Nous recevons aujourd’hui Isabelle Rome. Magistrate, Isabelle Rome a récemment été nommée première Présidente de chambre à la cour d’appel de Versailles. On la connaît par ailleurs pour avoir été ministre chargée de l’égalité Femmes-Hommes, de la diversité et de l’égalité des chances de mai 2022 à juillet 2023.
L’ouvrage dont nous allons parler aujourd’hui n’est pas le premier qu’elle publie. Avant la Fin de l’impunité, Isabelle Rome a en effet écrit Vous êtes naïve, Madame la juge en 2012, Dans une prison de femmes : une juge en immersion, préfacé par Robert Badinter en 2014, Liberté, égalité, survie, chez Stock en 2020 et L’emprise et les violences au sein du couple chez Dalloz en 2021. Mais c’est pour parler de son action en faveur des femmes et de son dernier ouvrage, La fin de l’impunité, paru chez Stock en février dernier.
Un essai chez Stock : Moi aussi je pense donc je suis
Elodie Pinel a publié le 14 février un essai sur les femmes philosophes aux éditions Stock. Cet essai vise à nous faire découvrir des penseuses trop souvent oubliées des manuels scolaires et des amphithéâtres et à nous faire penser avec elles, quelque soit notre expérience de la philosophie, quelque soit notre genre, quelque soient nos opinions. Elle nous explique son projet dans notre épisode du 10 mars.
Un parcours autobiographique
Dans son essai, Elodie Pinel revient sur son parcours de philosophe. Elle remarque les femmes qui lui ont manqué : les enseignantes à l’université et les modèles dans les livres. Elle se demande pourquoi elle a cru abandonner la philosophie en ne devenant pas aussitôt professeure de philosophie. Elle témoigne de son combat pour l’égalité. Sa copie d’agrégation qui comportait autant de références à des philosophes femmes qu’à des philosophes hommes ne devrait pas être une exception.
Une enquête sur l’invisibilisation des femmes
Dans son essai, Elodie Pinel met en avant les procédés qui ont conduit à éliminer les femmes philosophes des manuels scolaires et des bancs de l’université. Elle ajoute que certains procédés sont encore à l’œuvre aujourd’hui : « en 2019, sur 84 noms de la liste des auteurs à étudier en classe de terminale, seuls 5 sont féminins. Hannah Arendt, Simone de Beauvoir, Simone Weil, Elizabeth Anscombe, Jeanne Hersch ont ainsi les honneurs du Conseil supérieur du programme«
Une (re)définition de la philosophie
Sa recherche de femmes philosophes conduit Elodie Pinel à s’interroger sur la définition de la philosophie. Si l’on en fait un métier lié à l’enseignement et à l’université, dont les femmes ont longtemps été exclues, on contribue à invisibiliser les femmes. Si l’on réduit la contribution des femmes à leur féminisme, on en fait des militantes plus que des penseuses ou des références.
Et si on lisait ces femmes au lieu de disserter sur leur genre?
Lauraine Meyer, Tiphaine Hubert et Marie-Caroline Haddad sont françaises et vivent aux Pays-Bas. Féministes, elles ont créé, pour les deux premières, le bookclub féministe Les poilues et, pour la dernière, le média féministe Francine à vélo.
Nous les avons interviewé toutes les trois pour savoir ce que veut dire être féministe, ici et ailleurs et où en sont les Pays-Bas dans l’égalité hommes-femmes.
Saviez-vous qu’il y avait en Egypte au début du XXème des autrices qui écrivaient en français ? Nous ne le savions pas avant de rencontrer les travaux d’Élodie Gaden, invitée dans notre podcast. Elle nous fait découvrir des autrices oubliées parmi lesquelles Valentine de Saint-Point, Jehan d’Ivray, Alice Poulleau, Out-el-Kouloub…
Elodie Gaden, notre invitée
Elodie Gaden est agrégée de Lettres Modernes et titulaire d’un doctorat en littérature de l’Université de Grenoble. Elle a soutenu en 2013 une thèse intitulée “Ecrits littéraires de femmes en Egypte francophone : la femme « nouvelle » de 1897-1961”, publiée chez Classiques Garnier en 2019, et elle a aussi publié Valentine de Saint-Point. Des feux de l’avant-garde à l’appel de l’Orient aux Presses universitaires de Rennes en 2019 également. Elle est actuellement chargée de mission d’inspection en lettres dans l’académie de Versailles. Elle est également formatrice académique sur les questions d’égalité filles/garçons et de lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
sous la direction d’Élodie Gaden et Paul-André Claudel, Valentine de Saint-Point. Des feux de l’avant-garde à l’appel de l’Orient, Presses universitaires de Rennes, 2018.
Jehan d’Ivray, Au cœur du harem, Presses universitaires de Saint Etienne, 2011.
Jennifer Tamas nous invite ainsi à retourner aux textes. En effet, ce qu’on croit savoir sur les classiques nous vient souvent d’un manuel, d’une critique ou d’une autre œuvre. Quelle version du Petit Chaperon Rouge a-t-on lu? A-t-on fini Andromaque de Racine ou se souvient-on surtout des peintures qui la représentent implorant Pyrrhus? Parle-t-on de la Princesse de Clèves ou de la lecture de Philippe Sollers?
Souvent des stéréotypes sexistes nous détournent des héroïnes et de leur bravoure. On voit en Andromaque une veuve noire et en la Princesse de Clèves une femme frigide au lieu de remarquer qu’elles sont des héroïnes du non. Jennifer Tamas nous invite ainsi à libérer les classiques du regard masculin.
Jennifer Tamas invitée de notre podcast
Jennifer Tamas a répondu à nos questions et nous a permis de réaliser un épisode passionnant où se mêlent réflexion sur le rôle de la littérature, interrogation sur sa transmission et mise en évidence de notre vision faussée de l’Ancien Régime.
Merci à Jennifer Tamas et à nos auditeurices !
Pour aller plus loin :
Comptes de Jennifer Tamas : @JennTamas (Twitter) ; @jenntams (Instagramm)
Cécile Chabaud est romancière. Professeure de français, elle a signé d’abord un ouvrage sur le métier d’enseignant Tu fais quoi dans la vie ? Prof ! en 2021. Rachilde: homme de lettres est son deuxième livre ; il a déjà été suivi par un autre roman, Indigne, paru cette année et soutenu haut et fort notamment par Gérard Collard.
C’est pour parler de Rachilde, cette figure trop peu connue et fascinante du XIXe siècle littéraire, que nous l’avons invitée aujourd’hui.
Nous recevons aujourd’hui Maud Ventura pour son premier roman Mon Mari paru chez L’iconoclaste en 2021 et sorti en poche cette année.
Maud Ventura est romancière. Diplômée en philosophie à l’ENS de Lyon et en management à HEC, c’est une passionnée de littérature dont les lectures ont nourri l’écriture. Elle a travaillé ces dernières années dans le secteur du podcast, que ce soit pour Radio France ou NRJ, et s’est particulièrement penchée sur la question des relations amoureuses.
Nous sommes ravies de l’accueillir aujourd’hui pour parler de son premier roman au succès retentissant qui a été la 4e meilleure vente pour un premier roman en 2021.
Dominique Ancelet-Netter a occupé la fonction de Maître de conférences en littérature à la faculté des lettres de l’Institut Catholique de Paris. Chercheuse en littérature, elle est spécialiste du Moyen Âge mais aussi de Paul Bourget.
Après avoir lu notre essai Pour en finir avec la passion (co-écrit avec Sarah Delale, Amsterdam, 2023), elle nous a contactées pour nous conseiller de lire Paul Bourget.
Cela nous a bien sûr surprises : pourquoi lire un écrivain oublié et réactionnaire quand on s’intéresse à la condition féminine et au féminisme?
Mais la lecture de quelques textes de Paul Bourget (disponibles sur Gallica ) nous a convaincues d’inviter Dominique Ancelet-Netter dans notre podcast.
Caroline Granier est enseignante en lycée, normalienne, agrégée et docteure en Lettres modernes. Elle a soutenu sa thèse de doctorat en 2003 à l’Université Paris-VIII : “Nous sommes des briseurs de formules » : les écrivains anarchistes en France à la fin du dix-neuvième siècle”. Elle est publiée en 2008 aux éditions Ressouvenances. C’est dans cette même maison d’éditions que Caroline Granier a publié deux ouvrages qui nous intéressent aujourd’hui : À armes égales. Les femmes armées dans les romans policiers contemporains, en 2018 et En quête d’héroïnes en 2022.
Caroline Granier nous explique pourquoi elle s’intéresse aux polars en féministes.
Puis nous parlons victimes, criminelles et héroïnes…
« J’ai vu dans ces héroïnes l’antidote à des siècles de littérature classique qui ont décliné le récit de la défaite des femmes, qu’elles soient fragiles ou victimes, vaincues ou assassinées, corruptrices ou fatales » (Caroline Granier, À armes égales, p. 12)
Caroline Granier, À armes égales. Les femmes armées dans les romans policiers contemporains (Ressouvenances, 2018) et En quête d’héroïnes ( Ressouvenances, 2022).
Azélie Fayolle est chercheuse en littérature, postdoctorante à l’Université Libre de Bruxelles et agrégée de lettres modernes.
Sa thèse Ernest Renan : savoirs de la nature et pensée de l’histoire vient d’être publiée chez Honoré Champion.
Son projet FNRS, « Femmes, nature, discours », est consacré à l’étude des féminismes du XIXe siècle, à l’idée de nature et au statut discursif des textes protéiformes des féministes et à leurs styles.
Un grain de lettres
Elle anime depuis 5 ans la chaîne Youtube “Un grain de lettres “où on cause de littérature, le plus souvent, de féminismes, régulièrement, de lectures, et surtout ce que ça fait, à ce moment-là, de …” . Les vidéos sont toujours improvisées.
Une phrase clé : “Le feminist gaze fait le lien entre le regard des féministes sur le monde, et sa réalisation dans leurs oeuvres”(p. 33)
“Les romans à male gaze oeuvrent activement pour créer et entrenir une connivence masculine et viriliste, un immense boys’club se tapant sur l’épaule dans les bordels et se saluant de texte en texte” (p. 133)