Melanie Klein a apporté plusieurs idées nouvelles à la psychanalyse des enfants, notamment l’idée de la cure par le jeu et celle de la fonction du transfert négatif, mais aussi celle de la cure comme processus éducatif normal.
Là où Freud, avec des adultes, utilise la libre association, le discours libre, Klein a recours, avec les enfants, au jeu. C’est à travers le jeu que l’enfant transforme ses sentiments, peurs, fantasmes, en histoires ou en micro-situations. Et n’est-ce pas là, en quelque sorte, le laboratoire de toute création artistique qui ne soit pas un pur divertissement, c’est-à-dire qui ne cherche pas appliquer des recettes pour plaire à un public rangé d’avance dans une catégorie étriquée ?
De plus, elle accepte de ne pas inspirer d’emblée la confiance à l’enfant analysé mais de provoquer son rejet. Le tout est d’entendre et de comprendre ce rejet, ce refus de coopérer. Cela me semble une attitude beaucoup plus honnête que la volonté d’inspirer confiance dès le début : la confiance se construit, vouloir l’initier le plus tôt possible expose à forcer des traits, à se grimer ou à se rogner, d’où à construire une relation (analytique) sur le mensonge, un mensonge que la cure passera son temps à déconstruire… Autant affronter le problème dès le début et montrer, à travers cela, qu’un refus n’est pas la fin d’une relation mais une étape nécessaire à sa construction.
Enfin, il peut sembler extrême de préconiser la cure pour tout enfant, même celui qui ne présente aucun problème, mais après tout n’est-ce pas la démarche que mène les écrivains du moi comme Montaigne (cité par MKlein sur le jeu enfantin) par exemple ? Certes, ils sont adultes, et mènent une démarche d’autoanalyse. Mais je me demande dans quelle mesure tous les ouvrages d’éducation d’aujourd’hui nous exhortant à comprendre les émotions des enfants n’entrent pas dans cette ligne d’une cure l’air de rien auprès d’enfants sans problème, d’une cure comme instrument d’éducation et qui est à penser comme préventive plutôt que comme curative.
Une réponse sur « [club] Melanie Klein – Apports à la psychanalyse »
Oui, la prévention est à la mode aujourd’hui en éducation, mais je me demande ce qu’il y a derrière. Un vrai souci de l’enfant? Les angoisses des adultes? La quête de l’enfant parfait? La peur d’être désigné responsable si l’enfant a des problèmes ensuite? Et que veut-on prévenir exactement : des problèmes? l’anormalité?
Le problème aussi je pense c’est que des personnes qui ne sont ni psychologues ni psychanalystes, les parents ou les enseignants posent des diagnostics sans en avoir le droit… Je pense bien sûr à la fameuse hyperactivité… Comme s’il y avait un problème à chaque fois qu’un enfant n’agit pas comme on voudrait… Comme si la cure/ le traitement pouvait nous dispenser de les éduquer.
Ce n’est pas parce qu’on envoie un enfant en analyse qu’il se mettra miraculeusement à manger des légumes, ranger sa chambre et étudier bien à l’école!