La première question que j’aimerais soulever porte sur le sérieux du livre. Je n’ai aucun jugement pré-conçu sur Elisabeth Badinter, mais je reste un peu circonspecte à l’issue de la lecture de Fausse route. L’auteur se sert de résultats d’enquêtes sociologiques et discute les conclusions qui en ont été tirées. Elle veut montrer que ces conclusions sont solidaires d’une lecture des faits qui n’a rien d’objective, car serait celle d’une victimisation de la femme et d’une diabolisation de l’homme. Présenté comem cela, le féminisme semble en effet ne pas être une posture intellectuelle très pertinente (s’il s’agit juste de se plaindre…) ; mais n’est-ce pas un constat qui a encore cours, dans des tas d’autres cultures et sociétés que la notre? Peut-on nier que les rapports hommes-femmes ont longtemps été conduits selon un impératif de domination, à l’avantage de l’homme et au désavantage de la femme? Nul ne remet en cause l’idée selon laquelle la société occidentale a fonctionné (et fonctionne encore un peu) sur le mode du patriarcat. Alors pourquoi crier au délire quand on pointe un certain rapport de domination? Et peut-il encore y avoir féminisme sans ce constat de départ?
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