Agnes Grey est un roman initiatique. Agnes quitte sa famille pour travailler et être indépendante. Sa découverte du monde lui révèle que la meilleure façon d’élever les enfants est celle que sa mère a suivi (et non pas celle des Bloomfield et des Murray) et qu’il faut choisir le mariage d’amour au mariage de raison comme l’a fait sa mère. L’exemple de Rosalie le lui confirme. Rosalie est certes devenue Lady Ashby mais elle est malheureuse. De plus elle rencontre l’amour et va pouvoir à son tour fonder une famille. C’est un roman à ranger avec Jane Eyre du côté des romans féministes. Le récit de la naissance des sentiments entre Agnes et Edward me semble décevant, pas réaliste, surtout si on le compare à Jane Eyre. Par contre le style est agréable et le roman décrit bien la condition des gouvernantes. Il souligne le paradoxe : ce sont les gouvernantes qui sont bien élevées et vertueuses mais elles ne sont rien face à leurs employeurs, riches et vénaux, et à leurs enfants tyranniques. Il souligne bien la difficulté d’être une femme célibataire et éduquée.
Je ne dirai pas que c’est un roman autobiographique, mais il se base sur l’expérience. Anne Brontë sait ce que c’est 1) d’être gouvernante et 2) de montrer à sa famille que la petite dernière peut être indépendante.
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