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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – Un parcours de femme au XXe siècle

9782020407649Je voulais dire mon étonnement à la lecture de cet ouvrage.

Jeanne Ancelet-Hustache est un auteur que j’ai découvert lorsque j’ai étudié Maître Eckhart : c’est une de ses meilleurs traducteurs (éd. du Seuil) et rédigé un livre d’introduction à sa pensée qui reste fondamental. Elle a soutenu une thèse à la Sorbonne sur une béguine, Mechtild de Magdeburg.

Je n’imaginais que son parcours avait été si long et si peu évident. Qu’elle avait emprunté plusieurs voies (allemand, lettres) avant d’accéder à l’enseignement dans le supérieur et que cet accès n’avait pas été sans heurt : elle rapporte un professeur d’université qui avait refusé qu’une femme lui succède sur sa chaire. Alors que son autorité est aujourd’hui reconnue sans l’ombre d’un doute.

J’ajoute qu’elle fait partie des femmes ayant mené ses études en travaillant, en étant mariée et mère de famille, ce qui n’était pas plus courant à l’époque qu’aujourd’hui.

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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – Ambiance au lycée de filles

414q22zhwbl-_sx195_Dans son récit de vie au lycée pour jeunes filles, Jeanne Ancelet-Hustache n’esquive aucun sujet. Pas même celui, un peu périlleux, des amitiés féminines un peu trop affectueuses. Elle fait le portrait d’une directrice peu amène, desservant presque la cause des jeunes filles dont elle doit assurer l’éducation à force de soupçons mal placés. Dans son ouvrage, elle nous retrace le programme scolaire, les relations des élèves entre elles.

Le lycée de filles n’avait pas l’air bien différent d’un lycée de garçons…

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[club] Jeanne Ancelet-Hustache – Accès des femmes à l’éducation en France, un combat (presque) oublié

Jeanne Ancelet-Hustache, écrivain, professeur et historienne de la religion française. France, vers 1930.
Jeanne Ancelet-Hustache, écrivain, professeur et historienne de la religion française. France, vers 1930.

Je commencerai par relever la fin de l’ouvrage, où J. Ancelet-Hustache mentionne toutes les femmes ayant accédé à un poste à haute responsabilité entre 1948 et les années 80 : « Toutes mes félicitations, mesdames. Personne n’a pu vous les adresser plus chaleureusement que moi, mais quand je lis que l’une d’entre vous a obtenu ce dont elle rêvait « depuis son bachot », je pense que c’est grâce à nous, grâce à celles de notre génération, à nos luttes obscures et constantes, que vous êtes devenues ce que vous êtes. Des édifices dans lesquels vous trônez, nous avons essuyé les plâtres. » (p.191)

Quelles ont été ces « luttes obscures » ? Des demandes à l’administration pour que le concours d’entrée à l’école normale d’instituteur soit la même pour les filles et pour les garçons ; que les concours d’agrégation soient les mêmes pour les filles et pour les garçons : « – laissez-nous passer les mêmes concours. – Ils sont beaucoup trop durs pour des femmes.(…) on ne trouvait pas trop « dur » d’imposer aux femmes, tout au long de leur carrière, un service plus lourd que celui des hommes pour un traitement sensiblement moindre » (p. 187). On voit là le double discours du gouvernement…
Aux demandes officielles s’ajoutaient des passe-droits ponctuels : « quand la fille d’un ministre ou de quelque personnage important avait envie de passer une agrégation « masculine », la porte s’entrouvait une année ou deux ».
L’argument du manque d’argent était avancé par le gouvernement, et c’est toujours le même : « tout ce que les femmes auront en plus, les hommes l’auront en moins ». C’est pour la même raison que le travail des femmes fut critiqué : il enlèverait du travail aux hommes et ferait baisser les salaires en augmentant la demande d’emploi.
Le rapprochement des associations masculines (Société des agrégés) est également retracé comme un pas vers une lutte plus efficace. Mais Jeanne Ancelet-Hustache relève aussi qu’un changement de mentalité a sans doute joué dans ces progrès, indépendamment des revendications portées par les femmes elles-mêmes, seules ou avec leurs confrères masculins.

L’accès des femmes aux concours n’aura pas pris tant de temps que cela : entre les premières demandes et le gain de cause, moins d’un siècle s’est écoulé.
Je pense qu’il est bon de s’en souvenir aujourd’hui.

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[club] Vigée-Lebrun – Mères et filles

vigee 1On trouve beaucoup de sujets de mères et filles dans la peinture de Vigée-Lebrun. L’une de ses oeuvres a même pour sous-titre « la tendresse maternelle », et son premier tableau était un portrait de sa mère. On sait par ailleurs que ses relations avec sa fille étaient très étroites jusqu’au mariage de celle-ci.

Est-ce que cela renforce le préjugé selon lequel le sentiment maternel serait naturel aux femmes ? Est-ce en vertu de ce préjugé que Vigée-Lebrun a été retenue dans l’histoire de la peinture ? C’est son art du portrait qui l’a fait connaître à son époque ; toutefois, aujourd’hui, sa réputation s’est restreinte aux sujets liés à l’enfant. Le XVIIIe siècle serait-il plus progressiste que nous dans sa vision de la femme peintre ?

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[club] Vigée-Lebrun – Une femme peintre

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Il y a peu de femmes peintres dans l’histoire de la peinture et Elisabeth Vigée-Lebrun est un cas particulier : fille de peintre, elle devient peintre de la cour grâce à Marie-Antoinette. Spécialisée dans les portraits, elle se distingue par sa sensibilité.

Or le portrait n’est pas un genre noble en peinture au XVIIIe siècle, au contraire des tableaux historiques ou religieux : une femme a-t-elle pu avoir du succès en peinture justement parce qu’elle traitait d’un genre mineur ? S’ajoute à cela que sa qualité, la sensibilité, est alors associée à la féminité : est-ce, là encore, en raison de stéréotypes que Vigée-Lebrun a pu être reconnue comme peintre ?

Je nuancerai ce dernier point en rappelant que l’éloge de la sensibilité était faite par Rousseau et qu’il ne la présentait pas comme l’apanage des femmes. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières mais aussi celui des pastorales et du Trianon. En ce sens, Vigée-Lebrun est une peintre qui représente à merveille son temps.

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[club] Woolf/Colette – Des écritures féminines ?

claudineJe tenais à relever la grande différence de style entre Woolf et Colette, qui n’ont pourtant que 10 ans de différence. Woolf a une écriture très réfléchie, introspective, impressionniste. On n’y trouve pas d’accent mis sur l’intrigue ; et je trouve que ce n’est pas vraiment le propos chez Colette non plus. En revanche, le style de Colette est vif, coloré, parfois même un peu trop ; il y a de l’humour, de la légèreté et une grande capacité à adopter différents styles, correspondant chacun à un personnage différent, dans les passages en discours direct, qu’il s’agisse de dialogues ou de lettres (Annie, Claudine, Alain…).

Dans les deux cas nous avons accès à une certaine classe sociale, mais elle n’est pas décrite de la même manière. Chez Woolf, ce monde est décrit de l’intérieur, avec une certaine adhésion à ses valeurs ; chez Colette, il est décrit depuis un point de vue marginal, avec une réticence à adopter ses valeurs. Et finalement c’est la marge qui l’emporte. En cela Claudine s’en va m’a semblé très proche de Thérèse Desqueyroux.

 

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[club] Woolf/Colette – La maison, attribut féminin ?

woolfOn trouve dans To the Lighthouse une description d’anthologie de la maison en l’absence de ses habitants, qui fait écho à la disparition de la mère. Curieusement, on retrouve une description similaire dans un autre tome des Claudine, La maison de Claudine, qui s’ouvre sur la maison familiale présentée comme un décor de théâtre où se trouvent dissimulés les enfants que la mère, entrant sur la scène de la mémoire, appelle et cherche. Dans les deux cas, l’accent est mis sur le poids de l’habitude et sa révélation lorsque l’habitude est brisée : quelque chose est perdu, cette chose c’est la famille et son centre fondateur, la mère.

De là à voir dans la maison le symbole de la mère, par quasi-métonymie, il n’y a qu’un pas ; et ceci d’autant plus que nous avons déjà rencontré l’idée de la femme « ange du foyer » dans nos lectures victoriennes.

Pourtant ce n’est pas avec La maison de Claudine mais avec Claudine s’en va que nous avons voulu nouer un dialogue des deux côtés de la Manche. Dans cet autre volet des Claudine, on trouve la mention d’une maison familiale au début, trop tôt quittée par la jeune mariée Annie. La maison dans laquelle elle s’installe avec son mari n’a rien du symbole familial de To the Lighthouse ou de La maison de Claudine, et pour cause : aucune famille n’est vouée à s’y installer, le couple que forment Annie et son mari n’étant pas viable. En fait d’enfant, Annie pourrait tenir le rôle, tant son mari l’infantilise. Dès lors c’est en fuyant cette maison qui n’est pas la sienne qu’Annie s’émancipe du rôle de femme-enfant que son mariage entendait lui faire jouer. – En ce sens, la métaphore de la femme-maison peut fonctionner dans les deux romans, mais pas de la même manière.

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[club] Levin/Jourgeaud – Adaptations cinématographiques

Nos romans au programme de ce mois ont connu un certain succès cinématographique ; Levin écrivait d’ailleurs la plupart de ses romans en ayant une adaptation ciné en tête.

The Stepford Wives a ainsi été adapté deux fois au cinéma, la première en 1975 et la deuxième en 2004 (attention la bande-annonce du film de 2004 spoile toute l’intrigue ; et on peut s’interroger sur la pertinence du choix de l’actrice principale) :

https://www.youtube.com/watch?v=P7wEi3qJGDc


Quant au roman Une héroïne américaine, il ne sera pas à proprement parler adapté au cinéma, mais l’histoire de Brownie Wise, qui y est développée, a été mise en texte au États-Unis et sera l’objet d’un film prochainement.

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[club] Levin/Jourgeaud – Qu’est-ce qu’une héroïne ?

CVT_Une-heroine-americaine_1491 the-stepford-wivesDans Stepford wives comme dans Une héroïne américaine, les protagonistes principales se singularisent par leur opposition au groupe. Elles ne s’inscrivent pas dans une attitude grégaire mais se démarquent par leur liberté d’esprit, leur indépendance, qui peuvent être perçus comme des marques d’inadaptation (Joanna n’est pas une ménagère parfaite et cela est perçu comme un défaut ; Brownie est décrite comme ayant la folie des grandeurs, mais ce n’est qu’un prétexte pour la licencier ; les travaux d’Amelia sont taxés de vulgarité).

Cette écriture de l’héroïsme à travers la figure de l’individu singulier et résistant à la pression du groupe n’est pas isolée : on la retrouve par exemple dans Rhinocéros de Ionesco. Elle traverse également toutes les adaptations ciné et télé retraçant les procès de l’Inquisition (Galilée, Jan Hus…). On trouve presque là la figure du juste persécuté, seul contre tous, dont un des prototypes est Jésus Christ. Cette dimension des deux romans est d’autant plus intéressante, je trouve, qu’elle permet de faire un lien avec la réflexion sur la mythologie sous-jacente à Une héroïne américaine : et si le XXe siècle n’avait fait que réécrire les mythes anciens, sans parvenir à en écrire de nouveau ? A moins que le seul mythe original du XXe siècle soit celui de du héros au féminin : de l’héroïne…

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[club] Bettelheim & Mead – Répercussions

psychanalyse-des-contes-de-fees-359361Le nom de Bettelheim est connu surtout pour sa Psychanalyse des contes de fées et pas pour cet article sur le « Devenir femme » ; pourtant, il me semble qu’on peut faire un lien entre les deux écrits, puisque le premier ouvrage traite de nombreuses héroïnes féminines et que les contes de fées mettent justement en scène et en question le devenir-femme : le petit chaperon rouge et les risques de la séduction, par exemple. La réflexion sur la féminité dans l’Amérique de l’après-guerre n’est sans doute pas pour rien dans l’analyse psychanalytique des contes de fées.

Quant au nom de Margaret Mead, il était connu dans les années 70 au point d’être cité dans un film de Luis Bunuel, Les fantômes de la liberté, lors d’une scène où un policier instructeur recommande à ses recrues la lecture de L’un et l’autre sexe (Male and female) pour mieux comprendre le rapport des sexes… Son oeuvre était par ailleurs connue par les communautés gay, lesbienne, trans et bisexuelles comme asseyant l’idée (lancée par le premier Freud) d’une bisexualité innée de l’être humain. Plus en amont, son étude sur la sexualité dans le Pacifique rentre dans le sillage du Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot.