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[club] Le lys dans la vallée – Désir refoulé / Un roman scandaleux

le lysCe roman en son temps a été jugé immoral et scandaleux. Pourtant Madame de Mortsauf demeure fidèle, l’adultère n’est pas consommé… Pourquoi donc est-il jugé si durement ? Parce que Madame de Mortsauf est un personnage ambiguë : au fond elle regrette sa vertu, et même si elle ne succombe pas elle désire Félix.

Madame de Mortsauf est au premier abord ce que l’on attend d’une femme : épouse, mère et chrétienne. Elle ne semble connaître que l’amour maternel pensé sur le modèle marial. Elle s’étonne qu’Arabelle fasse passer son amant avant ses enfants, qu’elle puisse aimer sans être mère. Cependant, elle aussi lorsque que, jalouse de lady Dudley, elle se découvre amoureuse, devient insensible aux caresses de ses enfants. Elle l’avoue dans sa lettre d’adieu : « Je me sentis plus mère qu’à demi ». C’est en effet le message porté par le personnage de la comtesse de Mortsauf : la maternité est insuffisante à combler les femmes, insuffisante à les définir. Ainsi la comtesse, bien que mère de deux enfants n’est pas encore une femme : « Quoiqu’elle fut mère de deux enfants, je n’ai jamais rencontré dans son sexe personne de plus jeune fille qu’elle ». C’est en cela qu’elle a mon avis scandaleuse, bien plus scandaleuse qu’Arabelle.

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[club] Sabina Spielrein : une méthode dangereuse

spielrein2Jung devient l’amant de Sabina. Il tombe dans le piège de sa dangereuse méthode ou plus exactement, à mon avis, il abuse de la faiblesse de sa patiente et du transfert. Il me semble que, parce que le cas permet la rencontre de Freud et Jung, ainsi que des avancées, on n’insiste pas assez sur la faute de Jung. Il abuse de sa patiente.

Dans le film de Cronenberg, Sabina est présentée comme co-responsable de la liaison, elle apparaît séductrice, elle invite Jung dans son appartement, le relance quand il s’éloigne… Or il n’y a pas d’égalité entre l’analyste et la patiente : il aurait dû se méfier du transfert… Il aurait dû savoir que ses poses ou remarques séductrices faisaient partie ou du traitement ou de la maladie. Une seule circonstance atténuante pour Jung : nous sommes dans les débuts de la psychanalyse, il n’avait pas encore tout à fait conscience de ce qu’est le transfert. Aujourd’hui un tel comportement est inacceptable.

D’autre part, et cela le film le montre bien, quand des rumeurs éclatent, Freud se range du côté de Jung. D’office, il classe Sabina parmi les affabulatrices, les malades… Comme si le manque de déontologie de l’analyste n’était pas possible. Cela bien sûr nous renvoie à Dora… Il n’y avait pas dans ce cas de faute de Freud, mais il n’a pas pris en considération que Dora était une victime d’abus sexuels… Il y a ici, à mon avis, le poids d’un préjugé : Eve, la femme tentatrice, la femme coupable.

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[club] Sabina Spielrein : le travail de John Kerr

sabina-spielrein-familleLe travail de John Kerr dans A most dangerous method présente à mon avis trois aspects:

– présentation d’un cas celui de Sabina S., qui va permettre la rencontre de Freud et Jung et permettre à la psychanalyse de progresser.
– Mettre en avant les dangers du transfert/contre-transfert.
– Faire connaître Sabina Spielrein.

Il me paraît intéressant de s’attarder sur les deux derniers points.

Un précédent post montre déjà l’importance du destin de Sabina Spielrein, véritable héroïne, il me reste donc à me concentrer sur les dangers du transfert/ contre-transfert.

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[club] Sabine Splierein – Articles de Mireille Cifali

freud jung sabinaVoici les liens vers les articles, dont certains sont consultables en ligne, de Mireille Cifali sur Sabina Spielrein :

Sabina Spielrein in Genf, in Spielrein S., Ausgewahlte Schriften, Berlin, Brinkmann und Bose, 1986, 255-258

Une femme dans la psychanalyse, Sabina Spielrein : un autre portrait, Le Bloc-Notes de la psychanalyse, n° 8, Genève, 1988, 253-265

Sabina Spielrein : a woman psychoanalyst : another picture, Journal of Analytical Psycholgy, n° 46, 2001, 129-138.

 

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[club] Sabina Spielrein – Pensée de la destruction et mystique de l’anéantissement

a dangerous methodCela relève peut-être, dans mon cas, de la monomanie, mais j’ai cru remarqué dans les propos de Sabina Spielrein sur la destruction, l’humilité, le péché et la dialectique de la négativité de nombreux traits communs avec la doctrine mystique de Marguerite Porete, qui place l’anéantissement de la volonté comme condition de l’élévation de l’âme vers Dieu.

Dans les deux cas, la recherche de l’humiliation au nom de la supériorité morale pour l’une, psychique pour l’autre, de l’humilité se présente comme une méthode (dangereuse?) pour avancer, pour devenir.

Dans les deux cas, le péché n’est pas dénié mais son existence est acceptée et même assumée comme la seule façon de se connaître et de s’élever, de grandir.

Il me faudrait approfondir cette idée en lisant dans le détail le texte de Spielrein, La destruction comme cause du devenir, mais je souhaitais déjà indiquer cette piste.

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[club] Sabina Spielrein – « Vous avez toujours été un catalyseur »

AVT2_Spielrein_8929« Vous avez toujours été un catalyseur » : telle est la réplique qu’adresse Carl Jung à Sabine Splierein dans A dangerous Method de John Carpenter, inspiré par la pièce The talking cure de Christopher Hampton.

Un catalyseur, elle le fut à au moins deux titres pour la théorie psychanalytique : ses idées sur la « destruction comme cause de devenir » ont conduit Freud à formuler l’idée de pulsion de mort ; sa relation avec Jung a amené Freud, comme Jung, a approfondi leur réflexion sur la dynamique du transfert et du contre-transfert.

Si l’on va plus loin, et que l’on prend cette phrase dans un sens emblématique, n’est-ce pas en effet le rôle du psychanalyste que d’être un « catalyseur » ? Il l’est comme objet de transfert, dans le cadre de la cure, et même parfois comme bouc-émissaire, dans le cas de Freud pour la société viennoise de son temps, dans le cas de Jung pour Freud, concernant la vision de l’être humain et de ce qu’il peut être.

Ainsi, lorsque Jung dit à Splierein qu’elle est a toujours été un catalyseur, il l’adoube en quelque sorte en tant que psychanalyste….

 

 

 

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[club] Sabina Splierein – La femme, rien que la femme, toute la femme en psychanalyse

Sabina_SpilreinLe cas Sabina Splierein est exemplaire pour notre réflexion sur les rapports entre femmes et psychanalyse. En effet, d’abord patiente, celle-ci, soignée par Jung, devient à son tour analyste.

Bien sûr le cas n’est pas unique : Marie Bonaparte a été analysée par Freud puis a ouvert un cabinet, par exemple.  De plus, il y a là plutôt une règle qu’une exception : pour devenir analyste, il faut avoir été analysé. Mais nous sommes, avec Sabina Splierein, aux tous débuts de la psychanalyse : Carl Jung était psychiatre avant de devenir psychanalyste, il a été praticien avant d’être analysé.

Ce qui est intéressant dans le cas de Sabina Splierein, c’est que ce n’est pas n’importe quelle patiente : sa pathologie est la matrice (féminine, si on ose dire), de la psychanalyse, l’hystérie. La profondeur de sa réflexion sur le désir de mort et le principe de destruction, qui amèneront Freud à formuler l’idée de la pulsion de mort, est aussi spectaculaire que ses symptômes. Son choix de soigner des enfants délinquants par la psychanalyse lorsqu’elle reviendra vivre en Russie, sa capacité à surmonter le transfert vis-à-vis du Dr Jung en se mariant et en fondant une famille, font d’elle une femme hors du commun.

Le tragique de sa mort (juive, elle est exécutée par les nazis en 1942 avec ses deux filles) en font, selon moi, une héroïne (méconnue) de la psychanalyse et du XXe siècle.

 

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[club] Kristeva – Rôle positif des hystériques

julia kristeva 3Kristeva souligne le rôle positif des hystériques qui ont fait progresser la psychanalyse parce qu’elles ont suscité un contre-transfert chez leur analyste (p. 107). Il est agréable de voir les hystériques réhabilitées.
Mais tout de même n’est-ce pas une façon un peu facile d’excuser le manque d’éthique de certains psychanalystes et le fait qu’ils ont ignoré le contre transfert?

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[club] Kristeva – Freudisme et féminisme

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Kristeva montre ici clairement, en particulier dans le chapitre « Le temps des femmes » que le freudisme n’est pas l’ennemi du féminisme.
Au contraire, le freudisme peut devenir la base théorique du féminisme. « Ce n’est plus dans une recherche d’égalité que le combat s’engage désormais. Il revendique la différence, la spécificité. Il faut pour ce combat abandonner le socialisme, pour le freudisme », p. 311
Le freudisme démontrant la différence des sexes, ce féminisme ne pourra pas être universaliste, mais essentialiste. Kristeva se range ainsi aux côtés de ce qu’elle nomme une troisième génération de féministe, celles qui accepte la différence des sexes.

La différence des sexes en psychanalyses n’induit pas de hiérarchie, de supériorité de l’un sur l’autre mais des différences à respecter.
Ainsi dans la première partie, Kristeva dit que les hystériques peuvent être des deux sexes. Le refus de la castration est le refus de l’autre sexe. La castration ne concerne pas que les femmes : chaque sexe doit renoncer à être l’autre sexe.
Le freudisme accuse les féministes universalistes de refuser la castration, c’est à dire la différence des sexes.

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[club] Kristeva – Logique de libération et d’ascèse

julia_kristeva2Je relève un passage de l’article « Le temps des femmes » : « lorsqu’une femme est trop brutalement écartée ; lorsqu’elle resssent ses affects de femme ou sa condition d’être social ignorés par un discours et un pouvoir en exercice (…) elle peut, par contre-investissement de cette violence subie, s’en faire l’agent « possédé ». Elle combat sa frustration avec des armes qui paraissent disproportionnées mais qui ne le sont pas par rapport à la souffrance narcissique d’où elles s’originent. (…) cette violence terroriste se donne comme programme de libération un ordre plus répressif, plus sacrificiel encore que celui qu’elle combat. »

Ce passage m’a fait penser aux béguines qui, parce qu’on leur refusait l’entrée au couvent, ont institué des communautés spirituelles où les règles de vie étaient plus soucieuses de la vertu que bien des couvents féminins de l’époque, avec ascèse et mortification pour certaines, voir réclusion volontaire et perpétuelle.

La même logique aura-t-elle toujours été à l’oeuvre dans l’histoire de l’émancipation féminine ? Est-ce là qu’il faut voir une constante dans l’identité des femmes – ou plutôt : dans l’identité humaine ? Car en quoi ce type de comportement est-il proprement féminin ?