L’introduction de Jean-Charles Huchet attire notre attention sur le fait que les chants des femmes ressemblent à ceux des hommes, ils n’ont pas la modernité qu’on a voulu leur prêter. De plus, elle invite à ne pas trop s’interroger sur le sexe biologique des auteurs et d’inclure tous les textes énoncés au féminin dans le corpus des trobairitz.
Cela peut au premier abord sembler décevant, mais je pense au contraire que c’est très positif : c’est la preuve que le sexe de l’auteur ne compte pas vraiment.
On se rapproche en fait de l’argument de Virginia Woolf dans A room of one’s own, chapitre 6 : « Perhaps a mind that is purely masculine cannot create, any more than a mind that is purely feminine, I thought. But it would he well to test what one meant by man-womanly, and conversely by woman-manly, by pausing and looking at a book or two.”
Une réponse sur « [club] Trobairitz – Féminin-masculin »
J’ai eu la même réaction que toi tout d’abord mais ma « déception », comme tu l’indiques, ne s’est pas éteinte pour autant…
En effet, ce qui est intéressant, ce n’est pas tant de savoir s’il existe une spécificité féminine dans l’écriture que de découvrir les preuves que des femmes ont voulu écrire et ont réussi à le faire, malgré les embûches rencontrées sur leur route. Ce qui est intéressant aussi dans des recueils tels que Voix de femmes au Moyen Age, c’est de leur donner maintenant une publicité qu’elles n’ont plus depuis longtemps voire qu’elles n’ont, parfois, jamais eu de leur vivant. C’est réparer les erreurs de l’Histoire, ré-écrire l’Histoire.
Alors oui, je suis déçue de ne pas savoir quels poèmes sont ceux d’une femme parce que j’aimerais pouvoir rendre honneur à celles qui ont eu l’audace d’écrire autrefois, et je suis en même temps contente qu’on ne puisse pas trancher franchement la question d’une attribution féminine ou masculine parce que cela prouve que les talents sont les mêmes. Les deux éléments vont dans le sens de l’égalité hommes/femmes.