Je trouve le dispositif mis en place dans The Age of Innocence particulièrement original, du point de vue de notre problématique, car c’est bien un personnage masculin qui se sent révolté par la manière dont la société américaine comprime la liberté féminine, alors même que l’auteur est une femme. La figure de la liberté féminine qu’incarne Ellen Ollenska ne théorise pas ses revendications d’indépendance (ce qui ne signifie pas qu’elle n’en soit pas capable), mais elle fait bien davantage : elle les vit et les suit. Elle ne se contente pas de discours convenu sur la question, mais va au bout de ses convictions. La théorisation en revient à Newland, qui n’a pas à mettre en pratique ses idées, sinon en accueillant tout d’abord favorablement la demande de divorce formulée par Ellen, mais surtout en ne la rejetant pas, en ne la considérant pas « coupable » ou scandaleuse de vouloir se délivrer du joug matrimonial. Il prend en effet sa défense très tôt, et par là la défense de toutes les femmes : « Women ought to be free – as free as we are. » (p. 39) . Mais peut-être ne défend-t-il le droit des femmes que parce que, justement, il a à cœur de défendre Ellen Olenska… « The case of the Countess Ollenska had stirred up old settled convictions and set them drifting dangerously through his mind. His own exclamation : « Women ought to be free – as free as wee are », struck to the root a problem that it was agreed in his world to regard as non-existent. » Conscient de la dignité et du droit au respect de celle vers laquelle il se sent attiré, il est amené à considérer autrement « the woman question ».
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