Jane est intelligente, courageuse et indépendante (voir autre post). Mais n’a ni la beauté ni le caractère exceptionnel d’Helen Burns. C’est pourquoi sa vie est dure. Elle n’a pas le pouvoir de plaire directement, ni celui de tout supporter. Elle n’est pas une sainte. Je pense qu’elle est extrêmement humaine : elle a des défauts, des doutes, des sentiments. C’est ce qui la rend proche de nous.
Catégorie : discussions
ane Eyre est l’histoire de la conquête de l’indépendance d’une femme. Cette conquête consiste en plusieurs étapes. Jane Eyre devient adulte ↔ elle quitte l’école (et déjà avant avec le départ de Miss Temple) car l’école était pour elle une maison et Miss Temple une mère. Elle travaille. Je souhaiterais reparler du travail de gouvernante quand nous verrons Agnes Grey qui traite plus largement de ce thème mais les propos des Ingram au chap. 17 nous montre que c’est un emploi peut enviable. La situation de Jane est exceptionnelle à Thornfield, c’est pourquoi elle devra tout perdre. Chap. 26 : la révélation du mariage de Mr Rochester arrive au milieu du roman. C’est le climax qui ressemble pour Jane à un retour à zéro. Elle se retrouve à nouveau seule et sans chez elle. Elle rencontre alors les Rivers et découvre à la fois une famille et la richesse. C’est alors seulement qu’elle devient indépendante car elle sait d’où elle vient mais surtout car elle devient indépendante financièrement. p. 385 : indepedant → rich. Sinon il faut travailler comme gouvernante ou faire un bon mariage. Jane fait aussi preuve d’indépendance dans sa vie sentimentale. StJohn ne pense qu’à lui en demandant à Jane de l’épouser, mais il prétexte une mission divine. En refusant, Jane montre son indépendance et son respect de l’institution du mariage (elle ne veut pas se marier sans amour). Elle suit ainsi l’exemple de ses parents qui ont fait un mariage d’amour en dépit des oppositions de leurs familles et des soucis financiers. Elle reste aussi fidèle à Mr Rochester. Enfin elle retourne à Thornfield mais cette fois c’est indépendante, adulte qu’elle choisit Mr Rochester. C’est pour cela que l’épreuve infligée au centre du roman était nécessaire. Un véritable roman initiatique ! De plus c’est une revendication féministe que l’on avait déjà chez Austen : les femmes ont droit de choisir leur mari, droit à l’amour véritable, droit au bonheur. Ni les contraintes financières ni les contraintes familiales ne doivent les en priver.
Je pense que c’est un roman résolument féministe dans son propos. Ce n’est pas un hasard si Charlotte Brontë a d’abord publié sous le nom d’un homme : il était à l’époque impensable qu’une femme écrive cela ; Ecrive cela ou écrive comme cela ? C’est à vérifier cela renvoit à notre question : y-a-t-il un style proprement féminin ?
Je pense qu’Aurora Leigh est une oeuvre féministe d’abord parce qu’elle dénonce dès les premiers livres le conformisme, la situation traditionnelle des femmes.
L’auteur porte un regard critique sur les ouvrages pour jeunes filles accomplies. Elle dénonce le conformisme- les femmes devant se conformer à ce que l’on attend d’elles : elle ne vaut pas être un oiseau en cage comme sa tante: « She had lived
A sort of cage-bird life, born in a cage,
Accounting that to leap from perch to perch
Was act and joy enough for any bird.
Dear heaven, how silly are the things that live
In thickets and eat berries!
I, alas,
A wild bird scarcely fledged, was brought to her cage,
And she was there to meet me. »
Elle refuse le rôle dans lequel sa tante veut l’enfermer :
« I read a score of books on womanhood
To prove, if women do not think at all,
They may teach thinking, (to a maiden aunt
Or else the author)-books demonstrating
Their right of comprehending husband’s talk
When not too deep, and even of answering
With pretty ‘may it please you,’ or ‘so it is,’-
She liked a woman to be womanly,
And English women, she thanked God and sighed,
(Some people always sigh in thanking God)
Were models to the universe. »
Elle dénonce la futilité des tâches féminines :
« The works of women are symbolical.
We sew, sew, prick our fingers, dull our sight,
Producing what? A pair of slippers, sir, »
Elle fait un choix individuel, refuse un destin traçé d’avance, refuse les conventions :
« ‘But I am born,’ I said with firmness, ‘I,
To walk another way than his, dear aunt.’
That you, sole offspring of an opulent man,
Are rich and free to choose a way to walk? »
Elle fait preuve d’unevolonté de n’appartenir qu’à elle :
« If I married him,
I would not dare to call my soul my own,
Which so he had bought and paid for: every thought
And every heart-beat down there in the bill,-
Not one found honestly deductible
From any use that pleased him! »
J’ai trouvé une page web qui décrivait cet aspect de l’oeuvre, en décrivant comment la tante était l’opposé d’Aurora : http://www.geocities.com/CollegePark/Hall/1170/barrett.html
Mais je pense que ce qui fait le féminisme d’Aurora c’est qu’il ne se contente pas de cet aspect de la libération de la femme. Il nous dit aussi comme tu l’a remarqué dans ton premier post que la femme doit conquérir sa liberté dans sa vie amoureuse. Il ne suffit pas de reuser l’amour au nom de l’indépendance…
J’ai eu des difficultés à rester intéressée par l’intrigue ; je reconnais qu’il y a beaucoup de beaux moments dans l’ouvrage, qui valent la peine d’aller au bout, mais le style et la forme sont tout de même très contestables, car pompeux. Il me semble qu’ils desservent plutôt le propos qu’ils ne le servent, et qu’Aurora Leigh aurait été beaucoup plus intéressant sans la prouesse technique qui réside à tout écrire en vers… Beaucoup de métaphores classiques et un peu trop guindées auraient peut-être disparues, et ça n’aurait pas été plus mal…
Il me semble que les portraits de femmes dressés dans Aurora Leigh sont assez stéréotypés : il y a la femme victime (Marian Erle), innocente et pure, et justement malmenée par le monde à cause de sa naïveté ; la femme machiavélique, égoïste, vaniteuse et narcissique (Lady Waldemar) qui conçoit l’amour comme une bataille, une prise de possession et l’autre comme un faire-valoir ou un instrument ; enfin, il y a la femme froide, frustrée, bigote et incapable d’aimer (la tante d’Aurora). Les seuls portraits de femme originaux sont ceux d’Aurora et de sa mère (portrait suggéré plus que dessiné) : ce sont des femmes libres, fortes, qui prennent leur vie en main et n’ont pas peur du danger. Mais leur destinée n’en sont pas heureuses pour autant, au contraire. La liberté est difficile à conquérir, et celles qui ont le tempérament pour la revendiquer apparaissent comme une sorte d’élite, de privilégiée : en dehors de ce cercle clos, la femme est toujours réduite à un rôle restreint au sein de la société.
Le féministe d’EBB serait-il donc élitiste ?
Au livre 2, Aurora s’oppose à Romney concernant l’aptitude des femmes à créer. Selon lui, les femmes sont inaptes à comprendre le monde et donc à l’influencer ; Aurora refuse une telle vision des choses. Pour elle, une femme comme un homme est en mesure d’épouser une carrière artistique (littéraire en l’occurrence). Aurora se présente comme une femme éprise de liberté et d’indépendance pour ce qui est de sa carrière – comme l’était sa mère, italienne, à l’égard de la passion amoureuse. La phrase qui la résume sans doute mieux à ce stade du livre est celle-ci : « I choose to walk at all risks ». C’est une jeune femme volontariste, décidée, sûre d’elle et que rien n’effraie. Elle sait ce qu’elle veut et n’admet aucune concession à son idéal.
Aussi, lorsque Romney la demande en mariage à la suite de cette discussion houleuse, Aurora ne reçoit pas cette proposition comme une preuve d’affection mais comme la marque d’un mépris de son cousin à son égard, comme s’il lui demandait de renoncer à ses rêves irréalistes pour accepter la réalité du rôle sociale de la femme, réduit à la fonction d’épouse et de mère : « Women as you are, mere women, personal and passionate, you give us doating mothers, and chaste wives, sublime Madonnas and enduring saints ». Aurora ne peut que refuser une telle « offre ». Elle refuse également de devoir épouser Romney pour pouvoir toucher l’héritage de sa tante : elle choisit l’indépendance financière et de suivre ses idéaux, même si le prix est à payer est la précarité et la solitude.
Pourtant, au livre 7, la position d’Aurora a quelque peu changé, puisqu’elle se plaint justement de son isolement amoureux, et insiste sur le fait que se sentir esseulée est propre aux femmes : « O God ! Thou hast knowledge, only thou, how dreary ‘tis for women to sit still on winter nights by solitary fires, and hear the nations praising them far off, too far ! ay, praising our quick sense of love, our very heart of passionate womanhood, which could not beat so in the verse without being present also in the unkissed lips, and eyes undried because there’s none to ask the reason the grew moist”. Le coeur des femmes serait donc bien fait, comme le pensait Romney, pour aimer, et la création artistique, qui exige un sacrifice total de soi-même, et se tourne en une sorte de sacerdoce, serait donc difficile aux femmes précisément parce que celles-ci auraient besoin d’aimer et d’être aimée.
Mais les hommes sont-ils exempts des tourments de la solitude ? Leur est-il vraiment plus facile de tout sacrifier à l’art ? Selon le discours de Romney, on pourrait penser que les hommes sont plus aptes à l’indépendance que les femmes ; et c’est ce à quoi Aurora croit que son cousin adhère, puisqu’en apprenant son projet de mariage, elle ironise : « ‘Tis clear my cousin Romney wants a wife, – So, good ! – The man’s need of the woman, here, is greater than the woman’s of the man, and easier served ; for where the man discerns a sex, (ah, ah, the man can generalise, said he) we see but one, ideally and really : where we yearn to lose ourselves and melt like white pearls in another’s wine, he seeks a double himself by what he loves, and make his drink more costly by our pearls. At board, at bed, at work, and holiday, it is not good for man to be alone”. Le besoin qu’aurait l’homme d’une femme serait, en réalité, moins noble que le besoin qu’aurait la femme d’un homme, puisque la femme chercherait à servir et l’homme à dominer.
Reste que, quelques pages plus tard (p. 162, éd. Penguin), Aurora refuse une demande en mariage en arguant qu’elle ne peut pas aimer : « Love, you say ? My lord, I cannot love. I only find the rhymes for love, – and that’s not love, my lord. Take back your letter.” Aurora est-elle artiste parce qu’elle ne peut pas aimer, parce que renoncer à l’amour l’arrange? On retrouve le même type d’opposition entre art et vie qu’entre art et amour : créer n’est pas vivre, et si certains sont aptes à renoncer à vivre vraiment, à être réellement heureux, pour créer, peut-être est-ce parce que, dès le départ, ils ne parvenaient pas à vivre ni à aimer. C’est en tout cas une question qu’on peut se poser à partir de la lecture d’Aurora Leigh.
Autre point problématique : après avoir concédé qu’il est difficile à une femme de ne pas remplir son rôle auprès d’un homme (à savoir : le sauver, selon le texte lui-même), Aurora en vient même à déprécier son œuvre et à estimer que l’amour donné a plus de valeur que l’œuvre qu’on écrit, œuvre nécessairement imparfaite. L’amour serait une plus belle création que n’importe quelle création artistique : « Now, if I had been a woman, such as God made women, to save men by love – by just my love I might have saved this man, and made a nobler poem for the world than all I have failed in. (…) ‘tis our woman’s trade to suffer torment for another’s ease. The world’s male chivalry has perished out, but women are knights-errant to the last; and, if Cervantes had been greater still, he had made his Don a Donna.” La grandeur féminine serait dans le dévouement amoureux. – Contrairement aux apparences, EBB est-elle anti-féministe?
Un passage du livre 7 donne peut-être une clé à ce problème, puisque hommes et femmes y sont mis sur le même plan quant à la création artistique : « The end of woman (or of man, I think) is not a book. » Hommes et femmes sont appelés à changer le monde, les hommes par l’action directe, les femmes dans une sphère plus restreinte. Mais qu’en est-il alors de la place de l’art dans la vie et la société ? C’est Romney qui répond à cette question lorsqu’il retrouve Aurora, au livre 8, et avoue avoir lu et aimé son livre : « the book is in my heart, lives in me, wakes in me, and dreams in me ( …) this special book (…) stands above my knowledge, draws me up ; ‘tis high to me. » L’art a bien une valeur, et une femme peut bien être une artiste. Mais comment, dès lors, peut-elle renoncer à sa “fonction”?
C’est qu’en réalité elle n’a pas à y renoncer. L’ouvrage finit sur les retrouvailles de Romney et d’Aurora, couple partageant un vrai souci de l’action sociale et de l’art. La leçon d’Aurora Leigh, c’est peut-être la fin du mythe de l’artiste qui se sacrifie à son art, du créateur solitaire et vivant en ascète. Dès lors, l’art rentrant dans la sphère de la vie, des réalités sociales, quotidiennes et contemporaines, il peut s’accommoder avec une vie amoureuse et une vie familiale. Bannir l’amour de sa vie, c’est ne pas savoir vivre et ne pas pouvoir bien créer : « Passioned to exalt the artist’s instinct in me at the cost of putting down the woman’s – I forgot no perfect artist is developped here from any imperfect woman. (…) Art is much, but love is more.”
Il n’en reste pas moins qu’Aurora ne se contente pas d’accepter le rôle que la société victorienne impose à la femme : elle le dépasse en prenant les rênes de sa vie amoureuse. Elle fait en effet une déclaration en bonne et due forme à Romney, et utilise des mots qu’on s’attendrait plutôt à trouver dans une bouche masculine : « I mistook my own heart, – and that slip was fatal. Romney, – will you leave me here ? So wrong, so proud, so weak, so unconsoled, so mere a woman ! – and I love you so – I love you, Romney.”
La liberté de la femme est donc aussi à conquérir dans le domaine amoureux : telle me semble être la principale leçon d’Aurora Leigh.
« Her mother was a christian arab (…). The young girl spoke in high and enthusiastic terms of her mother, who, born in freddom, spurned the boundage to which she was now reduced. She instructed her daughter in the tenets of her religion and taught her to aspire to higher powers of intellect and an independence of spirit forbidden to the female followers of Muhammad. This lady died, but her lessons were indelibily impressed on the mind of Safie, who sickened at the prospect of again returning to Asia (…) now accustomed to grand ideas and a noble emulation of virtue. » (Penguin, p. 119)
NB : peut être est-il possible de lire ici une référence de Mary Shelley à sa mère féministe (qu’elle n’a pas connu) Mary Wollstonecraft. Née le 27 avril 1759, cette dernière devint dame de compagnie à 19 ans, puis revint au sein de sa famille s’occuper de sa mère mourante. Elle s’occupe aussi de sa soeur, qui, après un mariage malheureux et une crise de folie, a perdu la garde de son enfant : ensemble elles fondent une école. Elle rejoint son amie d’enfance au Portugal alors que celle-ci accouche de son premier enfant : mais la mère et l’enfant meurent. Elle retourne alors en Angleterre et doit fermer son école. Elle décide alors de partir s’établir à Paris et à tout faire pour vivre de sa plume. Elle écrit des Pensées sur l’éducation des filles, Vindication of the Rights of Men et, plus tard, A Vindication of the Rights of Woman (1792). Amoureuse d’un explorateur américain, G. Imlay, elle donne naissance à une fille, Fanny ; mais cette relation sera malheureuse : Imlay part en Angleterre et laisse la mère et l’enfant à Paris, en pleine révolution; Mary tente de se suicider, avant de retrouver Imlay à Londres, et de découvrir qu’il a une liaison avec une actrice. Après une seconde tentative de suicide, elle revoit Godwin et devient sa compagne en 1796. Ils se marient un an plus tard selon une sorte d' »union libre » ; sa fille Mary (la future Mary Shelley) naît en août et sa mère meurt dix jours après.
Doit-on parler des films d’horreur ?? Quelqu’un connaît-il une adaptation fidèle de l’œuvre ?
Philippe Meirieu, le pédagogue, a écrit Frankenstein pédagogue (Paris, ESF, 1996). à partir de l’histoire de Frankenstein et de sa créature que Philippe Meirieu interroge cette représentation de l’éducation comme projet de toute maîtrise de l’autre, de contrôle total de son destin. Il montre qu’une telle perspective conduit tout droit à l’échec et à la mort, et il affirme que le pédagogue doit renoncer au dessein de » fabriquer l’autre » pour s’attacher aux conditions qui lui permettent, comme l’affirmait déjà Pestalozzi en 1797, de » se faire œuvre de lui-même « . Il faut éduquer « sans fabriquer »
– les limites de la science et de la nature humaine (l’homme en devenant Dieu crée des désastres)
– la peur de l’autre ( la créature étant différente fait peur saf à l’aveugle De Lacey)
– l’exclusion entraîne la haine et le crime (c’est parce qu’elle est rejetée que la créature devient meurtrière)
– le lien paradoxal entre la créature et son créateur (amour et haine, maitre et serviteur…) La créature veut et ne veut ps la mort de son créateur.
– le thème de la création (sitôt le passage à l’acte, sitôt la création faite, le créateur n’est plus maître de celle-ci, de la vie qu’il a créé).
Je te laisse choisir ce qui t’intéresse le plus pour le dévélopper
et ouvrage peut paraître à juste titre éloigner de Jane Austen (c’est beaucoup plus noir, ce n’est pas le même genre) et par là très éloigné de notre thème. Certes il y a beaucoup à dire sur ce roman qui n’a pas à voir avec notre thème de même d’ailleurs qu’on aurait pu en dire beaucoup plus sur Jane Austen. Mais une phrase de la préface écrite par l’auteure nous renvoie directement à notre thème :
« How I, then a young girl, came to think of dand to dilate upon so very hideous an idea ? »
Pourquoi serait –il étonnant qu’une jeune femme écrive ce livre :
– parce que c’est un livre avec des passages d’horreurs (meurtres, monstre…) Y-aurait-il donc des thèmes réservés aux femmes ? (le mignon, la morale…)
– par le style plutôt réaliste et directe Y-aurait-il un style masculin ?
– parce que cela parle de sciences. Y-aurait-il donc des domaines interdits aux femmes ?
– parce que les narrateurs sont des hommes ? Et en plus des hommes solitaires sans femmes…Les femmes ne pourraient-elles parler que des femmes et au nom des femmes ?
Par son ouvrage Mary Shelley répond à ces quatre questions : non, non, non et non. Frankenstein est la preuve que l’horreur, les sciences la psychologie masculine ne sont pas réservés aux hommes. Donc je pense qu’on peut dire que cet ouvrage est féministe. C’est le geste qui est féministe : oser en tant que jeune femme s’attaquer à une telle thématique et la publier. La biographie de Mary Shelley laisse d’ailleurs voir une féministe : sa mère a appartenu aux premiers cercles féministes, elle a été instruite, elle s’est enfui et a voyagé avec son amant alors marié à une autre, a refusé de se remarier et a vécu seule…
Frankenstein est le roman d’une femme qui nous parle non pas des hommes ou des femmes mais de la nature humaine. C’est pourquoi nous n’y trouvons pas sa thématique n’est pas féminine, son style n’est pas masculin…
Cependant on pourrait soulever une question : les femmes occupent peu de place dans le roman (Elizabeth, Justine, Margreth, la fiancée de la créature…) n’est-ce pas du machisme ? En fait ce roman semble nous montrer que ce sont les hommes qui dirigent les destinées, qui sont inventeurs ou navigateurs…
Je pense que non. D’abord à l’époque de Mary Shelley, il n’aurait pas été réaliste de mettre des femmes dans ces rôles, ensuite le geste en est plus fort (une femme dans la peau des hommes). D’autre part, les femmes sont les compagnes nécessaires des hommes : Frankenstein a besoin d’Elizabeth, Walton de sa sœur, et la créature d’une compagne. Les hommes ne peuvent donc pas exister sans les hommes : c’est un manifeste pour l’égalité.