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[club] Judith Butler – Ecriture du genre féminin?

[photopress:09155.jpeg,thumb,pp_image]Nous nous sommes demandées au début de ce bookclub s’il y avait une manière d’écrire propre aux femmes…Nous avons ici une réponse.

Ce serait réducteur de réduire une expérience humaine comme celle de l’écriture à une identité féminine ou masculine.

D’ailleurs une écriture féminine ne serait que la parodie de ce que l’on croit être le propre de l’écriture féminine. On est dans le cas typique de l’homme qui écrit des romans à l’eau de rose sous un pseudo féminin (parce qu’on s’attend à ce que ce soit les femmes qui maîtrisent les codes de ce genre de roman) ou de la femme qui prend un pseudo masculin pour ou ne pas choquer les mœurs de son temps ou être jugé en tant qu’écrivain seulement…

Donc bien avant Judith Butler, les écrivains en jouant avec les pseudos masculins, féminins ou mixtes, ou les narrateurs d’un sexe opposé au leur ont jeté le trouble dans le genre….

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[club] Judith Butler – Tolérance

[photopress:Butler_Humain_Inhumain.jpg,thumb,pp_image]Butler refuse un féminisme qui prétendrait définir ce que sont les femmes et ce qu’elles doivent être, parce que le genre féminin est indéfinissable, même si dans la vie quotidienne on voit grossomodo de quoi il s’agit.

En voulant définir les femmes, on en laisse forcément de côté, on en oppresse d’autre en prétendant les libérer…

On ne peut pas quand on est face à une existence humaine la réduire à l’expression d’un genre… C’est trop complexe, trop personnel… C’est une idée que j’aime beaucoup.

« Nous avons été plusieurs à utiliser le post-structuralisme pour nous opposer aux politiques identitaires. Toutes les expériences humaines ne peuvent être réduites à notre seul statut de femme, d’autant que cette identité est floue et instable. » Judith Buttler, L’Express, 6 juin 2005.

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[club] Judith Butler – Solitude de l’être humain sans genre

[photopress:arton2047.jpg,thumb,pp_image]Donc le genre n’est pas donné d’avance…

Comme cela, cela n’a pas l’air si grave. Ça sonne comme un bon argument contre ceux qui nous saoulent avec l’intuition féminine, Mars et Vénus et les histoires de cartes routières…Rien n’est typiquement féminin ou masculin, le genre n’est pas donné d’avance.

Pourtant on doit tous trouver notre genre (qu’ils correspondent ou non à notre sexe, ça c’est une autre histoire, on a compris).

Mais qu’est ce que c’est le genre ? Comment on fait pour trouver son genre ?

Le genre, ce n’est rien, ce n’est pas une substance. Le genre est performatif : « il constitue l’identité qu’il est censé être » p.96. Censé parce qu’on n’a pas de modèles, de définition, de normes…

Donc on fait tous comme le drag : on parodie ce que l’on croit représenter un genre. « L’idée que je soutiens ici, à savoir que le genre est une parodie, ne présuppose pas l’existence d’un original qui serait imité par de telles identités parodiques. Au fond, la parodie porte sur l’idée même d’original » p. 261. → définition du genre « Le genre consiste davantage en une identité tissée avec le temps par des fils ténus, posée dans un espace extérieur par une répétition stylisée d’actes »

Mais là où j’aime bien Butler, parce qu’elle va jusqu’au bout de son idée mais sans tomber dans l’extrémisme… Certes, il y a un poids sur l’individu car il doit imiter un original qui n’existe pas… « Le genre est aussi une norme que l’on ne parvient jamais entièrement à intérioriser ; l’ « intérieur » est une signification de surface et les normes de genre sont au bout du compte fantasmatiques, impossibles à incarner. »p. 265. Mais cette situation serait purement absurde, si Butler n’introduisait pas une dimension sociale : tout le monde y croit, y compris les acteurs. C’est une idée, tout à fait wittgensteinienne à mon sens, qui évite de remonter à l’infini la chaîne des pourquoi : à partir du moment où tout le monde comprend, ça suffit.

Parce que l’objectif de Butler est d’abord la tolérance (voir post suivant)

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[club] Judith Butler – Une idée intéressante jusqu’où?

[photopress:butler1.jpg,thumb,pp_image]Butler part d’une observation très pertinente : le féminisme est loin de faire l’unanimité parmi les femmes, les penseuses ne sont pas d’accord, certaines femmes mêmes refusent d’être féministes…Car en effet, le féminisme est le mouvement qui veut libérer les femmes. Mais de quelles femmes parle-t-on ? Est-on sûres qu’elles veulent toutes la même chose ?

Non, il y a celles qui veulent des enfants et celles qui n’en veulent pas…Celles qui veulent travailler et celles qui aiment cuisiner…Celles qui ont des orgasmes et celles qui en ont marre du sexe…celles qui aiment les hommes, celle qui n’en aime qu’un seul et celles qui préfèrent les femmes…Il y a les jane, les elizabeth, les bridjet, les ellen et plein d’autres encore…

Non, le féminisme ne sait pas de qui il parle, il n’a pas de sujet stable.

Là on est très contentes parce que depuis le début de notre bookclub c’est ce qu’on a pressenti, dit…C’est pour cela qu’on avait refusé de définir au préalable ce qu’était le féminisme pour ne pas s’empêcher de découvrir tout ce qu’il y avait de féminin, de favorable aux femmes dans les ouvrages que nous avons lus…Toujours nous nous sommes opposés au communautarisme et à la libération forcée…

Oui, mais maintenant Judith Butler va jusqu’au bout de cette idée…Elle déconstruit les théories féministes, psychanalytiques et anthropologiques qui entendent expliquer pourquoi les rapports entre les hommes et les femmes sont ce qu’ils sont… Elles reposent toutes (c’est l’objet de la seconde partie) sur un préjugé : l’hétérosexualité…Et tant qu’on reste dans l’hétérosexualité, on continue d’attribuer un genre à chaque individu et par là un rôle sexué…Et si on casse ce préjugé ???

Là est-ce qu’on est toujours d’accord ?

Moi oui.

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[club] Judith Butler – Remarques préalables

[photopress:troubledanslegenrepourunfeminismedelasubversion_gd.jpg,thumb,pp_image]Vocabulaire : « Il y a une difficulté particulière en France à admettre cette réflexion en raison même du vocabulaire. En français, vous ne disposez que d’un seul mot, «sexe», pour désigner à la fois une réalité anatomique et une réalité sociale: quand vous parlez de «différence des sexes», vous considérez qu’il s’agit d’une donnée naturelle et universelle, vous mélangez la biologie et la culture. Aux Etats-Unis, nous faisons la distinction, et nous employons le mot gender (genre) pour caractériser le vécu culturel et sociologique de chacun [la masculinité et la féminité]. Celui-ci peut ne pas correspondre au sexe de la personne (mâle ou femelle). Cette distinction entre sexe et genre est une spécificité importante de la sociologie américaine, mais aussi de l’anthropologie féministe: si on naît female (de sexe féminin), cela n’implique pas une destinée sociale de femme. Celle-ci résulte d’une acquisition progressive. «On ne naît pas femme, on le devient», écrivait justement Simone de Beauvoir. » Judith Buttler, L’Express, 6 juin 2005.

Un ouvrage difficile car il s’appuie sur des auteurs et des théories que je connais peu ou pas, mais très stimulant, qui incite à faire davantage de recherches ou de lectures.

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[bio] Elizabeth Barrett Browning

elizabethbarrettbrowningElizabeth Barrett naît en 1806 à Durham en Angleterre. Quatre éléments se détachent de sa biographie : une précocité intellectuelle, une maladie incurable, un père autoritaire et une passion amoureuse.


Une précocité intellectuelle. Elizabeth lit Shakespeare, Homère et Milton avant l’âge de dix ans et écrit à l’âge de douze ans un poème épique, The battle of Marathon, publié anonymement en 1819. D’autres recueils toujours anonymes suivent témoignant de ses progrès artistiques et intellectuels. Ses poèmes reflètent ses préoccupations métaphysiques et religieuses, mais aussi sa connaissance des classiques grecs et des idées des Lumières. Ce n’est qu’à l’âge de trente-deux ans qu’elle publiera sous son nom Le séraphin et autres poèmes. Les critiques lui seront dès lors toujours favorables et Elizabeth est reconnue par ses pairs, comme en témoigne son importante correspondance avec des personnalités de son temps, dont le poète William Wordsworth. La première publication des Poèmes en 1844 font d’elle l’un des poètes les plus connus du pays. L’ouvrage connaîtra par la suite trois rééditions en 1850, 1853 et 1856.


Une maladie incurable. En 1821, Elizabeth tombe malade et le médecin lui prescrit de l’opium. Ce remède et les séquelles de la maladie, ainsi que le chagrin causé par la mort de sa mère et de son frère, feront d’Elizabeth une femme à la santé fragile, souvent contrainte de garder la chambre.


Un père autoritaire, une passion amoureuse. Cette réclusion convient à son père, un homme autoritaire qui interdit à ses enfants de se marier. Aussi quand le poète Robert Browning décide de l’épouser en 1846 après plus d’un an de correspondance amoureuse, il doit le faire en secret avant de l’enlever en Italie. De cette histoire d’amour Elizabeth a tiré son œuvre la plus célèbre, les Sonnets portugais, publié en 1850. L’année précédente, la poétesse a donné naissance à un fils, Robert Wiedemann, après plusieurs fausses couches. Elle meurt à Florence en 1861.


Un engagement politique. Ses dix dernières années sont marquées par un intérêt important pour la politique italienne qui se retrouve dans ses œuvres qui dénonce l’oppression autrichienne : Les fenêtres de la Casa Guidi (1851), Poèmes d’avant le Congrès (1861). Ce dernier ouvrage a été mal accueilli en raison de son engagement.


Aurora Leigh


Rédaction et sujet. Aurora Leigh paraît en 1857. Ce roman en vers blancs (blank verses) raconte l’itinéraire d’une artiste, la narratrice éponyme, depuis sa naissance jusqu’à ses trente ans. Après la mort de sa mère italienne et de son père, Aurora, treize ans, est confiée à sa tante qui vit en Angleterre selon des principes stricts et traditionnels. A vingt ans, la jeune fille refuse la demande en mariage de son cousin Rommey car elle ne veut pas renoncer à sa vocation de poète. Elle parviendra en effet à se faire connaître dans le monde littéraire et finira par retrouver son promis.


Réception et féminisme. Le roman est peu remarqué par ses contemporains et semble voué à l’oubli face aux Sonnets portugais. Virginia Woolf cependant le distingue préfigurant l’intérêt que les féministes vont lui porter par la suite. Woolf voit en Aurora « with her passionate interest in the social questions, her conflict as artist and woman, her longing for knowledge and freedom, is the true daughter of her age ». Les féministes en effet saluent la dénonciation de la domination masculine dans la société victorienne et voient dans l’itinéraire d’Aurora une préfiguration de l’émancipation féminine
Elizabeth Barrett Browning n’a pourtant jamais revendiqué un engagement féministe : le roman se termine d’ailleurs par une célébration du mariage.


Bibliographie sélective :
Les sonnets portugais, Gallimard, « Poésie » n°281, 1994, 9782070328192, 7,60 €.
http://www.poemofquotes.com/elizabethbarrettbrowning/
Aurora Leigh, Penguin, « Adult paperback » , 2006, 9780140434125, 15 €
http://digital.library.upenn.edu/women/barrett/aurora/aurora.html


Pour aller plus loin :
http://www.online-literature.com/elizabeth-browning
http://www.victorianweb.org/authors/ebb/ebbio.html
http://www.florin.ms/ebbwebsite.html
http://www.poets.org/poet.php/prmPID/152 


Texte de Daisy, 03/05/09.

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[club] Mary Wollstonecraft – Aujourd’hui?

[photopress:200px_Marywollstonecraft.jpg,thumb,pp_image]Regardons les magazines féminin : horoscopes, mode et histoires d’amour et de conquêtes…Trois effets de l’ignorance ou l’on maintient les femmes selon Wollstonecraft dans le chapitre XIII.
Donc ou l’éducation égalitaire qu’elle prône n’est pas encore advenue (Il y a des études qui montrent que les parents et les professeurs se comportent différemment en fonction des sexes.)ou l’éducation égalitaire est advenue mais Wollstonecraft avait tort les femmes sont différentes par nature ou l’éducation égalitaire est partiellement advenue et il y a encore de nombreuses poches de résistance.

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[club] Mary Wollstonecraft – Parallèle avec Beauvoir

[photopress:wollstonecraft2.jpg,thumb,pp_image]On peut remarquer que les arguments sont très proches de ceux de Beauvoir. La thèse est la même : les hommes et les femmes ont une même raison et on ne doit donc pas faire de différence entre eux. Les différences que l’on peut remarquer ne sont pas naturelles mais sont le fruit de différences d’éducation justifiées par le fait que les femmes n’auraient pas la même raison.
De même Beauvoir soutient que les filles sont éduquées autrement, que les jeunes filles sont encouragées à rêver de robes et de princes, que les femmes feraient de meilleures mères si elles étaient libres.

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[club] Mary Wollstonecraft – Droits de l’homme, droits de la femme ?

[photopress:wollstonecraft3.jpg,thumb,pp_image]Le texte peut être rapproché de deux textes français contemporains : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) et la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (Olympe de Gouges, 1791).
On retrouve dans ce texte la même revendication à l’usage de la raison et à l’égalité des facultés à la base. De même Olympe de Gouge prétend améliorer non pas le sort des femmes mais celui de la société : « La garantie des droits de la femme est pour l’utilité de tous et non pour l’avantage de celle a qui elle est accordée ».
Dans cette perspective, les femmes sont considérées comme un groupe de personnes oppressés et réduites à la misère parmi d’autres groupes ainsi rabaissés (Tiers-Etat en 1789, puis plus tard les Noirs, les homosexuels etc.) et ces groupes n’aspirent qu’à se voir reconnaître les mêmes droits que le groupe dominant (Noblesse, Blancs, hommes, hétéros…)et donc à se fondre dans ce groupe…Les seules différences permises sont celles dues à une différence de mérites.
Maintenant, on peut remettre en cause l’universalité des droits de l’homme (en lui reprochant d’exclure une quantité de groupes) et réclamer des droits spécifiques en fonction de son groupe d’appartenance. Dans le cas des femmes, les arguments les plus souvent entendus sont :
– les femmes sont différentes car elles enfantent, et c’est indépassable.
– En n’accordant pas de droits spécifiques aux femmes, on se prive de comprendre le caractère spécifique de la violence faites aux femmes.
Maintenant, si on maintient que les femmes et les hommes sont différents par nature (enfantement, hormones, sensibilité…), je ne vois pas comment on peut revendiquer le même droit d’usage de la raison… Wollstonecraft est obligé de partir de là, sinon elle n’a aucune raison de réclamer un changement dans l’éducation donnée aux femmes…

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[club] Mary Wollstonecraft – Une comparaison étonnante

[photopress:Wollstonecraft4.jpg,thumb,pp_image]Un point me semble militer en faveur du féminisme incontestable de Wollstonecraft, voire la rapprocher de l’analyse que Butler fait aujourd’hui du genre : lorsqu’elle compare les femmes avec les officiers, elle montre que, quelque soit le sexe, une éducation à la séduction produit les mêmes effets, développe les mêmes vices. C’est donc que la différence corporelle, sexuelle, ne suffit pas à elle seule à former les caractères, mais que c’est l’éducation reçue qui influe sur la personnalité morale. Wollstonecraft se trouverait donc partisance d’une théorie de la différence sexuelle comme relevant de l’acquis et non de l’inné, ce qui la place près de l’idée selon laquelle le genre (rôle sexuel) ne découle pas nécessairement du sexe (caractéristique physique naturelle).