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[club] Simenon – La recluse

LA-NUIT-DU-CARREFOUR-1932Betty et La nuit du carrefour nous proposent deux figures de la recluse : dans le premier cas, Elizabeth est enfermée dans une vie conjugale et familial dans laquelle elle étouffe, dans le second cas Else semble être enfermée par son frère parce qu’il serait fou, et est en effet enfermée par son mari parce qu’elle est « dangereuse ». Les deux femmes cherchent à s’évader de leur cadre de vie étriqué, l’une par l’alcool et l’adultère, l’autre par de petits trafic via une association de malfaiteurs (ses voisins). Dans les deux cas, les maris sont de bonne foi mais aveugles quant aux souffrances qu’ils infligent à leur épouse, à l’inadéquation entre ces femmes et le type de vie qu’ils leur proposent de mener.

Le regard du narrateur n’est pas le même d’un roman à l’autre : dans Betty, le narrateur semble plutôt complaisant envers les comportements « déviants » du personnage principal. Elle attire la compassion du lecteur (elle est recueillie par Laure, qui dit d’elle « c’est une malheureuse »), et même son absence d’amour maternel est traité avec psychologie, à l’inverse de ce qui se passe dans Mme Bovary. Dans La nuit du carrefour, Else est désignée comme la criminelle, qui trompe son monde, sur laquelle on ne peut se fier. Pourtant, dans les deux cas, ces femmes profitent de leur mari et de leur pouvoir de séduction en général pour s’en tirer (voir la fin de Betty : « Elle avait gagné »).

Elles présentent donc toutes les deux des figures, plutôt proches, de la recluse, au sens propre ou figuré, ce en quoi elles rappellent à la fois Emma Bovary ou Thérèse Desqueyroux.

2 réponses sur « [club] Simenon – La recluse »

Oui, cela m’a étonné on n’a dans les deux cas un mari qui veut sauver son épouse et qui n’y parvient pas. Guy et Carl semblent cependant attendre trop de leurs épouses. Il y a un déterminisme très fort chez Simenon : Else ne peut pas tourner le dos à la délinquance, Betty renoncer à une sexualité compulsive ou à l’alcool.

Betty me fait penser à Thérèse Desqueyroux sauf qu’elle prend en main son destin, en volant Mario à Laure elle remonte la pente. On peut bien sûr moralement la condamner, mais il faut remarquer qu’elle ne se laisse pas abattre.

Oui, il est dit de Betty à un moment: « Elle n’est pas une victime ». Et c’est ce qui fait, je crois, l’intérêt du personnage – et du livre.

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