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[club] Tolstoï/Fontane – Deux maris bien semblables

effi briestKarénine et Instetten se ressemblent beaucoup, je trouve.

Pour eux, seules les apparences comptent. Ils ne sont pas blessés que leur épouse en préfère un autre, ils ne se demandent pas pourquoi, ils s’inquiètent simplement du regard des autres. Karénine est au départ prêt à pardonner à Anna si elle sauve les apparences. Quant à Instetten, il provoque en duel un homme que sa femme ne voit plus depuis six ans et n’a jamais aimé, juste parce qu’il pense qu’il doit le faire, que son honneur en dépend (Effi a la fin du roman découvre qu’il a transmis cela à leur fille et se met à le mépriser pour cet attachement inflexible à l’honneur).

D’autre part Karénine et Instetten utilisent leurs enfants comme un objet de chantage. Karénine commence par menacer Anna de lui prendre son fils si elle continue sa liaison avec Vronski. Instetten sans hésiter décide que sa fille n’a plus de mère en découvrant l’infidélité d’Effi. Ces maris sont conscients du pouvoir qu’ils ont : leur enfant leur appartient et ils peuvent l’utiliser pour nuir à la mère. C’est un thème que l’on trouve encore aujourd’hui dans les affaires de violence conjugale.

De plus, je pense que cela montre quelle est leur idée de la mère. Elle doit être une épouse soumise et irréprochable, ou alors elle ne mérite plus d’être mère. Ce n’est pas seulement l’opinion de ces deux hommes, c’est celle de la société dans laquelle ils vivent. Une mère se doit d’être un modèle de vertu ou alors elle va pervertir ses enfants.

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[club] Simenon – Ennui de la femme au foyer

B607Dans La nuit du Carrefour surtout, on retrouve le thème de l’ennui de la femme au foyer.

Else s’ennuie et s’occupe en trafiquant.

Mme Michonnet dit regretter le temps avant son mariage quand elle travaillait.

Le garagiste explique que sa femme ne veut pas d’employée de maison par peur de s’ennuyer. « Remarquez qu’elle pourrait se payer une bonne… Mais elle n’aurait plus rien à faire et elle s’ennuierait ».

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[club] Zola-Mauriac – D’autres Emma Bovary?

tdEmma s’ennuie depuis toujours, Thérèse D. aussi me semble-t-il (elle ne ressent rien dans tout le roman j’ai l’impression).

Thérèse R. est un cas un peu différent. Il me semble qu’elle aurait pu être heureuse, si sa tante ne l’avait pas enterrée vivante, si elle avait pu assouvir sa sensualité avec un mari. Tout aurait été différent aussi si Thérèse avait pu divorcer. C’est la morale et le poids des conventions qui poussent Laurent et Thérèse au crime (critique sociale de Zola). Thérèse est charnelle, elle n’est pas romanesque comme Emma Bovary ou intellectuelle comme son homonyme.

Cependant, lorsque Thérèse R. se met tardivement à la lecture, bien après les deux autres héroïnes, l’effet négatif des romans ne tarde pas. Elle est une mauvaise lectrice, car elle n’a pas appris à lire.

Les maris des Thérèse sont bien pires que Charles, mais leurs amants sont par contre meilleurs que ceux qu’Emma. Camille rappelle les maris impuissants de Balzac, de la Baudraye ou Mortsauf, maladif, avare et égoïste. Il rappelle aussi Bernard Desqueyroux. Il est ennuyeux et égoiste. Camille est le moins manipulateur, car le plus bête, je trouve.

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[club] Weiner-Cusk-Guéritault – La femme assassinée

violaine gueritaultJuliet est une femme frustrée. Cela est clair dès les premières pages du roman : elle a le sentiment d’avoir sacrifié le brillant avenir auquel elle était promis à son mari. Elle le dit dans des mots très dure : « All men are murderers, Juliet thought. All of them. They murder women. They take a woman and little by little they murder her »

Juliet se sent assassinée. Elle n’existe que le dernier vendredi du mois pour son club de littérature. « At the Literary Club, however, for an hour, Juliet took a human form »

De même Kate rêve que sa vie n’est pas la sienne : elle explique dans le premier chapitre que c’est un rêve récurrent. Elle a du mal à être actrice de sa propre vie. C’est un syndrome du burnout décrit par Violaine Guéricault. Enquêter sur le meurtre de Kitty lui permet de reprendre contact avec sa vie professionnelle d’avant ; mais cette enquête est bien plus qu’un hobby. Depuis la naissance des enfants, Kate était dans une sorte de dépression, elle n’arrivait à s’intéresser à rien. Depuis trois ans, cette enquête est la première chose qui l’intéresse, c’est en quelque sorte une thérapie, ce qui lui permet de reprendre goût à la vie. L’enquête lui permet de reprendre confiance en elle. Elle poursuit l’enquête au péril de sa vie car elle lui permet à nouveau d’exister c’est à dire d’être quelqu’un (en référence au titre au début du roman Kate sent qu’elle n’existe pas, qu’elle n’est personne, que sa vraie vie est ailleurs).

Juliet songe à se venger de son « assassinat » en expliquant à ses élèves que Les Hauts de Hurlevent traitent avant tout de vengeance… Elle développe un argument autour de la mère des soeurs Brontë qui me rappelle l’argument de la soeur de Shakespeare de Woolf (très présente dans Arlington Cusk). La mère des soeurs Brontë a été assassinée par son mari, sa famille, en quelque sorte ses filles l’ont vengée.

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[club] Weiner-Cusk-Guéritault – Universalité du stress maternel

photo-La-Vie-domestique-2013-6Violaine Guéricault explique que son observation ne dépend pas des cultures (même chose en France et aux USA), ne dépend pas des milieux sociaux… Etre mère causerait toujours une répétition de petits stress, pouvant si on ne le reconnait pas conduire au burn out.

Au début du roman, Kate pense que Kitty est très différente d’elle (« As far as I was concerned she represented everything that was wrong with my new hometown ») au fil de l’enquête elle se découvre des points communs. Cela renvoie à l’universalité du phénomène de burnout décrit par Violaine Guéricault. Cependant Kate ne le perçoit pas, elle pense qu’elle est différente des autres, qu’elle est la seule à ne pas s’en sortir. Violaine Guéricualt décrit aussi cette isolement qui renforce le stress maternel.

De même les femmes d’Arlington Park sont très différentes, pourtant leur expérience se ressemble. Comme Kate, Juliet se sent une « outsider » (« With her job, her PhD, her air of bitterness, she was an outsider »), pourtant son expérience est proche de celles des autres

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[club] Weiner-Cusk-Guéritault – Le travail invisible des femmes

vie domestiqueDans une interview à Télérama du 2 octobre 2013, Isabelle Czajka, réalisatrice de l’adaptation cinématographique d’Arlington Park explique qu’elle a voulu montrer le travail invisible des femmes.

C’est en effet le thème des trois ouvrages au menu de ce jour. Les héroïnes des romans accomplissent un travail invisible. Invisible parce que méconnu et surtout pas reconnu.

Les maris de Kate, Christine ou Juliet n’accordent à leurs épouses aucune reconnaissance. Ils pensent que leur quotidien est facile. Il ne leur en parle que pour leur faire des reproches. Ben par exemple ne donne qu’un feedback négatif à Kate : plus de chemises propres, ses kilos en trop, incident lors de la fête d’anniversaire… Ceci illustre le chapitre 5 du livre de Violaine Guéricault. Ce manque de reconnaissance est un facteur de stress.

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[club] Friedan-Perrot – A qui la faute?

friedanfromradcliffewebsiteBetty Friedan essaye de chercher les responsables : les inventeurs de la mystique féminine.
La liste est longue :
La psychanalyse (Freud et surtout les freudiens après lui et la vulgarisation de leurs idées);
La sociologie avec le formalisme;
l’anthropologue Margareth Mead;
les adversaires du féminismes;
ceux qui ne voulaient pas se remettre en question après 1945;
le système éducatif;
les publicitaires et les industriels.

Mais n’y-a-t-il une raison plus profonde? Une prémisse erronée dans la façon de penser les femmes et leur rôle dans la société….

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[club] Friedan-Perrot – Assez de l’argument de la nature féminine

friedanPourrait-on en finir avec l’argument de la nature? Ce sont toujours des raisons biologiques ou physiologiques qui sont avancées pour justifier l’inégalité des sexes ou le rôle que les femmes devraient avoir : elles sont trop petites, elles ont un utérus etc.
Ainsi Michelle Perrot remarque que le discours sur les femmes utilise un vocabulaire organique et médical. Les femmes ne sont qu’un corps faible, malade, indisposé, maltraité et surtout un corps disposé à enfanter. Le travail à l’usine est critiqué parce qu’il abîme le corps des femmes, remet en cause la reproduction. De même Betty Friedan montre comment la mystique féminine réduit les femmes à leurs fonctions biologiques (se reproduire, enfanter) ou corporelles (se faire belle, faire l’amour, faire le ménage et les repas). Tout se passe comme si elles n’avaient que des besoins physiologiques alors qu’elles en ont d’autres comme les hommes (chapitre 12).
Les femmes sont, tout comme les hommes, des êtres de culture. Arrêtons donc d’avancer l’argument de la nature pour justifier quoique ce soit les concernant.

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[club] Friedan-Perrot – La femme est un humain comme les autres

the-feminine-mystiqueLa femme est un humain comme les autres
Je pense que c’est le grand argument de Betty Friedan. La femme a besoin de satisfaire tous les besoins de la pyramide de Maslow (chapitre 12) et aussi de résoudre à la fin de l’adolescence sa crise d’identité (chapitre 3). Tout comme les hommes.
Chaque femme doit construire son identité car il n’y a pas pour elle un rôle prédéfini qu’il suffirait de suivre. Ceci m’amène à un argument célèbre l’argument de la nature féminine…

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[club] Friedan-Perrot – Une nouvelle mystique?

jenifer-en-couverture-de-elle-expose-sonBetty Friedan écrit sur les USA de l’après guerre. Il est donc normal de se demander si son témoignage est encore pertinent aujourd’hui. La mystique féminine existe-t-elle aujourd’hui ? De plus peut-on l’exporter en dehors des USA ?
Je pense que ce qui demeure pertinent dans l’ouvrage quelque soit l’époque ou le pays, c’est le mécanisme de formation de la mystique. Il se peut que le contenu soit différent, mais le mécanisme demeure le même.
Cela nous amène à d’autres questions. Quelle est la mystique féminine aujourd’hui ?
Je pense qu’Elisabeth Badinter donne des éléments de réponse dans son ouvrage Le Conflit, sur lequel nous avons déjà débattu. Il y aurait un retour à une mystique proche de celle de Friedan, après un passage par une mystique de la superwoman (mère- femme- entrepreneure parfaites à tous les niveaux). Ce serait aussi le cas aux Etats-Unis (http://www.forbes.com/sites/meghancasserly/2012/09/12/is-opting-out-the-new-american-dream-for-working-women/).
Personnellement je trouve que le problème est l’image de la perfection diffusée dans les magazines, même si on ne l’exige pas dans tous les domaines, cette idée que le bonheur c’est avoir une vie de couple parfaite, une organisation parfaite, une ligne parfaite… est très présente… Donc je pense qu’il y a toujours une mystique féminine, qu’il y a toujours une tendance à réduire les femmes à leur supposée nature, qu’il y a donc toujours une fabrication de frustrations et de névroses ou en d’autres termes une fabrication d’Emma Bovary (les magazines féminins ayant remplacés Walter Scott).