Nous avons vu avec Artemisia Gentileschi que l’ombre du père planait sur sa carrière et sur sa reconnaissance, encore aujourd’hui, en tant qu’artiste peintre. Le même phénomène s’observe à propos de Camille Claudel, à laquelle la biographe au programme de notre club ce mois-ci est venue par la connaissance de l’oeuvre de son frère, Paul Claudel. Anne Delbée est en effet une femme de théâtre (elle-même préférant le terme « homme de théâtre »), fille de Jean-Louis Barrault, qui a ressenti sa vocation théâtrale lors d’une représentation d’une pièce de Paul Claudel.
Les relations du frère et de la soeur sont abordés dans l’ouvrage ; mais la figure masculine la plus importante pour Camille Claudel, c’est celle de Rodin, qui à la fois catalyse, cristallise et vampirise le talent de Camille. Là où le frère est une figure masculine positive, que la postérité aura davantage mieux en avant que sa soeur, le maître Rodin est un danger pour la femme artiste, mis en position de prédateur. Les relations de concurrence propres au champ artistique prennent alors un tour de séduction potentiellement perverse.
Comment penser sereinement les rapports hommes/femmes dans un contexte concurrentiel ? J’ai l’impression que notre examen des écrivains femmes a certes relevé des rapports de ce type mais que la dimension de prédation de la part des rivaux masculins n’était pas si forte : qu’en penses-tu ?
2 réponses sur « [club] Camille Claudel – Du frère à la soeur, du maître à la disciple : les ombres masculines »
Camille Claudel était une femme comme le rappel le titre du livre d’Anne Delbée.
Être une femme a pesé sur son destin d’artiste. A son époque, il était difficile pour une femme de se former car elle devait affronter la nudité des modèles. Camille Claudel a ainsi été forcée de nouer un drap autour de sa danseuse de La valse.
De plus, comme elle est une femme, elle est toujours définie dans son rapport aux hommes. Elle est la sœur de Paul Claudel et la maîtresse de Rodin. Ou bien est-elle d’abord Camille Claudel ? Anne Delbée était une spécialiste de Paul Claudel, c’est ainsi qu’elle a découvert Camille et qu’elle a décidé de lui accorder le premier rôle. Est-ce que Camille a été sacrifiée, sous-estimée parce qu’elle gênait deux hommes de génie ? Je pense que oui.
Le meilleur service qu’on puisse rendre aux femmes artistes en effet, à mon sens, c’est d’oublier que ce sont des femmes et ne s’intéresser qu’à leur oeuvre. On ne présente pas Rodin avant tout comme l’amant de Camille Claudel…