Dans l’article « Le temps des femmes », J. Kristeva indique que la nouvelle génération des féministes, celles d’après 68, ont quitté le champ des luttes contre les inégalités, qui auraient été remportées, pour investir celui d’une recherche d’identité qui passe par la production et l’élucidation des symboles, notamment par le biais de la littérature.
J. Kristeva s’interroge sur les raisons de ce choix massif de l’écriture littéraire par les femmes : « est-ce parce que (…) elle déploie un savoir et parfois la vérité sur un univers refoulé, secret, inconscient? » (p. 325). Il s’agirait là d’un substitut à la cure analytique puisque la femme écrivain sortirait du refoulement par la parole, une parole construite et rendue publique.
Je me demande quant à moi si cette focalisation de Kristeva sur la littérature n’est pas un peu exagérée : elle parle des femmes plasticiennes plus haut, évoque le cas des sciences humaines (psychanalyse?)… Ne voit-on pas le même investissement féminin dans le cinéma, la musique, la politique ? En quoi la littérature serait-elle un « truc de filles » ? J’avoue ne pas saisir l’efficacité de son argumentation sur ce point.