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[club] Camille Claudel – Une folle ou une artiste muselée?

une femmeEst-ce que la folie était un prétexte pour l’écarter ? Les femmes de génies, les femmes qui transgressent sont considérées comme des folles.

Anne Delbée décrit la mère de Camille comme une femme jalouse : elle est jalouse de l’intérêt que lui portait son père, jalouse de son génie peut-être. Elle a donc interné sa fille avec la volonté de la faire taire. Camille veut être elle-même « Camille déteste ces femmes qui ne disent jamais ce qui leur fait plaisir ou non. Eternelles victimes, elles se sacrifient à tout jamais ». La mère de Camille en veut peut-être tout simplement à sa fille de vouloir être elle-même.

Il lui est interdit de sculpter durant son internement, pourquoi ? Et pourquoi cet internement a-t-il duré si longtemps ? Anne Delbée réfute la thèse de la folie : Camille aurait pu retrouver la santé si sa mère ou son frère l’avait voulu. Cette thèse a été contesté par les héritiers de Claudel. Le film de Bruno Nyuten reprend la thèse de la folie. Anne Delbée se base sur les lettres que Camille a écrit durant son internement.

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[club] Camille Claudel – Mésaventures de la postérité

camille 2Camille Claudel était une figure oubliée de la sculpture jusqu’à ce qu’Anne Elbée fasse publier cette biographie, traduite en 20 langues.

Mais ce qui a le plus contribué à réhabiliter cette artiste, c’est l’adaptation cinématographique de Bruno Nuytten avec sa femme de l’époque Isabelle Adjani dans le rôle-titre, celle-ci ayant fortement participé à la naissance du projet.

Je me pose donc une question idiote : est-ce que le fait que Camille Claudel ait été jolie, et qu’une actrice tout aussi agréable à regarder en ait campé le rôle, a contribué à sa réhabilitation ? Y a-t-il, là encore, une réduction de la femme à ses seuls attraits physiques ? La focalisation sur la relation avec Rodin joue elle aussi avec une dimension trouble de la perception de la femme : Camille est une amoureuse, une passionnée ; cela perpétue le cliché de l’artiste exaltée, un peu hystérique.

Ce cliché se prolonge jusqu’à l’insistance, récente, sur la fin de vie de Camille Claudel à l’asile. Est-ce parce qu’elle « colle » bien à ces lieux communs sur la femme artiste, qui focalisent leur attention sur la dimension sexuée de sa création et de sa démarche, que Camille Claudel a pu être redécouverte ?

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[club] Camille Claudel – Du frère à la soeur, du maître à la disciple : les ombres masculines

camille claudel 1Nous avons vu avec Artemisia Gentileschi que l’ombre du père planait sur sa carrière et sur sa reconnaissance, encore aujourd’hui, en tant qu’artiste peintre. Le même phénomène s’observe à propos de Camille Claudel, à laquelle la biographe au programme de notre club ce mois-ci est venue par la connaissance de l’oeuvre de son frère, Paul Claudel. Anne Delbée est en effet une femme de théâtre (elle-même préférant le terme « homme de théâtre »), fille de Jean-Louis Barrault, qui a ressenti sa vocation théâtrale lors d’une représentation d’une pièce de Paul Claudel.

Les relations du frère et de la soeur sont abordés dans l’ouvrage ; mais la figure masculine la plus importante pour Camille Claudel, c’est celle de Rodin, qui à la fois catalyse, cristallise et vampirise le talent de Camille. Là où le frère est une figure masculine positive, que la postérité aura davantage mieux en avant que sa soeur, le maître Rodin est un danger pour la femme artiste, mis en position de prédateur. Les relations de concurrence propres au champ artistique prennent alors un tour de séduction potentiellement perverse.

Comment penser sereinement les rapports hommes/femmes dans un contexte concurrentiel ? J’ai l’impression que notre examen des écrivains femmes a certes relevé des rapports de ce type mais que la dimension de prédation de la part des rivaux masculins n’était pas si forte : qu’en penses-tu ?

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[club] Artemisia – témoignage sur la condition des femmes et des artistes

artemisia 3La vie d’Artemisia rappelle la violence des destins féminins : mort en couches de la mère, viol et mort de ses deux fils. Elle rappelle également l’importance de l’honneur : honneur indispensable pour se marier ou en d’autres termes exister.

La vie d’Artemisia évoque aussi les difficultés des artistes :
– besoin des mécènes ;
– besoin de commandes, besoin de plaire ;
– besoin de se détacher du maître ;
– jalousies (on veut attribuer ses succès à ses charmes plutôt qu’à son talent)
– difficulté à concilier art et vie privée (rupture avec Nicholas Lamier)

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[club] Artemisia – Le père Pygmalion

images.duckduckgo.comDans Artemisia, Orazio Gentileschi est présenté comme un Pygmalion qui instrumentalise sa fille à ses propres fins : elle doit terminer son oeuvre. Dans la réalité, qu’en a-t-il été ?

Le musée des Beaux Arts de Nantes conserve une toile peinte par le père et la fille : contrairement aux autres toiles d’Artemisia, il présente une Diane aérienne, à la peau diaphane, vue de dos comme dans une vision pudique de sa nudité.

Est-ce là une vision idéalisée de la fille par son père ? Une représentation de la femme idéalisée telle que pouvait la véhiculer la Renaissance ? Elle contraste en tout cas avec les visages sérieux et fermés des sainte Cécile d’Artemisia.

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[club] Artemisia – Judith et Holopherne

Gentileschi_judith1 judith 2Le roman présente en son début Artemisia comme la fille violée à 17 ans par le collaborateur de son père. C’est en effet par cette anecdote peu réjouissante que j’ai moi-même découvert l’oeuvre d’Artemisia, en relation avec deux de ses tableaux dépeignant Judith et Holopherne.

La décollation est parfois interprétée comme le symbole de la castration en lecture freudienne de l’histoire de l’art : ici, cette lecture prend tout son sens tant la scène dépeinte est violente. C’est aussi la violence des rapports hommes/femmes à la Renaissance qui est peinte ici ; à ceci près que Judith semble possédée par la vengeance, ce qui ne colle pas à la lettre du texte biblique (même si Judith tue Holopherne pour défendre son peuple).

Faut-il voir cette peinture comme un exutoire, personnel et pour toutes les femmes au XVIe siècle ?

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[club] Artemisia – Notre bookclub au coeur de l’actualité ?

5 a-gentileschi-autoritratto-come-allegoria-della-pitturaL’auteur du roman intitulé Artemisia signale à propos de son intérêt pour le sujet qu’il est né à l’occasion de la visite d’une exposition sur les femmes peintres de la Renaissance montée à Los Angeles. Elle met en lien cette exposition et son projet avec un climat ambiant aux Etats Unis, manifesté par l’obligation de consacrer 30% des recherches universitaires en histoire de l’art pour étudier : ce sont les Gender Studies et les Cultural Studies, qui s’ancrent dans la pratique de la discrimination positive.

D’où ma question, qui est un peu à côté de notre sujet d’aujourd’hui mais en plein dans ce qui sous-tend le projet de ce site dans son ensemble : sommes-nous, malgré nous, à la mode ? Et que cachent toutes ces subventions accordées à l’étude des « minorités » : une véritable politique d’égalité des chances ou un masque pour couvrir les inégalités demeurantes ?

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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – L’école des femmes

ecoleIl y a dans le livre une référence filée à l’Ecole des femmes de Molière.

L’auteure insiste sur la déception des femmes instruites, la société n’étant pas prête à les recevoir. La société ne veut que des Henriette (Cf. p. 154)

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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – Pourquoi cette différence entre les garçons et les filles?

garcon fillePourquoi cette différence entre les filles et les garçons ?

L’ouvrage Lycéenne 1905 témoigne, nous l’avons dit dans le premier poste, d’une inégalité constante entre les deux sexes. Pourquoi?
Plusieurs raisons sont avancées :
– Différence biologique : ont-ils des capacités intellectuelles différentes ?
– Différences sociales : doivent-ils se préparer à des rôles différents dans la société?
– Ou les hommes ont-ils simplement peur de la concurrence des femmes?

Il me semble que l’auteure penche pour cette dernière solution : les hommes ont cherché à masquer leurs peurs par des arguments biologiques et moraux.

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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – Un parcours de femme au XXe siècle

9782020407649Je voulais dire mon étonnement à la lecture de cet ouvrage.

Jeanne Ancelet-Hustache est un auteur que j’ai découvert lorsque j’ai étudié Maître Eckhart : c’est une de ses meilleurs traducteurs (éd. du Seuil) et rédigé un livre d’introduction à sa pensée qui reste fondamental. Elle a soutenu une thèse à la Sorbonne sur une béguine, Mechtild de Magdeburg.

Je n’imaginais que son parcours avait été si long et si peu évident. Qu’elle avait emprunté plusieurs voies (allemand, lettres) avant d’accéder à l’enseignement dans le supérieur et que cet accès n’avait pas été sans heurt : elle rapporte un professeur d’université qui avait refusé qu’une femme lui succède sur sa chaire. Alors que son autorité est aujourd’hui reconnue sans l’ombre d’un doute.

J’ajoute qu’elle fait partie des femmes ayant mené ses études en travaillant, en étant mariée et mère de famille, ce qui n’était pas plus courant à l’époque qu’aujourd’hui.