En lisant Les Angoisses douloureuses qui procèdent d’amours, j’ai souvent eu à l’esprit La Princesse de Clèves sont trop savoir à quoi l’attribuer.
Les situations des deux héroïnes peuvent sembler proches : toutes deux sont mariées jeunes, à des hommes qu’elles aiment plus ou moins ; toutes deux tombent amoureuses, par coup de foudre, d’un jeune homme plutôt galant ; toutes deux sont découvertes par leur mari ; toutes deux finissent claustrées (Hélisenne, chez elle ; la Princesse de Clèves, dans un couvent).
Pourtant, dans un cas, la femme se refuse à celui qu’elle aime (la Princesse de Clèves) alors que, dans l’autre, elle le rechercher éperdument, presque malgré elle (Hélisenne) ; le mari de l’une succombe à sa jalousie en devenant colérique et menaçant (Hélisenne) quand le mari de l’autre flétrit et meurt d’amour déçu (la Princesse de Clèves).
Aussi la ressemblance entre ces deux oeuvres tient peut-être, davantage que dans leur trame narrative, dans le style et l’accent porté sur la voix et les sentiments féminins. Il s’agit d’un roman sensible, qui dissèque la psychologie de son héroïne comme le fait Mme de la Fayette dans la Princesse de Clèves. L’enjeu mis au coeur du roman (la tension entre désir et interdit) est, de plus, aussi présent chez l’une que chez l’autre auteur.
Je me risquerai donc à voir en ces deux romans des négatifs l’un de l’autre et ne penserai plus à la Princesse de Clèves sans penser à sa prédécesseur renaissante, Hélisenne de Crenne.