Marie de Rabutin- Chantal naît à Paris le 5 février 1626.
Une éducation moderne. Orpheline très tôt – son père meurt quand elle a dix-huit mois, et sa mère quand elle a six ans, elle décrit cependant sa jeunesse comme heureuse. Elle sera élevée d’abord par ses grands-parents maternels puis par son oncle maternel Philippe de Coulanges, abbé de Livry. Elle reçoit une éducation moderne, sans latin ni rhétorique, mais apprend l’espagnol et l’italien. Elle devient une jeune fille spirituelle et séduisante, en plus d’une héritière solidement dotée.
Une brève expérience conjugale sans succès. Elle épouse à 18 ans le marquis de Sévigné, issu d’une vieille noblesse de Bretagne. Elle lui donnera deux enfants Françoise en 1646 et Charles en 1648. Il n’y a pas d’amour entre les deux époux et le marquis de Sévigné non seulement trompe sa femme mais se compromet dans ses affaires galantes. A la suite de l’une d’elle, il est tué dans un duel le 4 février 1651 par le chevalier d’Albret. Madame de Sévigné se retrouve veuve à vingt-cinq ans et prend le deuil. Elle passe quelques mois sur les terres de son mari, les Rochers, puis revient à Paris où elle vivra ordinairement jusqu’à sa mort, mis à part des voyages. Elle paraît à la Cour depuis sa jeunesse, mais ses relations avec Louis XIV ont toujours été quelque peu tendues. Son mari a soutenu les conjurés lors de la Fronde, elle est amie avec des hommes en disgrâce, Bussy et Foucquet ; elle interdit que sa fille devienne favorite
Amitiés. Madame de Sévigné fréquente l’hôtel de Rambouillet, puis le salon de Madeleine de Scudéry. Elle est bien entourée, notamment par Madame de Lafayette, La Rochefoucauld ou Pomponne. Très courtisée, surtout après la mort de son époux, elle ne cède à aucun de ses prétendants mais conserve avec eux des liens d’amitié. Parmi ces soupirants éconduits devenus amis fidèles, on compte son cousin Bussy et le surintendant Foucquet. Tous les deux vont placer la marquise dans un scandale. Bussy, tout d’abord, reproche à sa cousine de ne pas lui avancer une somme sur un héritage commun et se brouille avec elle en 1658. Il publie un portrait acide de sa cousine dans un roman à scandales. Plus grave est cependant le scandale dans lequel l’entraîne Foucquet. Après l’arrestation du surintendant à Nantes en 1661, sa correspondance est rendue publique. La rumeur d’une liaison avec la marquise de Sévigné circule à Paris et à la Cour. Bussy défendra sa cousine et se réconciliera ainsi avec elle. De plus, le Roi lit les lettres de la marquise : elle lui révèle son intégrité morale, mais surtout elles lui plaisent esthétiquement.
Un amour maternel déçu à la base d’une carrière littéraire. Madame de Sévigné a toujours écrit des lettres. C’est un moyen de communication habituel à l’époque. Mais ses premiers correspondants, parents ou amis, n’ont pas juger nécessaires de garder ses lettres, dont le but était seulement de communiquer. Madame de Sévigné elle-même ne confie-t-elle pas en 1649 qu’ »une heure de conversation vaut mieux que cinquante lettres »? (Chère Madame de Sévigné, R. Duchêne, p.48) C’est le départ de sa fille qui va opérer un tournant et faire des lettres de Madame de Sévigné des œuvres littéraires. Françoise de Sévigné, qui a toujours, hormis un bref séjour à la Visitation de Nantes, été élevée auprès de sa mère, doit en 1671 suivre son mari, le comte de Grignan, en Provence et quitter par conséquent sa mère. Celle-ci en est fortement affectée et se met à écrire régulièrement pour se consoler non seulement de l’absence de sa fille, mais de ce qu’elle appelle sa « froideur ». Madame de Grignan en effet ne semble pas retourner cette affection exclusive que sa mère lui porte, au point de la préférer dans son testament. Sur les 1120 lettres de Madame de Sévigné recensées aujourd’hui, 764 (soit 68%) s’adressent à sa fille.
Madame de Sévigné meurt à Grignan le 17 avril 1696.
Lettres
Une aventure éditoriale. Les lettres de Madame de Sévigné n’ont pas été publiées de son vivant. Certaines ont circulées, remarquées pour leur style et leur contenu. En 1697, ses réponses à des lettres de Bussy paraissent dans la correspondance de celui-ci. En 1725, quelques extraits de lettres à Madame de Grignan sont édités dans une plaquette. Deux volumes paraissent l’année suivante sous le patronage de la petite-fille de la marquise : il s’agit en fait de copies subreptices des lettres de la marquise réalisées par le fils ainé de Bussy. La petite-fille, Pauline de Simiane, fille de Madame de Grignan, vexée de l’utilisation abusive de son nom, confie alors à Denis-Marius Perrin la réalisation d’une édition officielle. Il publie ainsi 614 lettres en 1734 et 772 en 1754. Il s’agit de lettres tronquées par Pauline et remaniées par l’éditeur qui se pose pratiquement en co-auteur. En 1818 et en 1862, Monmerqué essaye de revenir aux originaux ; mais cela n’est vraiment possible que grâce à la découverte en 1873 par Capmas, un antiquaire, d’un lot de copies manuscrites. Ce manuscrit ne paraît intégralement qu’en 1953 dans la Pleiade (édition de Gérard Gailly), puis en 1973 (édition de Roger Duchêne).
Des textes estimés. Trois raisons ont porté à publier les lettres de Madame de Sévigné et à la distinguer ainsi de ses contemporains, qui eux aussi s’écrivaient. Les lettres de Madame de Sévigné :
* Constituent un témoignage historique sur les mœurs, mais aussi les événements historiques. L’historien peut par exemple y trouver des éléments sur les campagnes de Louis XIV, l’affaire des poisons, la vie à la Cour…
* Sont une œuvre moraliste. Mme de Sévigné sait remarquer les effets et les signes des caractères.
* Sont une œuvre littéraire. Mme de Sévigné sait imaginer et rendre. Son style est original et constitue une véritable création.
Bibliographie
Madame de Sévigné, Lettres, Garnier-Flammarion, 2006.
Duchêne Roger, Chère Madame de Sévigné, Découvertes Gallimard, 1995.
Bernet Anne, Madame de Sévigné, mère passion, Perrin, 2009.
Pour aller plus loin
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Mme_de_Sevigne
http://www.alalettre.com/sevigne-oeuvres-lettres.php