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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – Ambiance au lycée de filles

414q22zhwbl-_sx195_Dans son récit de vie au lycée pour jeunes filles, Jeanne Ancelet-Hustache n’esquive aucun sujet. Pas même celui, un peu périlleux, des amitiés féminines un peu trop affectueuses. Elle fait le portrait d’une directrice peu amène, desservant presque la cause des jeunes filles dont elle doit assurer l’éducation à force de soupçons mal placés. Dans son ouvrage, elle nous retrace le programme scolaire, les relations des élèves entre elles.

Le lycée de filles n’avait pas l’air bien différent d’un lycée de garçons…

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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – Accès des femmes à l’éducation en France, un combat (presque) oublié

Jeanne Ancelet-Hustache, écrivain, professeur et historienne de la religion française. France, vers 1930.
Jeanne Ancelet-Hustache, écrivain, professeur et historienne de la religion française. France, vers 1930.

Je commencerai par relever la fin de l’ouvrage, où J. Ancelet-Hustache mentionne toutes les femmes ayant accédé à un poste à haute responsabilité entre 1948 et les années 80 : « Toutes mes félicitations, mesdames. Personne n’a pu vous les adresser plus chaleureusement que moi, mais quand je lis que l’une d’entre vous a obtenu ce dont elle rêvait « depuis son bachot », je pense que c’est grâce à nous, grâce à celles de notre génération, à nos luttes obscures et constantes, que vous êtes devenues ce que vous êtes. Des édifices dans lesquels vous trônez, nous avons essuyé les plâtres. » (p.191)

Quelles ont été ces « luttes obscures » ? Des demandes à l’administration pour que le concours d’entrée à l’école normale d’instituteur soit la même pour les filles et pour les garçons ; que les concours d’agrégation soient les mêmes pour les filles et pour les garçons : « – laissez-nous passer les mêmes concours. – Ils sont beaucoup trop durs pour des femmes.(…) on ne trouvait pas trop « dur » d’imposer aux femmes, tout au long de leur carrière, un service plus lourd que celui des hommes pour un traitement sensiblement moindre » (p. 187). On voit là le double discours du gouvernement…
Aux demandes officielles s’ajoutaient des passe-droits ponctuels : « quand la fille d’un ministre ou de quelque personnage important avait envie de passer une agrégation « masculine », la porte s’entrouvait une année ou deux ».
L’argument du manque d’argent était avancé par le gouvernement, et c’est toujours le même : « tout ce que les femmes auront en plus, les hommes l’auront en moins ». C’est pour la même raison que le travail des femmes fut critiqué : il enlèverait du travail aux hommes et ferait baisser les salaires en augmentant la demande d’emploi.
Le rapprochement des associations masculines (Société des agrégés) est également retracé comme un pas vers une lutte plus efficace. Mais Jeanne Ancelet-Hustache relève aussi qu’un changement de mentalité a sans doute joué dans ces progrès, indépendamment des revendications portées par les femmes elles-mêmes, seules ou avec leurs confrères masculins.

L’accès des femmes aux concours n’aura pas pris tant de temps que cela : entre les premières demandes et le gain de cause, moins d’un siècle s’est écoulé.
Je pense qu’il est bon de s’en souvenir aujourd’hui.

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[club] Nannerl : Cercle vicieux?

maria_anna_mozart_lorenzoniLe film décrit la préférence de Léopold Mozart pour son fils, Wolfgang. Il lui apprend davantage, l’encourage davantage, le présente davantage. Est-ce parce qu’il est plus doué ou est-ce parce qu’il est un garçon?.

Il est possible de poser le problème autrement : Nannerl est-elle moins douée de Mozart de naissance? Ou est-elle moins douée parce que son père lui enseigne moins, l’encourage moins et la présente moins?

Le film se termine sur Nannerl brûlant ses partitions : Pourquoi ? Parce qu’une carrière dans la musique est impossible, parce qu’elle ne veut pas décevoir ses parents ? Cède-t-elle aux préjugés ou les préjugés sont-ils plus forts qu’elle?

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[club] Nannerl : Soeur fictive?

images-duckduckgo-comLa soeur de Shakespeare est une fiction que Virginia Woolf a créé pour penser la condition des femmes auteures. Qu’en est-il de la soeur de Mozart?

Dans un premier temps, elle semble plus réel. Mozart avait une soeur ainée qui a joué de la musique avec lui et qui un jour s’est mariée et n’a plus fait de musique. Mais, comme nous n’en savons plus, il s’avère qu’elle est très proche de la soeur de Shakespeare. Le film de René Féret est une fiction destinée à nous présenter la condition des femmes musiciennes au temps de Mozart.

Si la soeur de Mozart avait voulu devenir une musicienne et une compositrice, elle se serait heurtée à d’insurmontables obstacles. Certains sont présentés dans le film : Instruments, cours interdits aux femmes…

On a donc un personnage fictif pour décrire une condition réelle.

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[club] Vigée-Lebrun – Critiques

images-duckduckgo-com1Vigée-Lebrun a connu le succès de son vivant mais a ensuite été oubliée. Elle a été redécouverte à la fin du XXème.

Simone de Beauvoir dans le Deuxième sexe est sévère à son égard : « Au lieu de se donner généreusement à l’œuvre qu’elle entreprend, la femme la considère comme un simple ornement de sa vie ; le livre et le tableau ne sont qu’un intermédiaire inessentiel, lui permettant d’exhiber cette essentielle réalité : sa propre personne. Aussi est-ce sa personne qui est le principal – parfois l’unique- sujet qui l’intéresse : Mme Vigée-Lebrun ne se lasse pas de fixer sur ses toiles sa souriante maternité »

Nous avons déjà répondu que le thème de la maternité était un trait de l’époque. Mais au-delà, en remarquant que beaucoup conteste le talent de Vigée-Lebrun, on est en droit de se demander ce qui dérange chez Mme Vigée-Lebrun : qu’elle fasse des portraits de personnes riches? qu’elle soit une femme ? qu’elle soit ambitieuse ? Ou bien qu’elle soit une femme ambitieuse ?

Il est certain que les souvenirs écrits par Vigée Lebrun elle-même ressemblent beaucoup à une campagne marketing. Si l’on passe à la précarité de l’artiste et de la femme à cette époque, on comprend pourquoi.

Le ton est léger et les intentions impures mais le texte demeure agréable.

Vigée-Lebrun était-elle orgueilleuse et imbue d’elle-même? Je trouve intéressant quel’artiste fasse preuve de confiance : elle est sûre de sa beauté, de son talent, de son statut d’artiste. On nous présente trop souvent des femmes peu sûres d’elles, trop modestes (je pense aux romcom notamment), j’ai beaucoup apprécié l’assurance de Mme Vigée Lebrun. Elle excuse sa vanité dans le tome II par le dur travail fourni, cela me paraît assez juste.

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[club] Vigée-Lebrun – Conditions de la femme artiste

images-duckduckgo-comLes Souvenirs d’Elisabeth Vigée-Lebrun nous renseignent sur le statut de la femme artiste.

Elle n’a aucune autonomie financière. C’est son beau-père puis son mari qui empoche tous ses cachets. Elle confie n’avoir reçu un salaire qu’une fois dans sa vie. (tome I) Son mari dispose non seulement de ses cachets mais aussi de ses œuvres.

On sent également qu’elle se doit de plaire à ses clients. Geneviève Haroche-Bouzinac le confirme dans sa biographie (Flammarion, 2011). Elle retouche par exemple un tableau pour Catherine II, elle doit accepter de peindre Caroline Murat qui ne respecte pas son travail. Elle a pourtant envie de peindre pour son plaisir.

Elle aime contempler les œuvres. Elle se forme par la fréquentation des œuvres d’art. Elle aime Rubens (d’où le chapeau de paille qui revient souvent)

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[club] Vigée-Lebrun – Mères et filles

vigee 1On trouve beaucoup de sujets de mères et filles dans la peinture de Vigée-Lebrun. L’une de ses oeuvres a même pour sous-titre « la tendresse maternelle », et son premier tableau était un portrait de sa mère. On sait par ailleurs que ses relations avec sa fille étaient très étroites jusqu’au mariage de celle-ci.

Est-ce que cela renforce le préjugé selon lequel le sentiment maternel serait naturel aux femmes ? Est-ce en vertu de ce préjugé que Vigée-Lebrun a été retenue dans l’histoire de la peinture ? C’est son art du portrait qui l’a fait connaître à son époque ; toutefois, aujourd’hui, sa réputation s’est restreinte aux sujets liés à l’enfant. Le XVIIIe siècle serait-il plus progressiste que nous dans sa vision de la femme peintre ?

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[club] Vigée-Lebrun – Une femme peintre

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Il y a peu de femmes peintres dans l’histoire de la peinture et Elisabeth Vigée-Lebrun est un cas particulier : fille de peintre, elle devient peintre de la cour grâce à Marie-Antoinette. Spécialisée dans les portraits, elle se distingue par sa sensibilité.

Or le portrait n’est pas un genre noble en peinture au XVIIIe siècle, au contraire des tableaux historiques ou religieux : une femme a-t-elle pu avoir du succès en peinture justement parce qu’elle traitait d’un genre mineur ? S’ajoute à cela que sa qualité, la sensibilité, est alors associée à la féminité : est-ce, là encore, en raison de stéréotypes que Vigée-Lebrun a pu être reconnue comme peintre ?

Je nuancerai ce dernier point en rappelant que l’éloge de la sensibilité était faite par Rousseau et qu’il ne la présentait pas comme l’apanage des femmes. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières mais aussi celui des pastorales et du Trianon. En ce sens, Vigée-Lebrun est une peintre qui représente à merveille son temps.

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[club] Woolf/Colette – Femme artiste opposée à l’ange du foyer

maxernstLe personnage de Lily dans To the lighthouse nous offre à mon avis la parfaite transition avec notre prochain thème.

C’est une femme peintre.

Elle se revendique artiste, célibataire. Elle ne veut pas se sacrifier pour un foyer. Elle refuse d’être considérée comme une malheureuse : elle a choisi de ne pas avoir de foyer.

Elle veut se consacrer à son art.

En 1931, Woolf écrit « “Killing the Angel in the House was part of the occupation of a woman writer.”

Il n’est pas possible d’être les deux : il faut choisir ou Lily ou Madame Ramsay, mais une femme ne peut pas être les deux.

Ce choix est-il toujours vrai aujourd’hui?

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[club] Woolf/Colette – Des écritures féminines ?

claudineJe tenais à relever la grande différence de style entre Woolf et Colette, qui n’ont pourtant que 10 ans de différence. Woolf a une écriture très réfléchie, introspective, impressionniste. On n’y trouve pas d’accent mis sur l’intrigue ; et je trouve que ce n’est pas vraiment le propos chez Colette non plus. En revanche, le style de Colette est vif, coloré, parfois même un peu trop ; il y a de l’humour, de la légèreté et une grande capacité à adopter différents styles, correspondant chacun à un personnage différent, dans les passages en discours direct, qu’il s’agisse de dialogues ou de lettres (Annie, Claudine, Alain…).

Dans les deux cas nous avons accès à une certaine classe sociale, mais elle n’est pas décrite de la même manière. Chez Woolf, ce monde est décrit de l’intérieur, avec une certaine adhésion à ses valeurs ; chez Colette, il est décrit depuis un point de vue marginal, avec une réticence à adopter ses valeurs. Et finalement c’est la marge qui l’emporte. En cela Claudine s’en va m’a semblé très proche de Thérèse Desqueyroux.