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[club] Hildegarde de Bingen – La place du corps

Je trouve très intéressant de remarquer que Hildegarde accorde de l’importance au corps, et s’oppose au dualisme, en particulier contre les cathares. Elle n’a pas de sujet tabou : elle parle de stérilité masculine, de règles.

Elle casse donc complètement le mythe d’un Moyen-Age obscur.

Elle casse également l’image de la contemplative, pur esprit. Elle est la preuve que l’on peut être intellectuelle et tenir compte du corps.

Hildegarde a forgé le concept de Viridité ou puissance de vie, et je pense qu’elle a compris que la vie chez l’être humain passe par un équilibre corps/esprit. Je pense en effet qu’on ne peut pas s’intéresser à la vie, sans intéresser au corps, et à tout ce qu’il comprend. L’œuvre d’Hildegarde illustre bien cela.

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[club] Hildegarde de Bingen – Enfin reconnue?

Hildegarde vient d’être canonisée et sera nommée docteure de l’Eglise en octobre 2012. On peut y voir une reconnaissance, une preuve que les femmes ont une place dans l’Eglise. Cependant, je ne pense pas qu’il faille se montrer trop enthousiasme. Je pense tout d’abord qu’Hildegarde appartenant à un passé lointain, il est facile d’en faire un peu ce qu’on veut. De plus, lorsque je lis que Benoit XVI souligne qu’Hildegarde s’en prend à ceux qui veulent modifier les structures de l’Eglise, je repense à la façon dont Georges Duby explique l’apparition du culte de Marie et de nombreuses saintes au Moyen-âge.  » Prendre pour porte- parole de l’idéologie ecclésiastique des figures féminines présentait un double avantage. C’était rallier cette moitié du peuple fidèle dont l’Eglise ne s’était pas souciée et dont on mesurait mieux maintenant le poids ». C’était surtout mettre en scène des personnages naturellement passifs sur quoi pouvaient être imprimés fortement les principes d’une soumission que l’on attendait de tous les laïcs » (p. 72 Mâle Moyen-Age)

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[club] Hildegarde de Bingen – Question de la création

Hildegarde comme Thérèse nous amène à nous interroger sur la création littéraire.

Hildegarde semble refuser la maternité de son œuvre. Tout se passe comme si elle n’était l’auteure de rien. Tout vient de la « lumière sereine », elle n’est qu’un « misérable vase d’argile » (p.84). Elle n’est que la bouche et la main de Dieu. On retrouve la même modestie que chez Thérèse d’Avila.

Certaines féministes aujourd’hui y voient une stratégie pour obtenir de l’autorité. En tant qu’elle-même, elle n’aurait pas été écoutée. Cela me rappelle ces auteures de la Renaissance qui appelaient l’autorité de Platon, de Montaigne

Je pense qu’il faut nuancer l’argument de la stratégie, car Hildegarde est croyante. Elle croit donc sincèrement écrire ce que Dieu veut, tout comme Thérèse. Il y a une place, je crois, pour une réflexion sur l’inspiration. Hildegarde est inspirée par sa foi.

Il y a cependant une œuvre plus discrète où elle est auteure : elle ne fait pas qu’y retransmettre ses visions. Ses traités de médecine sont également plus personnels…

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[club] Béguines – Pourquoi les béguines furent persécutées ?

Silvana Panciera rappelle que « le mouvement béguinal va être considéré comme suspect », et ceci dès le XIIIe (autour des années 1230). Une des béguines à avoir été condamnée au bûcher fut Marguerite Porete, originaire de Valenciennes, jugée hérétique à cause des thèses développées dans son ouvrage Le Miroir des âmes simples et anéanties d’amour. Elle fut la première d’une longue lignée de béguines persécutées au XIVe siècle : l’Inquisition les spolia ainsi de leurs biens, comme il avait été fait avec les Templiers au début du XIVe siècle. Silvana Panciera indique que beaucoup de béguinages sont convertis en petits couvents, par exemple augustiniens, au XVe siècle. Aujourd’hui, il n’existe plus de béguines, même si les béguinages ont persisté en Belgique jusqu’au XXe siècle (en nombre très restreint).

Pourquoi cette persécution ? Etait-ce liée à la liberté de ces femmes ? Menaçaient-elles l’ordre social établi ? Silvana Panciera met en avant que c’est la conception de la nature humaine, selon laquelle « l’extrême sainteté » peut être trouvée dans cette vie. Il n’est en effet jamais question, dans les procès d’Inquisition, du fait que ces béguines soient des femmes. Ainsi, le livre de Marguerite Porete fut jugé par des théologiens de la Sorbonne sans qu’il leur soit précisé qu’il était l’oeuvre d’une femme. Il ne me semble donc pas que le sexe des béguines soit en cause dans leur condamnation.

En revanche, en tant qu’elles étaient à la fois dissidentes de l’Eglise et qu’elles acquéraient un pouvoir spirituel sur des sujets royaux ou de seigneurs, elles constituaient une menace à la fois pour le pouvoir temporel et spirituel. Rois, seigneurs et Papauté avaient donc tout intérêt à s’associer pour les faire rentrer dans le rang.

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[club] Béguines – Condamnées à l’oubli

Une fois encore nous rencontrons ici des femmes avec une pensée originale, qui ont produit des réalisations concrètes et talentueuses mais qui sont peu connues, oubliées.

J’ai ainsi souvent entendu parler de Maître Eckhart, mais je ne me rappelle pas qu’on m’ait dit qu’il fréquentait le béguinage de Cologne…

Pourquoi ?

Une nouvelle fois on ne peut pas s’empêcher de penser que c’est parce que ce sont des hommes qui ont écrit l’histoire…

De plus on peut avancer que les béguines posent à l’Eglise catholique des questions dérangeantes : rôle des femmes, de la hiérarchie, de la pauvreté, du travail…

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[club] Béguines – Le béguinage, le premier féminisme ?

L’ouvrage de Silvana Panciera indique que les béguines ont parfois été considérées comme constituant « le premier mouvement féministe » de l’Histoire (p. 24). Est-ce tout à fait le cas ?

Si on définit le féminisme comme la défense de l’égalité en droits des hommes et des femmes au nom du primat de la nature humaine sur toutes les différences, quelle que soit la borne que l’on mette à ces différences, on peut dire que les béguines étaient féministes, car vivaient conformément à cette idée d’égalité de droits, et ne l’étaient pas parce qu’elles n’avaient pas une démarche de revendication. Le béguinage n’est en effet pas si dissident que cela : son apparition serait lié à une surpopulation féminine (p. 27) et à la volonté des seigneurs de promouvoir des mouvements spirituels nouveaux. L’indépendance vis-à-vis de l’Eglise se présentait comme l’affirmation, par un comté ou un royaume, d’une autorité du pouvoir temporel égale à celle du pouvoir spirituel, détenu par le Pape. Une des grandes dirigeantes à promouvoir le béguinage fut ainsi Jeanne de Constantinople, duchesse de Hainaut.

Mais en arrivant à Jeanne de Constantinople, ne revient-on pas à une démarche féministe, puisqu’il s’agit, là encore, d’une femme ayant voulu affirmer son indépendance ?

Reste que les béguines avaient bien souvent des confesseurs hommes, appartenant soit à l’ordre dominicain soit à l’ordre franciscain, et restaient en cela soumises à l’Eglise pour une partie de leur vie spirituelle.

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[club] Béguines – Ni épouses ni moniales

Le mouvement des béguines est très original en ce qu’il se situe à la fois hors de l’Eglise et hors de la société, tout en entretenant des liens étroits avec ces deux entités. Hors de l’Eglise parce que les béguines prononçaient un seul voeu, celui d’être béguine, et que leur statut n’était pas celui de moniale à proprement parler. Hors de la société parce qu’elles échappaient au mariage en décidant d’être béguines, ou bien au remariage lorsqu’elles étaient veuves. Ce statut « hors de l’Eglise » impliquait qu’elles n’étaient pas cloîtrées, comme l’ouvrage l’indique p. 23 ; elles pouvaient donc faire partie de la société, mais d’une manière nouvelle, en vivant de leur travail au sein d’un hôpital ou en dispensant un enseignement par exemple.

Nous allons un exemple d’indépendance financière et sociale de la femme assez inédite, tant pour le Moyen Age que jusqu’au XIXe siècle.

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[club] Béguines – Féminisme et socialisme

Je trouve que une nouvelle fois dans notre bookclub nous avons ici un lien entre féminisme (au sens de refus de l’exploitation des femmes par les hommes) et socialisme (au sens de refus de l’exploitation des riches par les pauvres).  On l’avait vu chez Simone de Beauvoir, Clara Zetkins, Rosa Luxemburg notamment.

Les béguines en effet permettent aux femmes d’être indépendantes des hommes mais aussi aux jeunes filles sans dot de vivre une vie religieuse. C’est un mouvement qui s’oppose à la hiérarchie masculine et économique de l’Eglise.

Je pense qu’on est dans un désir (très christique) d’égalité, et plus d’égalité sert toujours et aux femmes et aux classes défavorisées.

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(club) Thérèse d’Avila – Une réussite patiente

Sainte Thérèse ne renonce jamais à son projet, ne concède jamais, mais elle a toujours le souci d’obtenir l’approbation de ses supérieurs. Elle est prête à attendre pour cela. Elle ne veut pas créer une secte ; elle réussit là ou Luther a échoué. Elle ne veut pas être celle par qui le scandale arrive. Patience, diplomatie, persévérance, confiance en son projet me semblent caractériser sa démarche. On pourrait lui reprocher d’être trop prudente, trop servile ; mais je trouve qu’elle ne concède rien d’essentiel et que sa méthode est plutôt intelligente et efficace.

C’est peut-être un exemple à suivre pour modifier la société en faveur des femmes. Ou l’Eglise catholique…

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[club] Thérèse d’Avila – Une femme qui s’impose

Thérèse toute sa vie s’est opposé aux hommes : son père, le Pape, les prêtres, la branche masculine du Carmel, l’Inquisition. Et elle a gagné avant de mourir sa réforme est acceptée. Elle est de plus la première femme docteure de l’Eglise.

Cependant Thérèse défend un rôle spécifiquement féminin. Stratégie et concession aux préjugés du temps à mon avis. Cf. mes posts précédents