Je ne sais rien de la réputation d’Isadora dans le monde de la danse mais je sais que son nom n’était jamais arrivé à mes oreilles avant le film récent qui met en image sa vie telle qu’elle la raconte dans son autobiographie.
Du film La Danseuse, on a malheureusement surtout retenu qu’il était le premier d’une « fille de » et d’une chanteuse (castée pour jouer la danseuse, c’est peut-être un trait d’ironie de la réalisatrice, qui sait ?). Fonctionnera-t-il, dans le temps, comme une pièce dans l’entreprise de réhabilitation d’une femme majeure dans l’histoire de son art, comme dans celle de l’émancipation des femmes, à l’image du Camille Claudel de Nuytten en 1987 pour la sculptrice éponyme ? C’était une biographie de Camille qui avait été à l’origine, en partie, de l’idée du film, ainsi que la volonté d’une actrice et de son compagnon réalisateur. Concernant La Danseuse, c’est le texte composé par Isadora elle-même qui a permis l’écriture du film, porté là encore par une femme, la réalisation Stéphanie di Giusto.
D’où une question : n’y a-t-il que les femmes pour s’intéresser aux figures-clés de leur émancipation dans le domaine des arts ? Ce n’est pas le cas en histoire des idées, où les grandes figures féminines sont souvent étudiées tant par les hommes que par les femmes (je pense à Claire d’Assise étudiée par Jacques Dalarun, Catherine de Sienne par André Vauchez, ceci pour le seul Moyen Âge). Comment comprendre ce désintérêt masculin pour la question de l’émancipation du créateur lorsqu’il est une femme ? Est-ce la perpétuation de la disqualification du droit des femmes à créer ?
2 réponses sur « [club] Isadora Duncan – Du livre au film »
Isadora Duncan est super connue dans le monde de la danse. Le film La danseuse traite surtout de Loie Fuller, moins connue. Mais il est très romancé et j’ai lu beaucoup de critiques car il édulcorait voir niait l’homosexualité de Loie Fuller. De plus, il invente un personnage masculin (joué par Gabriel Ulliel) comme si ce n’était pas possible d’avoir une distribution uniquement féminine. Donc je dirais que ce film est plutôt l’exemple d’une femme qui minimise l’importance des femmes…
Oui c’est vrai qu’Isadora est jouée par Lily-Rose Depp et n’ a pas le rôle-clé… La perspective adoptée n’est en effet pas la même que dans Camille Claudel.