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[club] Alice B. Toklas – Respect et reconnaissance

The Autobiography of Alice B. Toklas est une autobiographie particulière car 1) elle parle plus de Gertrude Stein que d’Alice B. Toklas et 2) elle a été écrite par Gertrude Stein. Il s’agit donc de la vraie autobiographie de Stein et de la fausse autobiographie de Toklas. Cependant le procédé nous montre que Stein pensait que le meilleur témoin de sa vie était sa compagne. C’est une marque de confiance et de reconnaissance : à plusieurs reprises dans l’ouvrage, Alice commente une action d’un personnage en disant qu’il en ignorait le sens pour Stein (« I do not believe even she realises how much his visit meant to her »). Cela signifie que seule Toklas connaît la Gertrude Stein intime, privée. Elle apparaît aussi comme la plus grande experte de son œuvre. En outre cet ouvrage est un moyen de ne pas laisser dans l’ombre ni leur relation ni le rôle important de Toklas dans la vie de Stein (cuisinière, secrétaire, éditeur, agent…).

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[club] Sophie Tolstoï – Une ennemie des femmes?

Sophie Tolstoï peut difficilement être qualifiée de féministe, même si sa vie est un exemple criant d’inégalité entre les sexes. Dans ses écrits, elle ne cherche pas à soulever les femmes ou même à rendre compte de la condition féminine. Elle oppose deux types de femmes : les pures et les impures, les épouses que les maris abandonnent et les prostituées qui reçoivent les maris infidèles.

Ainsi elle explique ne pas aimer le roman de son époux Résurrection parce qu’il met en scène des prostituées. « Il m’est désagréable de connaître par le menu la vie des prostituées, de ces créatures qu’ont fréquentées nos maris, nos fils, nos pères et plus généralement les hommes. Et les jeunes filles pures et innocentes que nous sommes se trouvent héritières de ces êtres déchus » (Ma vie, p. 958).

En accusant les prostituées de jeter l’opprobre sur toutes les femmes, elle joue le jeu des hommes. Si son observation et son ressenti sont exacts : « L’homme met au premier plan l’amour physique, la femme idéalise et poétise l’amour, il y a d’abord la tendresse, l’éveil sexuel ne vient qu’après » (Ma vie, p.771). Elle n’analyse pas les causes de cette différence, elle présume qu’elle est naturelle quand elle est, selon moi nous l’avons montré dans des discussions précédentes de ce bookclub, le fruit d’inégalités et de différences d’éducation.

De même son insistance sur la différence entre l’idéalisme des femmes en amour et le matérialisme des hommes n’est jamais questionnée et est posée comme une évidence. Il y a sans doute dans ce manque d’argumentation un manque de temps, mais aussi un besoin de justifier son sacrifice et son malheur, une rationalisation.

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[club] Sophie Tolstoï – A qui la faute? / La Sonate à Kreutzer

Sophie Tolstoï se sent offensée par l’ouvrage de son époux La Sonate à Kreutzer (1890) qu’elle aide pourtant à publier.

Elle décide donc d’y répondre et écrit A qui la faute ?, mais son entourage la dissuadera de le publier. Elle y défend son point de vue sur l’amour et les femmes : « je voulais montrer la différence entre l’amour d’un homme et celui d’une femme » (Ma vie, p. 771).

Dans A qui la faute ?, Anna, jeune fille innocente et cultivée qui rêve d’un amour spirituel épouse un prince, ami de la famille. Elle déchante tout de suite : il ne la désire que charnellement. Elle trouve un peu de réconfort auprès de ses enfants et de la campagne. Son mari continue de la décevoir, en méprisant à la fois ses enfants et tout ce qu’elle aime. Un jour, elle rencontre Dimitri, vieil ami de son mari avec qui elle noue une relation platonique proche de son idéal spirituel. Son époux devient jaloux et finit par la tuer.

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[club] Sophie Tolstoï – Besoins spirituels

Sophie Tolstoï explique en des termes plus philosophiques et, à mon avis, plus pertinents ce que nous appelons aujourd’hui la charge mentale. C’est l’impossibilité de se sortir du quotidien, l’impossibilité de se consacrer à ses besoins spirituels.
« Ma vie se réduisait alors à l’éducation des enfants, ce qui me pesait souvent, mes besoins spirituels n’étant pas satisfaits » (Ma vie, p. 152)

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[club] Sophie Tolstoï – Sacrifice

Sophie Tolstoï est mère de 13 enfants. Personne ne s’étonne lorsqu’elle écrit qu’elle n’avait pas le temps d’écrire car elle était absorbée par leur soin et leur éducation. « Les enfants encore et encore, finirent par tuer en moi tous les talents » (Ma vie, Sofia Tolstoï, éditions des Syrtes, p. 93) ; « J’étais totalement absorbée par les aspects pratiques de l’existence, Lev Nikolaïevitch, au contraire, par la vie intellectuelle et spirituelle » (Ma vie, p. 616). Mais ces aspects pratiques ou « soucis quotidiens de la vie » (Ma vie,  p.65) ne désignent pas seulement ses obligations maternelles. Le temps qu’elle ne consacre pas à ses enfants, Sophie le consacre à son mari : recopier et corriger ses œuvres, organiser les éditions… Elle s’est donc sacrifiée pour décharger son époux de tous les soucis matériels pour qu’il puisse se consacrer à l’art et à la pensée.

Face à ce constat, il me semble que les sentiments de Sophie Tolstoï sont ambivalents : amertume et frustration d’un côté, fierté et joie de l’autre.

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[club] Marie d’Agoult – Importance des modèles féminins

Nélida illustre l’influence que peuvent avoir des figures féminines positives (Mère Sainte-Elizabeth, Nélida pour sa camarade de couvent, Mme Roland pour Mère Sainte-Elizabeth) ou négatives (Mme d’Hespel) sur la vie des femmes.
Voici donc une confirmation pour notre bookclub. Il est très important de trouver des modèles et de les choisir avec soin.

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[club] Marie d’Agoult – Plus forte que Flaubert

La description de Nélida au couvent me fait penser à celle d’Emma Bovary. « Bientôt elle s’absorba dans ses lectures au point de prendre en dégoût mortel les études de la classe et le caquet des pensionnaires » p. 51.
Mais Nélida est plus forte qu’Emma (il ne s’agit pas bien sûr de dire que le style de Marie d’Agoult surpasse celui de Flaubert) et elle dépasse son bovarysme. Si sa relation avec Guermann commence comme les amours d’Emma (« jamais leurs entretiens ne se rapportaient à la vie réelle » p. 124), elle parvient à voir le vrai visage de son amant et à avancer. Ainsi dans Nélida ce sont les hommes qui meurent (le mari, Guermann) et les femmes qui demeurent et résistent (Nélida, Mère Sainte-Elizabeth).

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[club] Marie d’Agoult – la revanche d’une femme trompée?

Nélida a été critiqué à sa sortie car on reprochait à Marie d’Agoult de vouloir simplement se venger de la trahison de Lizt en faisant un portrait peu flatteur.
Il me semble que cette critique est injuste car aujourd’hui, quand le fait « people » est oublié, ce roman demeure agréable et intéressant. Marie d’Agoult a utilisé l’écriture pour guérir de son chagrin, cas classique de sublimation, et elle a ainsi pu progresser vers sa vocation d’écrivaine. De même Nélida ne reste pas figée dans la passion de sa jeunesse et parvient à se remettre de sa rupture avec Guermann.
On peut remarquer que beaucoup d’auteurs masculins ont eu la même démarche, écrire après une déception amoureuse, sublimer, mais n’ont pas été accusés d’être revanchards. Au contraire, on les a traités d’artiste. Je pense que Marie d’Agoult mérite le même titre.

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[club] Alma Mahler – Vocation étouffée ou absence de vocation?

Alma a composé durant sa jeunesse et affiché l’ambition d’écrire un opéra. Après son mariage avec Mahler, son activité artistique se ralentit. Après la mort de Mahler ses œuvres n’intéressent plus.
Doit-on y voir une vocation étouffée par les conventions sociales ? Ou bien Alma était-elle simplement peu douée ? N’était-elle pas plutôt douée pour s’entourer d’artistes et tenir salon? Les biographes ne sont pas d’accord sur cette question. Cependant, ses œuvres étant encore jouées, on peut penser qu’elle avait du talent. Nous ne savons pas pourquoi elle a cessé de composer : était-ce une lassitude personnelle ou pressée par la société ? Peut-être un peu des deux. Il semble qu’elle ait privilégiée sa vie amoureuse à sa création artistique et qu’elle préférait être avec des artistes plutôt qu’être une artiste.

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[club] Alma Mahler – Veuve de

Alma a vécu 85 ans (1879-1964) et a été l’épouse de Gustav Mahler pendant 9 ans (1902-1911). Elle a également été mariée à Franz Werfel pendant 16 ans (26 ans si on compte leur vie en commun). Avant d’être une femme d’artiste, elle est donc d’abord une veuve d’artiste. Elle se distingue par sa gestion de droits d’auteur et sa vie amoureuse.
Est-ce qu’être donne plus de liberté aux femmes? L’exemple d’Alma ne plaide pas pour un oui. Premièrement elle s’est remariée. Ensuite elle n’a pas créé après la mort de Mahler.