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[club] Karen Joy Fowlet – The Jane Austen Book Club : Le problème des happy ends

Ce qui m’a dérangé dans The Jane Austen Book Club, c’est que les « happy end » s’enchaînent les unes après les autres dans l’épilogue et semblent tomber de nulle part. La leçon tirée des romans de Jane Austen, c’est l’exaltation du couple entendu comme seule façon de se réaliser, d’atteindre une forme de complétude. La devise tirée de toute l’oeuvre d’Austen porte sur cette vision « gentille » des relations sentimentales : « The mere habit of learning to love is the thing » – devise qui discrédite d’emblée tout discours sur la chose, toute théorisation et toute critique (donc toute prise de recul). La seule manière de régler ses problèmes sentimentaux consiste dès lors à fusionner avec une fiction pour en ressusciter la fin heureuse – recette plus magique que pragmatique, et assez peu convaincante, au final. Recette passive et non active, qui plus est.
L’un des personnages du roman (je ne sais plus lequel) se demande à un moment s’il est possible à un personnage de fiction de vivre une fin heureuse sans qu’il s’en aperçoive. Cela me semble dénote d’une vision extrême et trop fermée de la fin heureuse, à savoir d’une apogée finale et explosive de joie débordante (qui se penserait presque sur le mode de l’orgasme…). La fin heureuse est la fin heureuse pour le roman, qui l’achève convenablement, qui en dit la vérité, qui respecte les exigences de départ, qui offre la solution appropriée au problème posé en ouverture. Le « happy end » au sens où l’entend le personnage qui pose cette question est en fait une mesure de rhétorique, une garantie d’efficacité de la narration : pour être diverti et consolé, le spectateur a besoin de s’identifier puis de trouver, dans le dénouement heureux de la fiction, une délivrance cathartique de ses prpres problèmes. Mas cela n’a rien à voir avec la cohérence interne à un récit : il est cohérent que Madame Bovary se finisse sur le suicide d’Emma. Ce n’est pas un « happy end », mais c’est la fin qu’il faut, la seule véritable. C’est une fin heureuse au roman qu’est Madame Bovary.
L’association systématique du happy end avec la rencontre amoureuse me semble elle aussi décevante (une relation ne se borne pas à ses débuts, qui ne sont qu’une promesse dont on ignore encore le contenu exact). S’en tenir à une rencontre amoureuse comme « happy end », c’est encore une fois fuir les exigences de la réalité pour construire une fiction rassurante, qui élude ce qui fait les difficultés (et l’intérêt) des relations humaines.
Au final, je suis donc contre le recours systématique aux « happy end »…

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