Ce roman en son temps a été jugé immoral et scandaleux. Pourtant Madame de Mortsauf demeure fidèle, l’adultère n’est pas consommé… Pourquoi donc est-il jugé si durement ? Parce que Madame de Mortsauf est un personnage ambiguë : au fond elle regrette sa vertu, et même si elle ne succombe pas elle désire Félix.
Madame de Mortsauf est au premier abord ce que l’on attend d’une femme : épouse, mère et chrétienne. Elle ne semble connaître que l’amour maternel pensé sur le modèle marial. Elle s’étonne qu’Arabelle fasse passer son amant avant ses enfants, qu’elle puisse aimer sans être mère. Cependant, elle aussi lorsque que, jalouse de lady Dudley, elle se découvre amoureuse, devient insensible aux caresses de ses enfants. Elle l’avoue dans sa lettre d’adieu : « Je me sentis plus mère qu’à demi ». C’est en effet le message porté par le personnage de la comtesse de Mortsauf : la maternité est insuffisante à combler les femmes, insuffisante à les définir. Ainsi la comtesse, bien que mère de deux enfants n’est pas encore une femme : « Quoiqu’elle fut mère de deux enfants, je n’ai jamais rencontré dans son sexe personne de plus jeune fille qu’elle ». C’est en cela qu’elle a mon avis scandaleuse, bien plus scandaleuse qu’Arabelle.