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[club] Thérèse d’Avila – Vices et vertus au féminin

La vanité est souvent pointée du doigt comme un vice féminin de la part de Thérèse d’Avila, aussi indique-t-elle la perfection de la « modestie » de sa mère : « malgré sa beauté, elle ne donna jamais lieu de penser qu’elle en faisait quelque cas ».

Thérèse d’Avila confesse à de nombreuses reprises sa propre vanité, mais aussi ses attachements forts à des religieux et à des religieuses, qu’elle juge dangereux. S’agit-il de narcissisme, du désir de plaire ? Je trouve que le texte n’est pas toujours clair, comme si l’auteur voulait rester évasive…

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[club] Thérèse d’Avila – Le couvent, un destin féminin

Thérèse d’Avila met en garde les parents contre la tentation de placer leur fille dans un couvent pour les protéger du monde ; en effet, selon elle, le couvent est dix fois plus dangereux que le monde : le couvent est le lieu idéal pour « dissimuler » une vie dissolue. « Elles veulent fuir un monde pour s’engager au service du Seigneur et se tenir à l’écart des dangers d’ici-bas ; et au lieu d’un monde, elles en trouvent dix ».

Mais aussitôt après elle met sur le même plan hommes et femmes : « Quel malheur quand des communautés d’hommes ou de femmes, je ne distingue pas en ce moment, ne gardent plus la régularité ! » (p. 66).

Reste que le fait d’entrer au couvent était plus souvent réservé aux femmes qu’aux hommes, notamment, comme l’indique Thérèse d’Avila, quand aucun mariage satisfaisant (c’est-à-dire avec un homme de même rang ou de rang supérieur) ne pouvait être contracté.

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[club] Thérèse d’Avila – Différence hommes/femmes

La première chose qui me frappe à la lecture de cette Vie écrite par elle-même, c’est que Thérèse d’Avila, même si elle ne se sent pas l' »autorité » pour écrire, livre le récit de sa vie et de son parcours spirituel en évoquant assez peu la condition féminine.

Elle le fait lorsqu’elle parle de ses péchés, qui semblent plutôt attachés à la féminité (la vanité, la volonté de plaire…) et lorsqu’elle indique que, si elle changeait de couvent, elle devrait reprendre sa « dot » pour la donner au nouveau couvent.

Elle le fait aussi lorsqu’elle écrit n’être qu’une « simple femme » qui « n’a pas fait d’études » (p. 106) pour justifier son recours à une comparaison.

Pour le reste, je trouve que sa manière de parler de sa vocation (progressive) ne porte pas de trace d’une différence homme/femme: elle dresse un parallèle entre son parcours et celui de son frère, par exemple.

Au final, c’est comme si être une femme entraînait vers des vices spécifiques mais ne destinait pas à des vertus différentes des hommes.

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[club] Matthieu-Castellani – Réelle différence?

Y-a-t-il vraiment une différence des sexes ?

Ainsi Marguerite de Navarre semble nous montrer que les hommes et les femmes ont la même nature, faible et pécheresse. Elle le dit de deux manières :

p.93-94 La différence des sexes s’efface à plusieurs niveaux :

  • Les libertins proclament l’égal droit au plaisir.
  • Les hommes et les femmes sont aussi misérables sans la grâce.
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[club] Matthieu-Castellani – Réserves

Je suis gênée quand on parle de féminin et de masculin dans l’écriture… Qu’est-ce qu’on appelle féminin? N’est-ce pas des qualités que les stéréotypes attribuent généralement aux femmes? Je vois bien que Gisèle Matthieu-Castellani fait preuve de prudence, qu’elle précise qu’il y a du féminin chez les hommes… Mais pourquoi maintenir cette différence?.. En quoi l’oralité d’un discours serait plus féminin par exemple??

Je n’ai peut-être pas tout compris dans la démonstration. Il est vrai que je suis toujours gênée quand on cherche à définir le féminin en dehors d’un cadre biologique…

Je sais qu’il y a aussi un danger à proclamer l’égalité absolue des hommes et des femmes, que les points de vue peuvent être biaisés du fait de son sexe (de même que sa position sociale, âge etc), que le risque est aussi, puisque les hommes et les femmes sont égaux, de ne lire que les hommes, et pas les femmes… Tout de même, je suis contre le concept d’écriture féminine ou même de marques du féminin…Pourquoi ce bookclub me dira-t-on? Pourquoi étudier les femmes? Pour leur redonner la place que des préjugés sexistes leur ont refusées, par souci de justice. Pour prouver que les femmes savent écrire, peuvent écrire et être originales…

Mais je ne crois pas que cette problématique de l’originalité soit proprement féminine…Je pense que la problématique de l’originalité se trouve aussi chez les auteurs hommes à la Renaissance… La création artistique revient toujours à s’approprier un héritage et une technique, et à y apporter quelque chose de neuf… Et bien sûr ce quelque chose de neuf est fonction de qui on est, de son sexe mais pas seulement…. Ainsi je pense que le texte d’une femme sera plus proche de celui d’un homme ayant reçu la même éducation, ayant une histoires familiale semblable et vivant dans la même époque, la même culture, que de celui d’une femme d’une autre époque ayant vécu dans un autre pays et ayant reçu une autre éducation.

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[club] Matthieu-Castellani – Questions

J’ai relevé dans cet essai des questions intéressantes quand on s’intéresse aux questions de genre, d’égalité des sexes…

Comment penser la différence et l’égalité, comment penser deux sexes à la fois différents et égaux? La cosmologie de la Renaissance comme le remarque l’essai repose sur des hiérarchies entre des contraires (le haut et le bas, le chaud et le froid, le masculin et le féminin…)

Est-ce que les hommes et les femmes doivent avoir les mêmes fonctions, même s’ils sont égaux?

Qui défend le mieux la cause des femmes : les libertins qui leur donne droit au plaisir ou ceux qui proclament les femmes supérieures car plus vertueuses?

La quenouille, la lyre ou les deux? La femme est-elle fait pour le foyer et cela exclut-elle pour elle d’être poète? Peut-on à la fois être au foyer et poète?La femme peut-elle tenir le rôle social qu’on attend traditionnellement d’elle tout en étant aussi poète?

La femme peut-elle créer une poésie originale? Peut-elle créer?

Y-a-t-il des marques du féminin dans l’écriture?

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[club] Hélisenne de Crenne – Un parfum de Princesse de Clèves

En lisant Les Angoisses douloureuses qui procèdent d’amours, j’ai souvent eu à l’esprit La Princesse de Clèves sont trop savoir à quoi l’attribuer.

Les situations des deux héroïnes peuvent sembler proches : toutes deux sont mariées jeunes, à des hommes qu’elles aiment plus ou moins ; toutes deux tombent amoureuses, par coup de foudre, d’un jeune homme plutôt galant ; toutes deux sont découvertes par leur mari ; toutes deux finissent claustrées (Hélisenne, chez elle ; la Princesse de Clèves, dans un couvent).

Pourtant, dans un cas, la femme se refuse à celui qu’elle aime (la Princesse de Clèves) alors que, dans l’autre, elle le rechercher éperdument, presque malgré elle (Hélisenne) ; le mari de l’une succombe à sa jalousie en devenant colérique et menaçant (Hélisenne) quand le mari de l’autre flétrit et meurt d’amour déçu (la Princesse de Clèves).

Aussi la ressemblance entre ces deux oeuvres tient peut-être, davantage que dans leur trame narrative, dans le style et l’accent porté sur la voix et les sentiments féminins. Il s’agit d’un roman sensible, qui dissèque la psychologie de son héroïne comme le fait Mme de la Fayette dans la Princesse de Clèves. L’enjeu mis au coeur du roman (la tension entre désir et interdit) est, de plus, aussi présent chez l’une que chez l’autre auteur.

Je me risquerai donc à voir en ces deux romans des négatifs l’un de l’autre et ne penserai plus à la Princesse de Clèves sans penser à sa prédécesseur renaissante, Hélisenne de Crenne.

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[club] Hélisenne de Crenne – Rôles de l’homme et de la femme

Il arrive à Hélisenne de Crenne/Marguerite du Briet de commenter la distribution des rôles entre les sexes dans la société de son temps.

Ainsi, au chapitre XV, le religieux auquel l’héroïne se confesse lui dit : « les hommes libérallement se soubzmettent à amour, pensant n’estre dignes de répréhension, car entre eulx cela n’est estimé pour vice. Mais, au contraire, s’en vantent et glorifient, quand par leurs déceptions, faintises et adulations, ils ont circonvenu vostre sexe trop croiable, et d’escouter trop curieux ; ce qui vous doit estre exemple de n’estre si facile d’adjouster foy à leurs blandices. » – Les hommes n’ont donc rien à perdre au jeu amoureux, et les femmes, tout. La séduction a pour enjeu, pour la femme, la perte de sa réputation, donc de sa place dans la société.

Au chapitre XX, l’héroïne se plaint de sa condition féminine : « O trop ignare nature féminine, o dommageable pitié, comme nous sommes par parolles adulatoires, par souspirs et continuelles sollicitudes, et par faulx jurements déceues et circonvenues ». Le sexe féminin serait donc, selon l’auteur, ou tout du moins selon l’héroïne, faible et enclin à céder à la tentation.

Une dernière mention de la séparation des rôles sexuels et de la condition féminine est faite en conclusion du livre, lorsque la narratrice s’adresse aux lectrices, qui sont de « trèschères et honorées dames » : « nostre condition féminine n’est tant scientifique que naturellement sont les hommes. Et encore ne suis, ni ne veulx estre si présumptueuse que j’estime surmonter, ne seulement m’aparier à aucunes dames en science de litérature, car comme je croy, il y en a qui ont de si hault esprit douées, que elles composeroient en langiage trop plus élégant qui rendroit aux bénévoles lecteurs l’oeuvre plus acceptable. » Les femmes sont ainsi, selon elle, moins douées pour le savoir que les hommes – mais il existe des exceptions, ces Femmes illustres recensées par Boccace, auxquels pourtant la narratrice ne se compare pas.

Reste que le souhait final que formule l’héroïne est le suivant : « je suplie et requiers le souverain plasmateur qu’il vous octroye à toutes la continence (…), le conseil (…), la modestie (…), la constance (…), la pudicité (…), la sobriété (…) à fin que par les moyens de ces dons de grâce puissiez demourer franches et libres, sans que succombez en semblables inconvénients », c’est-à-dire dans les mêmes travers que ceux dans lesquels elle est elle-même tombée.

L’enjeu est donc pour l’auteur de rester libre (« franche » étant à prendre dans le même sens qu' »affranchie »), c’est-à-dire, ici, ne pas se soumettre aux folies d’un désir que la société juge coupable.

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[club] Hélisenne de Crenne – Roman psychologique et courtois

Il me semble que ce roman est vraiment à la charnière entre deux époques… Il me paraît plus qu’un roman courtois, car il explore beaucoup la psychologie des personnages. Ou alors j’ai une mauvaise représentation des romans courtois?

La femme est confrontée à un amour auquel elle ne peut ni renoncer ni céder. La problématique rappelle la Princesse de Clèves. L’intérêt c’est la focalisation interne….

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[club] Hélisenne de Crenne – Egalité et inégalité des sexes

L’homme et la femme sont égaux en ce qui concerne les passions : ils sont tous les deux aussi violemment touchés et autant victimes.

Cependant l’homme a les moyens de se distraire : l’amitié et la vie publique (chevalerie)