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[club] Varda – Auteur au féminin

Dans l’ouvrage au programme de ce mois, c’est Bernard Bastide qui traite directement de la question de l’identité féminine de Varda dans son article « Agnès Varda, une auteure au féminin singulier (1954-1962) ».

Être une femme est en effet une exception dans la bande de la Nouvelle Vague, comme elle le dit elle-même : « « J’étais là comme par anomalie, me sentant petite, ignorante, et seule fille parmi les garçons des Cahiers« . Peut-être est-ce par son refus de voir dans sa féminité un problème et en se focalisant sur l’objectif  d’être un auteur libre, et pas un auteur femme.

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[club] Varda – Artiste dans tous les sens

Agnès Varda est présentée dans cet ouvrage universitaire comme une artiste dans tous les sens du terme (photo, cinéma, dans une certaine mesure interprétation, mais aussi arts plastiques), et qui explore aussi plusieurs directions. Au niveau des sujets, elle s’intéresse autant à son époque (cf la première partie de l’ouvrage) qu’à se saisir elle-même comme individu (cf la 4e partie de l’ouvrage ; en guise d’exemple, je pense d’abord à ses installations ou à certains de ses films, les plus récents, comme Les plages d’Agnès ou Visages, villages), ou encore à faire le portrait de Jacques Demy (Jacquot de Nantes, son travail d’édition des DVD des films de Jacques Demy avec sa boîte de production Tamaris).

Nous sommes donc devant un cas d’artiste plurielle, qui ne se cantonne pas à un art mais passe outre les frontières et navigue d’une pratique artistique à une autre, en y rencontrant toujours la reconnaissance et en se situant à chaque fois du côté de la création. C’est un cas particulièrement intéressant, à ce titre, de création au féminin.

 

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[club] Pina Bausch – Danse des hommes et des femmes

Pina Bausch est un nom que l’on connaît même quand on ne connaît rien à la danse. Des oreilles de néophytes y reconnaissent le nom qu’il faut prononcer pour sembler au courant voire « à la mode ». Sa conception de la danse a infusé dans notre culture contemporaine, par exemple à travers des publicités (je pense à celle d’Air France il y a quelques années) ; son interrogation des rapports hommes/femmes entre en résonance avec celles qui secouent notre société tout récemment. Cette notoriété me semble aller dans le sens d’une reconnaissance du talent artistique de la chorégraphe, signe que la création féminine est, dans ce cas, acceptée et plébiscitée.

J’insère une vidéo pour montrer comment ces rapports hommes/femmes peuvent être figurer de manière chorégraphique.

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[club] Carolyn Carlson – Quelques vidéos

On trouve sur internet des vidéos présentant plusieurs des derniers spectacles de Carolyn Carlson, par exemple « Dialogue with Rothko« .

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[club] Carolyn Carlson – Poétique de l’espace

Dans son spectacle « Now » donné au théâtre de Chaillot en 2014, Carolyn Carlson s’inspire du livre La poétique de l’espace de Gaston Bachelard, qui traite de l’intimité dans sa relation à l’ensemble du monde. Le titre de l’ouvrage de Thierry Delcourt, Carolyn Carlson, De l’intime à l’universel, paru en 2015, reprend cette idée d’une connexion de chaque chose.
La notion de cohérence et d’harmonie est au coeur de l’approche de Carolyn Carlson, que ce soit explicitement dans le discours qu’elle tient sur son art qu’implicitement à travers son langage chorégraphique, qui intègre des arts martiaux asiatiques par exemple en ce qu’ils se pense en connexion avec la nature et l’ensemble du monde.

Je proposerais d’y voir une allégorie du travail du créateur, et plus particulièrement des créatrices : relier ce qu’il y a de plus intime en soi au monde, sans impudeur ; et c’est peut-être ce qui a aussi entravé la création féminine que cette nécessité de se montrer et de sortir du rôle distribué par avance par la société, quelle qu’elle soit.

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[club] Carolyn Carlson – Artiste totale ?

Le terme « poésie » revient souvent sous la plume de Thierry Delcourt : c’est en effet un terme-clé qui permet de comprendre les multiples facettes de Carolyn Carlson, initialement danseuse et chorégraphe mais aussi auteur et calligraphe, entre autres. Dans tous les cas, son activité est placée sous le signe de la poésie, visuelle dans ses créations chorégraphiques, littéraire pour ce qui est des écrits, la calligraphie incarnant les idées par des signes immobiles comme les corps l’incarne par leurs mouvements.

Cette dimension d' »artiste totale » m’évoque Isadora Duncan ; peut-être aussi le côté « affranchissement des codes », même si cette caractéristique peut être le signe un peu facile du génie artistique et qu’on risque le raisonnement circulaire : la plupart des créateurs (et créatrices) vont partager cette composante puisque c’est le critère qui a été appliqué pour les définir comme artistes de génie… Par-delà cette petite nuance à l’égard du caractère nécessairement génial de l’originalité, on peut tout de même se demander si l’émancipation des règles n’est pas ce qui définit le mieux l’accès à la création pour une femme, pour qui la règle est de faire autre chose que créer.

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[club] Isadora Duncan – Vidéos en ligne

On trouve sur internet le film Isadora (1968), consacré à la danseuse, en streaming gratuit, mais aussi des images d’archives de la danseuse.

Le film La danseuse traite du parcours de Loïe Fuller en évoquant sa rencontre et collaboration avec Isadora Duncan.

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[club] Isadora Duncan – Du livre au film

Je ne sais rien de la réputation d’Isadora dans le monde de la danse mais je sais que son nom n’était jamais arrivé à mes oreilles avant le film récent qui met en image sa vie telle qu’elle la raconte dans son autobiographie.

Du film La Danseuse, on a malheureusement surtout retenu qu’il était le premier d’une « fille de » et d’une chanteuse (castée pour jouer la danseuse, c’est peut-être un trait d’ironie de la réalisatrice, qui sait ?). Fonctionnera-t-il, dans le temps, comme une pièce dans l’entreprise de réhabilitation d’une femme majeure dans l’histoire de son art, comme dans celle de l’émancipation des femmes, à l’image du Camille Claudel de Nuytten en 1987 pour la sculptrice éponyme ? C’était une biographie de Camille qui avait été à l’origine, en partie, de l’idée du film, ainsi que la volonté d’une actrice et de son compagnon réalisateur. Concernant La Danseuse, c’est le texte composé par Isadora elle-même qui a permis l’écriture du film, porté là encore par une femme, la réalisation Stéphanie di Giusto.

D’où une question : n’y a-t-il que les femmes pour s’intéresser aux figures-clés de leur émancipation dans le domaine des arts ? Ce n’est pas le cas en histoire des idées, où les grandes figures féminines sont souvent étudiées tant par les hommes que par les femmes (je pense à Claire d’Assise étudiée par Jacques Dalarun, Catherine de Sienne par André Vauchez, ceci pour le seul Moyen Âge). Comment comprendre ce désintérêt masculin pour la question de l’émancipation du créateur lorsqu’il est une femme ? Est-ce la perpétuation de la disqualification du droit des femmes à créer ?

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[club] Isadora Duncan – Une femme libre

Ce qui me frappe à la lecture de cette autobiographie, moi qui n’y connaît rien en danse, c’est l’approche très intellectuelle (références à Nietzsche, Whitman…) de la danseuse concernant son art, qui tient peut-être au fait qu’elle n’est pas seulement interprète mais aussi chorégraphe. Cela s’allie à son souci de conjuguer, dans la danse, « l’âme et le corps ».

Dans tous les cas, ce qui est revendiqué, c’est la liberté : le corps doit faire des mouvements qui échappent aux carcans en vigueur à l’époque, l’âme doit s’y refléter. Par-delà cette conception affranchie de son art, Isadora se démarque par un esprit de liberté dans ses moeurs : refus du mariage, rejet de l’Eglise…

On retrouve en cela les caractéristiques de nombreuses autres femmes étudiées sur ce site, qu’elles soient écrivains, philosophes, femmes politiques, psychanalystes, peintres, etc. C’est peut-être qu’en réalité, il est toujours question de création, et que la création exige de s’être affranchi(e) ?

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[club] Frida Kahlo – Diego, éclipse de Frida ?

Nous sommes encore une fois face à un cas de femme artiste dont la renommée est liée à celle d’un homme : après Camille Claudel et Augustin Rodin, Artemisia Gentileschi et son père, voici Frida Kahlo et son mari, Diego Rivera.

Diego et Frida sont tous les deux engagés dans le Parti communiste mexicain ; Frida s’y intéresse particulièrement à l’émancipation des femmes. L’économie de son couple avec Diego Rivera est intéressante à ce titre : ont-ils réinventé l’amour, pour reprendre l’expression de Rimbaud ?

La relation de Diego et Frida a été passionnelle, difficile mais sincère comme le montrent ses lettres. On n’a pas, comme pour Rodin et Claudel, l’impression d’une vampirisation de l’artiste femme par son compagnon.

Frida Kahlo est reconnue aujourd’hui comme une porte-parole de la singularité féminine et mexicaine : elle a su se servir de son identité comme d’une force, de la même manière que Diego Rivera. Est-ce pour cela qu’ils sont parvenus à construire leur cheminement artistique de manière parallèle ?

Je relève la remarque de Frida sur les intellectuels parisiens qu’elle qualifie d’artistes minables et qu’elle oppose aux « vrais hommes » comme Diego Rivera : y a-t-il quelque chose de propre à la civilisation européenne, voire occidentale, dans la manière dont considérer les femmes artistes (et les femmes en général)?