alors la morale et la séparation traditionnelle entre la sphère des hommes (publique) et la sphère des femmes (privée). De plus la position de Louisa May Alcott quant à l’émancipation des femmes est ambiguë : Jo qui semble incarner dans la première partie du roman la rupture avec les traditions renoncera à beaucoup de ses rêves en se mariant, à l’instar de nombreux personnages féminins dans l’œuvre de Louisa May Alcott. En cela, certaines féministes n’hésitent pas à la ranger parmi les réactionnaires.
Cette analyse s’oppose pourtant à l’engagement de Louisa May Alcott durant sa vie et dans ses écrits non fictionnels. Aussi, à partir des années 80, les critiques se font-elles moins sévères : certaines cherchent à montrer qu’il y a un second degré dans les aventures des sœurs March, d’autres se contentant de saluer le portrait réaliste de la condition féminine et du conflit entre l’aspiration à l’indépendance et les devoirs familiaux.

Bibliographie sélective

Little Women, Penguin Books Gb.
Good wives, Penguin Books Gb.

Pour aller plus loin

http://www.online-literature.com/alcott/
http://www.enotes.com/feminism-literature/alcott-louisa-may
http://www.alcottfilm.com/real_life.php
Ecrit par Daisy (06/06/09)

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[bio] Emily Dickinson

EDEmily Dickinson naît le 10 décembre 1830 à Amherst dans le Massachusetts (USA).

Issue de la tradition patriarcale. Emily reçoit l’éducation traditionnelle pour une jeune fille aisée de Nouvelle-Angleterre. Elle fréquente l’école primaire puis la Amherst Academy et s’épanouit dans son foyer auprès de ses parents de sa sœur Lavinia et de son frère Austin. Ils forment une famille très unie autour de la figure du père, Edward, un avocat en vu. Austin suivra ses traces et reprendra son cabinet. Ni Emily ni sa sœur ne se marieront, elles resteront dévouées à leur famille. Emily deviendra une tante attentionnée pour les enfants de son frère et soignera sa mère devenue invalide. C’est d’abord à sa famille, principalement à sa belle-sœur Susan, qu’Emily adresse ses poèmes.

Une recluse heureuse. Mis à part un an passé au séminaire féminin de Mount Holyoke, un voyage à Philadelphie et Washington en 1853 et une cure dans les environs de Cambridge dix ans plus tard, Emily ne quittera pas Amherst. A la fin des années 1860, elle refuse même d’aller au-delà du jardin de la maison familiale. Ceci, ajouté à son habitude de se vêtir toujours en blanc, ont contribué à sa mythologie. Un amour contrarié pour le révérend Charles Wadsworth pourrait être à l’origine de ce retrait du monde. Rien n’est confirmé, si ce n’est qu’Emily a toujours fait preuve d’amitié pour cet homme. Il faut cependant remarquer qu’au sein de son petit cercle de proches et d’amis, Emily fait preuve de bonne humeur et d’esprit, et n’est en aucun cas mélancolique ou morbide. Grâce aux relations de son père, Emily se lie avec des personnalités du monde religieux, politique ou littéraire. Benjamin Newton, stagiaire chez son père, va ainsi l’initier à la poésie en lui adressant notamment les œuvres d’Emerson en 1850, au début de ses activités de poète. En 1858 elle entame une correspondance avec Samuel Bowles, directeur du Springfield Daily Republican.

Publication posthume

This is my letter to the world,
That never wrote to me,–
The simple news that Nature told,
With tender majesty.
Her message is committed
To hands I cannot see;
For love of her, sweet countrymen,
Judge tenderly of me!

Samuel Bowles juge les poèmes d’Emily trop simples et irréguliers pour plaire. Emily est ainsi découragée de tenter de se faire éditer. Elle ne publiera que sept poèmes de son vivant. Elle entame cependant en 1858 une correspondance avec celui qui l’éditera après sa mort, Thomas W. Higginson. Egalement réticent à la publier, il lui prodigue des conseils et contribue ainsi à l’encourager. La guerre de Sécession (1861-1865) coïncide avec la période de création la plus prolifique : huit cent poèmes sur les presque 1800 que l’on comptera après sa mort. Beaucoup se trouvent dans des lettres adressées à ses proches.

Ses problèmes oculaires et une série d’événements familiaux dont le décès de son père expliquent le ralentissement de son activité poétique à partir de la fin des années 1860. La fin de sa vie est marquée par une série de décès, notamment son neveu âgé de huit ans, sa mère, et le juge Otis P. Lord qu’elle a pensé épouser. Emily est très éprouvée par ces deuils. Elle meurt en 1886.
Poems. Les premiers poèmes d’Emily sont donc publiés après sa mort en 1890. La critique les dédaigne, mais ils trouvent aussitôt un lectorat si bien qu’une seconde édition en 1891 et une troisième en 1896 ont lieu. Sa correspondance est également publiée en 1894. Les éditions se succèderont ensuite jusqu’à la première édition de ses œuvres complètes en 1855.

Réception.Les critiques d’aujourd’hui s’accordent à dire qu’Emily Dickinson était en avance sur son époque et avait anticipé en quelque sorte le vingtième siècle sur lequel elle a exercé une influence certaine.

Thématiques et style. La poétesse utilise des mots simples pour méditer sur des concepts métaphysiques comme la mort ou l’immortalité, ou encore la nature. Elle met en place un système très personnel de symboles et de références. Elle se distingue également par la forme et la technique choisies : les poèmes sont brefs, les rythmes inhabituels. Le lecteur est surpris par les ruptures ou le choix des mots. Des critiques ont reprochées à Emily la liberté qu’elle prenait avec la ponctuation (notamment l’utilisation du tiret) et la grammaire, mais il s’agit d’une part importante de son travail de création.

Féminisme.Les études féministes sont nombreuses et explorent différentes thèses. Certaines ont repéré des poèmes décrivant le rôle et le ressenti des femmes dans une société patriarcale. Ces études se concentrent sur les poèmes traitant de la vie domestique, de la liberté, de la rédemption et tentent de montrer qu’Emily Dickinson s’oppose aux conventions de son époque. D’autres études s’interrogent également sur son retrait du monde : on y voit tantôt un dévouement à sa vocation poétique tantôt une dénonciation de la société. D’autres études se concentrent sur les relations qu’Emily a entretenues avec ses contemporaines, certaines soulèvent la question de son homosexualité en s’appuyant notamment sur sa correspondance. D’autres études enfin interrogent ses difficultés à publier dans un monde masculin.

Bibliographie sélective

Vivre avant l’éveil, édition bilingue Arfuyen « textes anglais », Paris, 1989. Postface de Margherita Guidacci ;

Une chambre avec vue sur l’éternité, Claire Malroux, Gallimard, 2005 ;

Dickinson and the boundaries of Feminist Theory, Mary LOEFFELSHOLE, University of Illinois, 1991.
Pour aller plus loin :

http://www.online-literature.com/dickinson/
ttp://www.emilydickinsoninternationalsociety.org/
http://www.enotes.com/feminism-literature/dickinson-emily
http://www.earlywomenmasters.net/essays/

Ecrit par Daisy (28/05/09)

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[bio] Claire Démar

demarClaire Démar (1799-1833) est une saint-simonienne française, figure de proue du courant féministe du saint-simonisme.
Une vie inconnue. De sa vie, on ne sait rien ou pas grand chose. Son ralliement au saint-simonisme est connu, mais rien de son enfance, de son origine sociale, de sa condition au quotidien. Si l’Histoire ne l’a pas oubliée, c’est parce que Claire Démar nous a légué deux textes, Appel d’une femme au peuple sur l’affranchissement des femmes, rédigé de 1831 et 1833, et Ma loi d’avenir, écrit en 1833 et édité de manière posthume en 1834 par Suzanne Voilquin, autre saint-simonienne.
Un engagement utopiste. Ce que l’on sait de Claire Démar, c’est donc son choix de suivre le saint-simonisme, en une période où ce n’était déjà plus son fondateur, le comte de Saint-Simon, mais Prosper Enfantin qui, après des luttes de pouvoir effrenées avec les deux autres successeurs de Saint-Simon, s’est imposé comme chef spirituel de cette nouvelle école de pensée. Ce que le saint-simonisme offre alors, c’est une vision de la société égalitaire et libre, juste et solidaire. Du vivant de Saint-Simon, c’est un projet politique ; après sa mort, en 1825 et l’échec politique des Trois glorieuses de 1830, le courant prend la voie d’une école spirituelle et s’inspire des premières communautés chrétiennes (plus précisément des sectes gnostiques). Claire Démar s’engage auprès du saint-simonisme peu avant la Révolution de Juillet, attirée par ses trois préceptes énumérés ci-dessous et par le discours pro-femme véhiculé par Enfantin :

« Toute institution sociale doit avoir pour but l’amélioration intellectuelle, morale et physique de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre.
Abolition de tous les privilèges de naissance sans exception (y compris l’héritage)
A chacun selon ses capacités, à chaque capacité selon ses oeuvres. »
L’appel d’une femme au peuple sur l’affranchissement des femmes
Contexte de rédaction. Encouragée par la profession de foi du « Père Enfantin », avec lequel Claire Démar correspond beaucoup, selon laquelle une Femme-Messie est appelée à s’asseoir à côté du Père pour fonder la nouvelle société, Claire Démar se lance dans la rédaction de son Appel d’une femme au peuple. Elle suit en cela les dernières paroles de Saint-Simon : « L’homme et la femme, voilà l’individu social » et la conception d’Enfantin d’un amour libre, dans lequel est exclu toute idée de propriété, de possessivité, d’exclusivité et de contrainte.
Réception et féminisme du texte. Mais le texte n’est pas accueilli comme Claire Démar l’imaginait, et Prosper Enfantin est condamné par le Gouvernement à l’issue d’un procès pour « atteintes aux bonnes moeurs ». La morale en cours, contre laquelle se bat Claire Démar et dans laquelle elle voit la racine de l’exploitation des femmes, a le dessus : fragilisée, attaquée, abandonnée par les saint-simoniens, Claire Démar perd foi en son combat. Elle se donne la mort avec son amant, Perret Dessessarts, en 1833. Elle a 34 ans et lègue à la postérité un deuxième texte, Ma loi d’avenir, dans lequel elle expose son projet féministe.
Influences. Lue par Walter Benjamin, lecture dont il rend compte dans le Livre des passages, l’oeuvre de Claire Démar resta longtemps indisponible au public et eut peu de répercussions immédiates. Sans doute est-ce là l’effet de ses thèses extrêmes, qui appellent à l’abolition de la maternité et de la paternité et à une totale liberté amoureuse – liberté qui choqua, à l’époque, les saint-simoniennes elles-mêmes, et provoqua ce désaveu dont Claire Démar ne se releva pas.
Bibliographie
Claire Démar, Appel d’une femme au peuple sur l’affranchissement des femmes, suvi de Ma loi d’avenir et de la correspondance de C. Démar, éd. par Valentin Pelosse, Albin michel, 2001 (épuisé).
Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle : Le livre des passages, Le Cerf, 1989
Astrid Beuder-Mankousky, « Révolte anti-généalogique et reproduction » dansTopographies du souvenir : Le livre des passages de Benjamin, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2007
« Le siècle des saint-simoniens », exposition à la Bibliothèque de l’Arsenal, 28/11/2006 – 25/02/2007
« Les saint-simoniennes » dans M. Albistur & D. Armogathe, Histoire du féminisme français, éditions des femmes, 1977

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[bio] Anne Brontë

Anne Brontë naît en 1820 à Thornton en Angleterre ; très peu de temps après sa naissance sa famille déménage à Haworth où son père est nommé pasteur.

La plus jeune de la fratrie. Anne est la dernière-née du révérend Brontë et de son épouse Maria, qui meurt en 1821. Elle n’a donc aucun souvenir de sa mère et est particulièrement proche de sa tante Elizabeth Branwell venue vivre avec les Brontë après le décès de sa sœur. Les quatre enfants survivants, Charlotte, Branwell, Emily et Anne grandissent ensemble dans le presbytère entre les sermons méthodistes de leur tante, les récits fantastiques de leur servante, et les livres de leur père. Une grande émulation existe au sein de la fratrie : ensemble, ils lisent les journaux, la Bible, Homère, Shakespeare, Milton, Byron ou Scott, inventent et écrivent des histoires d’aventures. Emily et Anne racontent les chroniques de Gondal, tandis que Charlotte et Branwell rédigent celles d’Angria. C’est sur Branwell, le fils unique, que reposent tous les espoirs de la famille, en particulier ceux du révérend. Branwell pourtant échouera dans toutes ses entreprises artistiques avant de sombrer peu à peu dans la débauche et la dépendance. Anne est particulièrement marquée par la déchéance de son frère et utilise cette épreuve pour créer le personnage d’Arthur Huntington dans son roman The Tenant of Wildfell Hall (La recluse de Wildfell Hall) publié en 1848.

Indépendance. Anne étudie de 1835 à 1837 à Roe Head, école tenue par Miss Wholer où sa sœur Charlotte enseigne. En 1839, désireuse de ne pas dépendre de son père, elle trouve un poste auprès de la famille Inghams à Blake halls. Elle travaillera ensuite auprès des Robinsons de Thorpe Green Hall, entre 1840 à 1845. Son frère Branwell occupera à partir de 1843 la fonction de tuteur auprès du fils de la famille. Malheureusement il s’éprend de la maîtresse de maison et doit quitter son poste auréolé d’un parfum de scandale. Anne démissionne peu après et retourne à Haworth.

Une carrière littéraire interrompue. Poussée par Charlotte qui a toujours nourri une ambition artistique, Anne, de même qu’Emily, utilise l’héritage de leur tante pour publier à compte d’auteur. Les trois sœurs font donc paraître un recueil en 1846 sous les pseudonymes de Currer, Ellys et Acton Bell, chacune prenant ainsi une identité masculine et ne conservant que ses initiales. Anne/Acton contribue à 21 poèmes du recueil. L’année suivante son roman Agnes Grey est édité, mais passe inaperçu à côté des Hauts de Hurlevent et surtout de Jane Eyre. Anne rédige cependant un second roman mais est diagnostiquée tuberculeuse en janvier 1849. Le mal vient d’emporter sa sœur Emily. Elle décide d’un voyage à la mer avec sa sœur et une amie pour se soigner ; elle meurt en mai 1849 à Scarborough où elle est enterrée.

Agnès Grey

Rédaction et sujet. Agnès Grey paraît en 1847 sous le pseudonyme d’Acton Bell. Le roman raconte l’initiation de l’héroïne éponyme qui, désireuse de ne pas demeurer à la charge de sa famille ruinée par une spéculation, trouve un emploi de gouvernante auprès des Bloomfield, puis des Murray. Elle découvre ainsi la vie des gens fortunés : les incohérences en matière d’éducation, l’hypocrisie, la vanité des prétentions…

Réception et féminisme. Le roman est d’abord passé inaperçu face au roman de Charlotte Jane Eyre paru la même année. Il a en effet pâti de la comparaison avec les romans de ses sœurs parus la même année, ou a été réduit à un simple récit autobiographique. Pourtant, si Anne Brontë utilise son expérience en tant que gouvernante, on ne peut pas parler d’autobiographie.
Avec le temps la critique va distinguer ce texte de la série de romans de gouvernantes parues à la même époque parce qu’il possède des thématiques originales, notamment une critique de la société victorienne et de son culte de la vie domestique. La technique narrative est également remarquée. En 1924 Georges Moore rend hommage à Agnes Grey: « The one story in English literature in which style, characters and subject are in perfect keeping ».
La critique féministe retient essentiellement le combat féminin pour acquérir son indépendance et une reconnaissance dans la société, ainsi que la critique sociale. Anne Brontë n’a cependant ni revendications ni projet féministe.

Bibliographie sélective

Agnes Grey, The Modern Library, 2003.
The Tenant of Wildfell Hall, Penguins Books GB, 2007.
Elizabeth Langland, Anne Brontë. The Other One, Barnes and Noble books.
Edward Chitham, A life of Anne Brontë, Blackwell Publishing, 1993.

Filmographie

Les sœurs Brontë, André Téchiné, 1979.

Pour aller plus loin

http://www.online-literature.com/brontea/
http://www.kirjasto.sci.fi/abronte.htm
http://www.enotes.com/nineteenth-century-criticism/grey-agnes

Ecrit par Daisy (21/05/09).

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[club] Balzac, Les Chouans – Destinée incomplète des femmes

[photopress:chouans03.jpg,thumb,pp_image]Je pense que notre Bookclub se doit de relever ce passage concernant la condition féminine :

« Si je viens à penser que je suis seule, dominée par des conventions sociales qui me rendent nécessairement artificieuse, j’envie les privilèges de l’homme. Mais, si je songe à tous les moyens que la nature nous a donnés pour vous envelopper, vous autres, pour vous enlacer dans les filets invisibles d’une puissance à laquelle aucun de vous ne peut résister, alors mon rôle ici-bas me sourit; puis, tout à coup, il me semble petit, et je sens que je mépriserais un homme, s’il était la dupe de séductions vulgaires. Enfin tantôt j’aperçois notre joug, et il me plaît, puis il me semble horrible et je m’y refuse ; tantôt je sens en moi ce désir de dévouement qui rend la femme si noblement belle, puis j’éprouve un désir de domination qui me dévore. Peut-être, est-ce le combat naturel du bon et du mauvais principe qui fait vivre toute créature ici-bas. Ange ou démon, vous l’avez dit. Ah! ce n’est pas d’aujourd’hui que je reconnais ma double nature. Mais, nous autres femmes, nous comprenons encore mieux que vous notre insuffisance. N’avons-nous pas un instinct qui nous fait pressentir en toute chose une perfection à laquelle il est sans doute impossible d’atteindre. Mais, ajouta-t-elle en regardant le ciel et jetant un soupir, ce qui nous grandit à vos yeux…
– C’est?… dit-il.
– Hé bien, répondit-elle, c’est que nous luttons toutes, plus ou moins, contre une destinée incomplète. »

Il y a à mon avis plusieurs façons de comprendre cette « destinée incomplète »
Incomplet car elle n’est pas un homme, incomplet car c’est le destin de l’être humain, incomplet parce que la société interdit aux femmes de s’accomplir. C’est en quelque sorte la problématique que nous soulevons depuis plusieurs années.

J’ajoute qu’au début du dialogue Marie soulève toutes les remarques que j’ai faite sur la figure de l’espionne : supèrieure car pleines de charmes cachés, mais méprisante et vile…

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[club] Balzac, Les Chouans – La révolutionnaire en Mata-Hari

[photopress:sans_culotte.jpg,thumb,pp_image]De quelle manière une femme peut-elle, selon le Balzac des Chouans, participer à une révolution ? « Les femmes font rarement la guerre, mais vous pourrez, quelque vieux que vous soyez, apprendre à mon école de bons stratagèmes » : voilà ce que déclare Marie à Corentin lorsqu’elle décide de livrer l’homme qu’elle aime mais dont elle veut se venger. Engagée dès le départ par les Républicains pour séduire et livrer Le Gars, Marie rejoint la figure de la combattante cristallisée par Mata-Hari : c’est avec sa beauté et son pouvoir de séduction qu’elle lutte. Le ressort de ce combat est l’ascendant psychologique et affectif obtenu via l’éveil et la frustration du désir de l’autre. La trahison finale n’est pas un moyen mais une fin, et doit être lue comme la victoire finale d’une guerre dont le perdant n’aura même pas compris qu’elle était engagée. La qualité principalement requise est donc la capacité à se dissimuler (d’où : un certain talent pour le mensonge et la comédie), l’assurance, l’aptitude à manipuler (ce qui implique une certaine finesse psychologique) et l’absence d’empathie pour l’autre.  Tout cela dresse un portrait de la femme révolutionnaire en soldat rusé, stratège, et en combattant solitaire (il s’agit d’un duel : un contre un). Si ces qualités ne sont pas physiques et ne s’inscrivent pas dans le déroulement d’un combat « normal », elles n’en restent pas moins des ressources dont toutes les guerres ont usé.

Peut-être serons-nous amenées à retrouver cette figure de la révolutionnaire en Mata-Hari ? …

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[club] Balzac, Les Chouans – Marie et Olympe

[photopress:Fran__ois_Boucher_019.jpg,thumb,pp_image]J’ai cru relever, dans la biographie de Marie de Verneuil, quelques similitudes avec celle d’Olympe de Gouges : toutes les deux sont filles naturelles et s’installent à Paris où elle est initié à l’esprit des salons et/ou des Lumières. Elles sont également dans le parti des Républicains et soumises au joug des protections masculines. Cela ne fait pas de Marie de Verneuil une Olympe de Gouges de fiction mais dessinent le portrait des femmes révolutionnaires : le premier élément en est l’indépendance due à une absence de rattachement à un milieu social ou familial déterminée. Cette indépendance,  s’accompagne d’une liberté d’esprit, renforcée par la fréquentation des salon, qui se trouve contrariée par la nécessité d’être sous la protection financière et morale d’un homme. Les revendications de liberté et l’envie de mettre à bas l’ordre social en place peuvent alors naître. – Cela ne fait pas de Marie une féministe : mais, sous une autre plume que celle de Balzac, le personnage tel qu’il était défini aurait pu le devenir !

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[club] Balzac, Les Chouans – Courage féminin et circonstances

[photopress:marianne_europeenne.jpg,thumb,pp_image] »Ce n’était pas un des moindres phénomènes de l’époque que cette jeune dame noble jetée par de violentes passions dans la lutte des monarchies contre l’esprit du siècle, et poussée par la vivacité de ses sentiments à des actions dont pour ainsi dire elle n’était pas complice ; semblable en cela à tant d’autres qui furent entraînées par une exaltation souvent fertile en grandes choses. Comme elle, beaucoup de femmes jouèrent des rôles ou héroïques ou blâmables dans cette tourmente » (Gallimard, « Folio », p. 79).

Dans ce passage, Balzac décrit Melle de Verneuil comme « poussée » à l’héroïsme comme malgré elle. Ce qui évoque le mot de Hegel : « Rien de grand ne se fait sans passion » – à ceci près qu’ici, Balzac semble réserver cette particularité de l’action héroïque, mue seulement par l’exaltation, aux femmes. Le courage féminin aurait-il, selon lui, cette spécificité de ne pouvoir être réfléchi et d’être ainsi l’antithèse du sang-froid ? L’attitude qu’adoptera Melle de Verneuil à la fin du roman conforte dans cette lecture. Ce qui est raconté ici, c’est la folie d’une âme romantique et amoureuse, non pas un véritable courage guerrier ou révolutionnaire.- Si Melle de Verneuil a croisé assez longuement la route de Danton, c’est là encore, à l’en croire, malgré elle, parce que les choses se sont passées ainsi, sans qu’elle en ait rien voulu.

Ainsi, selon Balzac, les femmes ne pourraient-elles être révolutionnaires que malgré elles ?