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[club] Kristeva – Du genre à l’individu

kristeva 3Dans les nombreux articcles qui composent cet ouvrage revient la notion d’individu. En effet, que ce soit à travers le concept de « l’âme », auquel le monde contemporain n’accorderait plus de crédit et qu’il aurait dépouillé de son sens (« L’âme et l’image ») ou à travers l’idée de l’individualisation de la cure psychanalytique (« A quoi bon les psychanalystes »), on relève un souci de l’auteur pour l’individu et sa différence.

Concernant la question des femmes, ce prisme réapparaît dans le dernier article, « Le temps des femmes », où une définition du groupe des femmes, transgénérationnelle et transnationale, est recherchée. Une des questions soulevée par cet article est la suivante : comment penser l’unité du groupe des femmes ? En quoi l’existence de ce groupe permet de déterminer les limites d’une identité féminine ?

Citant l’exemple du socialisme (comme étape vers le communisme dans le marxisme-léninisme), elle remarque que l’identité d’Homme y prime sur l’identité féminine au nom de l’idéal égalitaire. Dès lors, les problèmes pratiques d’inégalité sociale et politique sont résolus ; les femmes « s’identifient » alors aux instruments de pouvoir dont on les charge et ne renouvellent en rien son exercice, faisant preuve ainsi de conformisme (p. 318). Faisant de ce conformisme la condition nécessaire, mais non suffisante, d’une conversion au terrorisme, Kristeva affirme dans ses dernières phrases le primat de l’individu : le féminisme « arrivera-t-il à se défaire de sa croyance en La Femme, Son Pouvoir, Son Ecriture, pour faire apparaître la singularité de chaque femme, ses multiplicités, ses langages pluriels (…)? » (p. 327).

Mais est-ce que l’atomisation du groupe des femmes n’entraîne pas l’impossibilité de toute action collective, de tout changement réel ?

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[club] Théroigne de Méricourt – La lutte des femmes ?

theroigne-de-mericourt (1)J’ai été surprise de lire l’avis d’E. Roudinesco sur le féminisme en fin d’ouvrage : « Je n’ai pas eu besoin d’être « féministe », toutes les femmes de mon enfance l’ont été à ma place. Heureusement. La lutte des femmes est terminée. La Révolution est finie. »

A mon sens, la lutte des femmes est toujours à recommencer (droit à l’IVG menacé…) et la Révolution n’a fait qu’un premier pas en 1789 (ses acquis sont de plus en plus menacés).

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[club] Théroigne de Méricourt – Un exemple de sublimation

theroigneIl est frappant dans le cas de Théroigne que sa « folie » apparaît avec la déception : quand elle ne croit plus en la révolution, quand elle est arrêtée, elle sombre. Comme si l’action politique et révolutionnaire l’avait en quelque sorte protégée de la folie.
On peut bien sûr répondre que de toutes façons elle aurait fini par sombrer.

C’est peut-être aussi un moyen de la faire oublier (voir poste précédent). Je pense que Théroigne était effectivement mélancolique, qu’elle avait une fragilité psychologique comme on dirait aujourd’hui et qu’on a su la pousser à bout.

Je pense aussi que son engagement politique l’a effectivement aidé. C’est un moyen de sublimation.

Bien sûr il ne guérit pas comme une cure psychanalytique, et sitôt le moyen de sublimation enlevé il y a une rechute.

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[club] Théroigne de Méricourt – Portraits d’une femme

theroigne-de-mericourtThéroigne de Méricourt est une personne fascinante car sa personnalité présente plusieurs facettes : elle fut une paysanne s’élevant socialement grâce à ses charmes (même si sa réputation fut plus sulfureuse que sa vie), une égérie de la Révolution française passionnée de politique, et une aliénée. Elle réunit en une seule femme les types de la courtisane (dont l’archétype pourrait être Ninon de Lenclos), de la révolutionnaire (on pense à Olympe de Gouges) et de l’hystérique (Anna O. et consoeurs).

Ce qui fascine, c’est la coexistence de ces différentes facettes en une seule personne : comment penser la cohérence de cette personnalité ? Si elle ne fut pas si courtisane que cela, puisque la rente qu’elle touchait d’un vieux prétendant ayant été acquise sans contrepartie charnelle, elle s’est bien prise de passion pour les idées révolutionnaires et a participé à plusieurs coups d’éclat. Sa folie non plus n’est pas feinte. Le trait commun de toutes ces activités n’est donc pas une exubérance gratuite.

Des hypothèses ?

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[club] Théroigne de Méricourt – La folie, un argument contre les femmes?

folieL’ouvrage nous fait réfléchir : à quel point Théroigne était-elle folle? La folie n’est-elle pas un argument facile contre les femmes qui dérangent? C’est un moyen de les écarter, de ne pas les prendre au sérieux, de ne surtout pas s’attarder sur leur cascomme l’ont fait beaucoup d’historiens de la Révolution. De même la diffamation dont sont victimes Marie-Antoinette, Madame Roland et Olympe de Gouge est une manière de les punir pour ne pas être restées à leur place de femme (p.156-57).

On peut parfois se demander à quel point les hystériques de Freud était-elle hystérique. Dans une société patriarcale qui souhaite le rester, il est préférable d’appeler hystérique ou névrosée la femme qui revendique sa liberté ou ses ambitions… Le cas de Théroigne nous ramène au cas de Dora. Dora aussi était une jeune fille qui dérangeait 1) ses parents par les secrets qu’elle savait 2) Freud parce qu’elle ne voulait pas de sa cure 3) la psychanalyse parce qu’elle pointait des faiblesses de la théorie et des erreurs de Freud.

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[club] Théroigne de Méricourt – Féministe sans y penser

0379Théroigne peut passer pour une activiste féministe. Cependant, elle n’a pas de projet féministe. p.59 : « Théroigne de Méricourt n’est pas une théoricienne active et réfléchie du premier féminisme. Mais elle l’incarne spontanément dans la mesure où elle prend conscience de sa situation de femme en même temps qu’elle revendique sa liberté en l’associant au projet égalitaire de la Révolution ».

Dans ce bookclub, nous nous sommes toujours demandés ce que signifiait être féministe. Théroigne propose une définition très intéressante et très simple : c’est revendiquer pour les femmes la même liberté que les hommes face à un constat d’injustice.

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[club] Dolto – La liturgie orthodoxe

Francoise-Dolto-La-vie-d-une-femme-libre_imagePanoramique500_220Dolto a adopté la religion orthodoxe qui était celle de son mari, Boris Dolto. Ce qu’elle en dit reflète son souci d’égalité entre femmes et hommes : « Dans la liturgie orthodoxe, l’homme et la femme sont à égalité dans leur valeur de sujet, tant devant Dieu que devant la loi. (…) Les orthodoxes disent (…) si des gens divorcent, cela prouve qu’ils n’étaient pas mariés puisque le mariage est indissoluble. » Le chapitre conclut sur le fait qu’en découvrant la liturgie orthodoxe, Dolto a découvert « une autre manière de penser, d’être en relation avec l’autre, de le comprendre » : cela me semble définir assez bien ses innovations thérapeutiques.

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[club] Dolto – D’une génération à l’autre

Carlos (Jean), Catherine, Franoise, GrŽgoire Archives DoltoDolto livre la vision des femmes qu’avait sa mère : « Pour elles, les femmes n’étaient bonnes qu’à être les servantes des hommes. Et c’était déjà bien beau d’avoir l’honneur d’élever les enfants des hommes. » D’une génération à l’autre, cette vision change : pour Dolto, l’amitié entre les sexes peut exister (cela était impensable pour sa mère), les femmes peuvent travailler, les relations conjugales sont pensées sur un pied d’égalité.

La vision de la femme comme servante de l’homme transparaît également lorsque Dolto évoque le « jour des cocons » pendant  lequel les groupe de polytechniciens dont faisaient partie son père « étaient supposés cocufier leur femme »… Mais Dolto pense comme sa mère, que ce ne fut pas le cas de son père… A l’intérieur de son propre couple, on trouve le même détachement : elle ne cherche pas à savoir où a son mari quand il ne rentre pas le soir et ne se soucie pas de savoir s’il la trompe ou pas – ce qui l’étonne, lui. Mais cette fois, c’est au nom de l’indépendance des époux que ce détachement est adopté, non en raison d’une idée d’asservissement de la femme à l’homme ou de confiance (aveugle en l’occurrence?) en l’autre.

Enfin, selon la mère de Dolto, une « fille passant le bac n’était plus mariable » : elle essaya donc d’empêcher sa fille de passer son bac. Ses essais échouèrent puisque le père intercéda auprès d’une commission statuant sur la recevabilité des candidatures : entre les deux parents de Dolto, le père était plus progressiste que la mère…

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[club] Dolto – Mère et fille

0639.0003.05Le cas de Dolto montre importance de la relation mère-fille, que Freud avait ignorée

La relation complexe qui la lie à sa mère est centrale dans sa biographie et dans sa psychanalyse. Sa mère lui reprochait la mort de sa soeur ainée, mais aussi de réussir, d’être différente d’elle. Elle a été l’obstacle principale dans sa carrière et dans son développement psychique. Mais Françoise l’aimait.

Dans son oeuvre, Dolto a aussi montré le rôle essentiel de la mère, de la parole de la mère qui permet au bébé de ne pas en rester au niveau du ressenti corporel.

En bonus : Des videos de Dolto sur le site éducation de Francetv, http://education.francetv.fr/

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[club] Dolto – La nécessité d’un métier

13151-psychanalyse-doltoFrançoise Dolto explique qu’elle a très tôt compris qu’elle devait avoir un métier. Elle a observé les femmes veuves après la première guerre mondiale qui n’avaient pas de métier et qui sombraient dans la folie. Pour elle travailler est une nécessité et pas seulement pour des raisons économiques, mais pour des raisons de santé.
Cette explication de Dolto me paraît répondre à la question récurrente : pourquoi n’y a-t-il pu des hystériques comme au temps de Freud? Peut-être grâce à la psychanalyse. peut-être grâce à la libération sexuelle. Mais sûrement grâce au travail des femmes. Les patientes de Freud n’avaient pas de métier.
Autre point frappant : la détermination de Françoise Dolto. Convaincue de la nécessité d’un métier, ayant choisi son métier, elle ne renonce pas, elle insiste, résiste, s’oppose à ses parents.