L’ouvrage nous fait réfléchir : à quel point Théroigne était-elle folle? La folie n’est-elle pas un argument facile contre les femmes qui dérangent? C’est un moyen de les écarter, de ne pas les prendre au sérieux, de ne surtout pas s’attarder sur leur cascomme l’ont fait beaucoup d’historiens de la Révolution. De même la diffamation dont sont victimes Marie-Antoinette, Madame Roland et Olympe de Gouge est une manière de les punir pour ne pas être restées à leur place de femme (p.156-57).
On peut parfois se demander à quel point les hystériques de Freud était-elle hystérique. Dans une société patriarcale qui souhaite le rester, il est préférable d’appeler hystérique ou névrosée la femme qui revendique sa liberté ou ses ambitions… Le cas de Théroigne nous ramène au cas de Dora. Dora aussi était une jeune fille qui dérangeait 1) ses parents par les secrets qu’elle savait 2) Freud parce qu’elle ne voulait pas de sa cure 3) la psychanalyse parce qu’elle pointait des faiblesses de la théorie et des erreurs de Freud.
Une réponse sur « [club] Théroigne de Méricourt – La folie, un argument contre les femmes? »
Théroigne a été internée sur demande de son frère qui déclare qu’elle souffre de délire de persécution… en pleine Terreur ! Une femme qui lui ressemble par son parcours et son action, Olympe de Gouges, vient après tout d’être guillotinée… Peut-on qualifier de « délire » la méfiance d’une révolutionnaire en un temps de répression ? E. Roudinesco mène l’analyse d’une lettre de Théroigne où elle montre la présence d’un délire : les propos en sont décousus, deux logiques contradictoires s’y cotoient… Est-ce assez pour conclure au « délire », terme très lourd, dès les premiers temps de l’arrestation de 1794 ?
Ensuite, on peut penser que c’est l’enfermement qui rend fou.
Je te rejoins donc sur le doute que tu soulèves.