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[club] Kant – Sur la différences des sexes : Parentalité

[photopress:brassai_1.jpg,thumb,pp_image]Kant défend la virginité des femmes parce qu’elle est une assurance de la paternité (p.100-101). Une grande différence entre les sexes est en effet que l’enfant est porté par la femme… Cette peur des hommes face à l’incertitude de la paternité passe pour une des premières causes de l’oppression des femmes… Kant ne démentit pas ceci.

Là encore il y a un enjeu social (hérédité…). Cette fois il s’agit donc non pas de suivre la nature, mais de la corriger… Comme quoi l’argument de la nature ne vaut que quand il arrange…

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[club] Kant – Sur la différences des sexes : Famille et sexualité

[photopress:enfer_de_la_bnf.jpg,thumb,pp_image]On peut remarquer que le discours de Kant repose sur une certaine vision de la sexualité humaine et de la famille (développée notamment dans la Métaphysique des mœurs).

Kant pense une sexualité tournée uniquement vers la reproduction de l’espèce, et absolument pas sur le plaisir. D’où une justification de la différence des sexes par la propagation de l’espèce, et la mise en avant de la complémentarité des sexes dans la tenue du foyer et l’éducation des enfants.

Une telle sexualité implique en effet une famille unie.

De cette famille unie Kant déduit un modèle de société unie où les rôles sont distribués entre les hommes et les femmes. On pourrait lui retourner l’argumentaire de Moller Okin sur les gender-structured families…

Là encore on peut aussi noter un passage du naturel (sexualité biologique) au social…

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[club] Festival littéraire des Inrocks – Vers un féminisme pragmatique

[photopress:14_femmes.jpg,thumb,pp_image]Le 28 octobre, rencontre publique avec deux des auteurs de 14 femmes. Vers un féminisme pragmatique à 16h, au Théâtre de la Coline (Paris 20e) : Stéphanie Vincent, Joy Norman et François Bégaudeau ont débattu du féminisme aujourd’hui et de la manière dont une émancipation en acte est possible pour les femmes.

Tout d’abord, pourquoi un féminisme pragmatique? A cette question, les auteurs (Joy Norman et Stéphanie Vincent) ont répondu vouloir sortir des cadres d’une réflexion trop théorique, arrêtée sur une représentation idéale de l’émancipation féminine, pour montrer, au quotidien, ce que signifie « être libre » pour une femme. Réunissant le portrait de 14 femmes différentes dont les activités dérogent à la définition « traditionnelle » et étriquée de la femme, elles explorent les nouvelles conquêtes des femmes dans la société française. Ainsi, d’Eva Joly, juge et femme de tête, à Virginie Despentes, ces portraits donnent à voir comment être femme et assumer des qualités habituellement déclarées « viriles ».

[photopress:theatre_de_la_coline.jpg,thumb,pp_image]Au nombre de celles-ci, l’humour : l’usage qu’un(e) comique fait de son corps implique une part de ridicule mais aussi de vulgarité, d’obscénité – usage qu’on accepte rarement de la part d’un corps féminin. Pourtant, de plus en plus de femmes exercent le métier de comique aujourd’hui : est-ce à dire, comme le soutient François Bégaudeau, que nous vivons, depuis l’après-guerre, une période de libération du corps qui autorise ces nouvelles pratiques? Ou est-ce, plus simplement, l’héritage de la révolution sexuelle et des combats féministes menés pendant et après 68?

Reste que le féminisme doit, selon les auteurs de l’ouvrage, trouver une application concrète et ne pas rester dans la tour d’ivoire des discours. Et contre les diatribes victimaires et pessimistes, c’est un féminisme joyeux, centré sur les marges de progression d’une liberté toujours à conquérir, qu’elles s’orientent. – Un féminisme qui ne se revendique donc pas des derniers développements de la théorie queer, ni de la dichotomie femme-victime/homme-coupable, mais qui s’efforce de toujours placer au centre de ses discours le souci de l’ordinaire de tous et de toutes.

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[club] Kant – Sur la différences des sexes : Mariage

[photopress:sorolla_famille_rafael_errazuriz_1905.jpg,thumb,pp_image]Il me semble intéressant de signaler que ce thème est ici aussi présent. Il est difficile de parler des femmes et de la différence des sexes sans parler de mariage…

La femme s’affranchit par le mariage, tandis que l’homme y perd sa liberté (p. 101).

On peut remarquer que cette position est opposée à celui d’auteures que nous avons étudiées, notamment Moller Okin qui montrait comment le mariage rendait les femmes vulnérables. D’autres auteures nuanceraient le propose en ajoutant « si c’est un mariage d’amour ». C’est d’ailleurs à mon avis l’opinion de Kant quand on connaît ses vues sur le mariage.

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[club] Kant – Sur la différences des sexes : Sexe et genre : une faille dans l’argumentation?

[photopress:kant_1.jpg,thumb,pp_image]Kant semble refuser la différence entre le sexe et le genre. C’est une conséquence logique de la posture que j’ai décrite : il déduit tout de la nature, du biologique. Donc pour lui tous les attributs de la femme sont féminins et tous les attributs de l’homme sont masculins. Il y a une confusion entre le sexe et le genre. Ainsi, à la page 78 : C’est agir bien stupidement que d’exiger de la femme une force virile et de la mépriser parce qu’elle n’en possède pas, cela est aussi saugrenu que si un homme devait avoir de la féminité. Kant est donc pour une superposition sexe et genre, pour une différence incompressible entre les sexes.

Cependant Kant lui-même se contredit : l’homme qui se dispute avec son épouse ou la bat, on pourrait dire à son sujet qu’il est déjà lui-même une femme, car cette attitude ne sied absolument pas au caractère de l’homme (p. 82). Il y a des hommes qui battent leur femme. Il y a donc des hommes féminins… Il ne devrait pas y avoir d’hommes féminins, il devrait y avoir confusion entre le sexe et le genre. Là, Kant ne se situe plus dans le domaine des faits mais dans celui du devoir. Il n’est plus dans un état naturel des choses mais dans une société qui doit advenir… Cela me semble un argument contre son raisonnement qui s’appuie non sur le devoir mais sur la nature.

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[club] Kant – Sur la différences des sexes : Une argumentation basée sur la nature

[photopress:kant_diff__rence_sexes.jpg,thumb,pp_image]Kant commence par observer une différence physique entre les sexes. Et il déduit de celle-ci une justification morale et politique de la différence des sexes. Et je pense que l’on peut l’attaquer là-dessus.

Certes il n’introduit pas une hiérarchie entre les sexes : les femmes compensent leur infériorité physique par un « art » plus développé. Or étant donné que le sexe féminin ne possède pas autant de force que le masculin et doit néanmoins produire autant d’effet que celui-ci, autrement il pourrait ne pas avoir son compte et la nature lui eût fait du tort s’il n’était à égalité avec le sexe masculin- la nature donc, aura donné plus d’art au sexe féminin (p.74). Il y a une complémentarité des deux sexes. Les deux ont besoin l’un de l’autre. L’union véritable repose sur le manque de l’une des parties et sur la possession par l’autre de ce qui manque à la première (p.80).

Mais cette différence physique justifie une différence de rôle entre les hommes et les femmes. Là quand on parle d’une répartition des rôles on est dans la société, dans le politique…

En effet, il me semble que Kant déduit la complémentarité des rôles dans la société, de la complémentarité des deux sexes dans la reproduction. A la page 79, il explique que la nature a deux intentions en créant les sexes différents :
1) la propagation de l’espèce ;
2) l’avènement d’un ordre social.
Tout se passe comme si les deux allaient ensemble, or il me semble que non.

La nature me semble bien trop présente dans cet opuscule… En effet, on peut ajouter que Kant justifie ses propos en présentant comme une évidence une nature féminine jamais démontrée et remplie de préjugés : la femme comme séductrice, la femme comme ange, la femme craintive (pour protéger les fœtus !!!).

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[club] Susan Moller Okin – Justice, Gender and the Family : La famille idéalisée

[photopress:Famille_Stamaty_par_Ingres.jpg,thumb,pp_image] Susan Moller Okin remarque que la plupart des théoriciens de la justice sociale ont une vision idéalisée de la famille. Rawls y voit, par exemple, le lieu où l’enfant intègre la notion de justice, notion dont l’intellection est suscitée par les sentiments d’amour et de bienveillance mutuelle censés lier naturellement ses membres.

[photopress:okin.gif,thumb,pp_image]Deux problèmes se posent alors : d’abord, il est évident que toutes les familles sont loin de correspondre à un tel idéal, sans pour autant que les enfants qui en sont issus soient dépourvus de tout sens de ce qu’est la justice ; ensuite, cette définition de la genèse de la notion de justice chez Rawls semble aller totalement à l’encontre de ce qu’il dit, par ailleurs, de la manière dont conduire les individus à déterminer ce qui est juste dans une société, à savoir ce voile d’ignorance qui les oblige à adopter une vision objective et rationnelle de la distribution des biens devant être mise en place dans une société à construire.

Rationalité contre émotion : la justice relève-t-elle de la réflexion ou du sentiment? Dans tous les cas, la famille n’a rien à voir avec son développement, et ce n’est donc pas parce qu’une femme se consacrera à son rôle de mère qu’elle participera pour autant au maintien, dans la société, d’un bon niveau de justice interpersonnelle.

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[club] Susan Moller Okin – Justice, Gender and the Family : Traces des usages sexistes

[photopress:susan_moller_okin.jpg,thumb,pp_image]Au chapitre 6, Susan Moller Okin rapporte une remarque intéressante concernant la distinction des titres appliqués aux seules femmes : « He (Walzer) points out that the extent to which women are still designated and defined by their position within the family is symbolized by the continued use of the titles Miss and Mrs. The absence of universal title, he says, suggests the continued exclusion of women, or of many women, from the social universe ».

Une autre trace des usages sexistes contre lesquels les femmes se sont durement battues apparaît dans la règle perdurante de grammaire selon laquelle : « le masculin l’emporte ». Lorsqu’elle est expliquée à des étrangers (anglophones par exemple), cette règle se révèle explicitement sexiste. L’usage systématique du pronom personnel de la 3ème personne du singulier masculin (il, lui) est elle aussi symptômatique. Nos usages sont loin d’être neutres, et ceci est d’autant plus aberrant que toute autre forme d’usage de ce type, qui viserait à discriminer, par exemple, les « races » ou les classes sociales, serait immédiatement pointée du doigt comme discriminatoire et universellement condamnée – ce qui n’est jamais le cas pour les discriminations touchant les femmes.

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[club] Susan Moller Okin – Justice, Gender and the Family : Justices arithmétique et géométrique

[photopress:suffragettes.jpg,thumb,pp_image]Si l’on en remonte à Aristote, il faut faire une distinction entre la justice (arihmétique) qui réclame que chacun se voit distribué la même chose que tous les autres et celle (géométrique) qui dispense « à chacun selon » – son mérite, son talent etc. Je me suis donc demandée si la justice sociale dont traitent les auteurs incriminés par Moller Okin n’entendent pas la justice dans son acception géométrique (une « juste » répartition des tâches suivant ici le principe du : « à chacun selon son genre ») plutôt qu’arithmétique (les mêmes tâches et droits pour tous). Dès lors, l’organisation genrée de la société ne peut plus les choquer, ni constituer d’objection à leur théorie ; mais l’adoption du genre comme critère de distribution est, quant à lui, hautement problématique.

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[club] Susan Moller Okin – Justice, Gender and the Family : Les présupposés des théories de la justice sociale

[photopress:mollerokin.jpeg,thumb,pp_image]La question que pose Moller Okin dans ce volume est à la fois dérangeante et stimulante : les théoriciens de la justice sociale ont-ils pensé aux femmes? Ont-ils pris en compte les injustices qui leur sont faite? Et j’ai été stupéfaite de constater que j’étais moi-même passé à côté de cette évidence : ces théories ne peuvent s’appliquer dans une société genrée où les femmes sont, autant que les hommes, des individus. La « lutte des genres » est tout aussi importante que la lutte des classes – mais les différences de traitement infligé aux femmes ne sont pas considérées comme des injustices, au contraire des discriminations perpétrées à l’encontre des classes populaires, ou des immigrés, par exemple.

Pourquoi cet aveuglement? Tant que le sexisme ne sera pas universellement et explicitement reconnu comme injuste, tant qu’il s’articulera à des arguments selon lesquels une discrimination homme/femme est « naturelle », le problème continuera de se poser. On se permet plus facilement de plaisanter sur l’imbécilité des « blondes » que sur les idées reçues à l’encontre des juifs etc : cela suffit à valoir d’indicateur quant à l’évolution des mentalités.

Reste que, dans le cas présent, si les théoriciens de la justice sociale n’ont pas pris en compte la distinction des genres, c’est peut-être parce que la question qu’ils examinent naît d’abord de considérations économiques, donc de problèmes de classes, qui semblent, à première vue, n’avoir pas de rapport avec la question, plutôt sociologique, de la place de la femme dans la société. La solution serait peut-être de traiter le genre féminin comme une classe dont le niveau économique est nécessairement plus faible que celui de leur équivalent masculin – comme une sous-classe du niveau économique auquelle elles sont associées, en vertu de leur « lien » (dépendance?) à leur père ou leur époux.