Indiana et Mme Bovary ont en commun une figure féminine qui n’a pas l’air à sa place. L’incipit d’Indiana est très éloquent sur ce point : il me rappelle tant le Lys dans la vallée et les longues soirées passées par Félix chez Mme de Mortsauf que la soirée au coin du feu qui verra le destin de la fille de la Femme de trente ans changer, dans le roman du même nom. Dans Mme Bovary, l’ennui est plus diffus, il est présent dès la jeunesse d’Emma dans la ferme familiale, lors de sa visite à la nourrice, dans tous ses actes pour le conjurer (enivrement du bal, liaison avec Rodolphe, achats compulsifs, nouvelle liaison…). On a le sentiment que l’ennui est strictement domestique dans Indiana et plus métaphysique, plus général, dans Mme Bovary – ce qui pourrait expliquer la fertilité de la figure d’Emma, transposable dans beaucoup de situations (je pense par exemple à l’adaptation en bande dessinée, puis en film, intitulée Gemma Bovery, où Emma, ce n’est pas elle, c’est lui).
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Une réponse sur « [club] Sand & Flaubert – Retour aux sources : L’ennui domestique »
Dans notre prochaine discussion, nous verrons les raisons plus théoriques de l’ennui chez les femmes au foyer. Mais il est vrai qu’en ce qui concerne Emma, les choses semblent remonter à son enfance. Ainsi elle commence par s’investir dans la dévotion à son arrivée, mais très vite va s’en lasser… Pour Indiana, il y a clairement un avant et un après son mariage. Emma se lasse de la religion, de son mari, de sa fille, de ses amants, de pleurer ses amants… Rien ne parvient à l’intéresser.