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[club] Isadora Duncan – Vidéos en ligne

On trouve sur internet le film Isadora (1968), consacré à la danseuse, en streaming gratuit, mais aussi des images d’archives de la danseuse.

Le film La danseuse traite du parcours de Loïe Fuller en évoquant sa rencontre et collaboration avec Isadora Duncan.

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[club] Isadora Duncan – Du livre au film

Je ne sais rien de la réputation d’Isadora dans le monde de la danse mais je sais que son nom n’était jamais arrivé à mes oreilles avant le film récent qui met en image sa vie telle qu’elle la raconte dans son autobiographie.

Du film La Danseuse, on a malheureusement surtout retenu qu’il était le premier d’une « fille de » et d’une chanteuse (castée pour jouer la danseuse, c’est peut-être un trait d’ironie de la réalisatrice, qui sait ?). Fonctionnera-t-il, dans le temps, comme une pièce dans l’entreprise de réhabilitation d’une femme majeure dans l’histoire de son art, comme dans celle de l’émancipation des femmes, à l’image du Camille Claudel de Nuytten en 1987 pour la sculptrice éponyme ? C’était une biographie de Camille qui avait été à l’origine, en partie, de l’idée du film, ainsi que la volonté d’une actrice et de son compagnon réalisateur. Concernant La Danseuse, c’est le texte composé par Isadora elle-même qui a permis l’écriture du film, porté là encore par une femme, la réalisation Stéphanie di Giusto.

D’où une question : n’y a-t-il que les femmes pour s’intéresser aux figures-clés de leur émancipation dans le domaine des arts ? Ce n’est pas le cas en histoire des idées, où les grandes figures féminines sont souvent étudiées tant par les hommes que par les femmes (je pense à Claire d’Assise étudiée par Jacques Dalarun, Catherine de Sienne par André Vauchez, ceci pour le seul Moyen Âge). Comment comprendre ce désintérêt masculin pour la question de l’émancipation du créateur lorsqu’il est une femme ? Est-ce la perpétuation de la disqualification du droit des femmes à créer ?

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[club] Isadora Duncan – Une femme libre

Ce qui me frappe à la lecture de cette autobiographie, moi qui n’y connaît rien en danse, c’est l’approche très intellectuelle (références à Nietzsche, Whitman…) de la danseuse concernant son art, qui tient peut-être au fait qu’elle n’est pas seulement interprète mais aussi chorégraphe. Cela s’allie à son souci de conjuguer, dans la danse, « l’âme et le corps ».

Dans tous les cas, ce qui est revendiqué, c’est la liberté : le corps doit faire des mouvements qui échappent aux carcans en vigueur à l’époque, l’âme doit s’y refléter. Par-delà cette conception affranchie de son art, Isadora se démarque par un esprit de liberté dans ses moeurs : refus du mariage, rejet de l’Eglise…

On retrouve en cela les caractéristiques de nombreuses autres femmes étudiées sur ce site, qu’elles soient écrivains, philosophes, femmes politiques, psychanalystes, peintres, etc. C’est peut-être qu’en réalité, il est toujours question de création, et que la création exige de s’être affranchi(e) ?

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[club] Frida Kahlo – Diego, éclipse de Frida ?

Nous sommes encore une fois face à un cas de femme artiste dont la renommée est liée à celle d’un homme : après Camille Claudel et Augustin Rodin, Artemisia Gentileschi et son père, voici Frida Kahlo et son mari, Diego Rivera.

Diego et Frida sont tous les deux engagés dans le Parti communiste mexicain ; Frida s’y intéresse particulièrement à l’émancipation des femmes. L’économie de son couple avec Diego Rivera est intéressante à ce titre : ont-ils réinventé l’amour, pour reprendre l’expression de Rimbaud ?

La relation de Diego et Frida a été passionnelle, difficile mais sincère comme le montrent ses lettres. On n’a pas, comme pour Rodin et Claudel, l’impression d’une vampirisation de l’artiste femme par son compagnon.

Frida Kahlo est reconnue aujourd’hui comme une porte-parole de la singularité féminine et mexicaine : elle a su se servir de son identité comme d’une force, de la même manière que Diego Rivera. Est-ce pour cela qu’ils sont parvenus à construire leur cheminement artistique de manière parallèle ?

Je relève la remarque de Frida sur les intellectuels parisiens qu’elle qualifie d’artistes minables et qu’elle oppose aux « vrais hommes » comme Diego Rivera : y a-t-il quelque chose de propre à la civilisation européenne, voire occidentale, dans la manière dont considérer les femmes artistes (et les femmes en général)?

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[club] Frida Kahlo – Autoportraits

Frida Kahlo est célèbre pour deux choses : son oeuvre, et surtout ses autoportraits ; et sa relation avec Diego Rivera.

Les autoportraits picturaux de Frida Kahlo ne sont pas complaisants : ils ne l’idéalisent pas, ne cherchent pas à le représenter comme une femme éthérée ou un objet érotique. Ils mettent en avant sa souffrance et sa singularité physique.

Les autoportraits que sont les lettres de Frida Kahlo montrent également sa souffrance : ce sont des confidences, qui lui permettent de s’épancher, mais aussi des lettres de lutte contre cette douleur, physique et morale.

Que ce soit à travers ses tableaux ou ses lettres, Frida se montre en femme déterminée, qui ne cherche pas à occulter la difficulté des épreuves qu’elle traverse mais les combat y compris par l’écriture et la peinture.

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[club] Camille Claudel – Mésaventures de la postérité

camille 2Camille Claudel était une figure oubliée de la sculpture jusqu’à ce qu’Anne Elbée fasse publier cette biographie, traduite en 20 langues.

Mais ce qui a le plus contribué à réhabiliter cette artiste, c’est l’adaptation cinématographique de Bruno Nuytten avec sa femme de l’époque Isabelle Adjani dans le rôle-titre, celle-ci ayant fortement participé à la naissance du projet.

Je me pose donc une question idiote : est-ce que le fait que Camille Claudel ait été jolie, et qu’une actrice tout aussi agréable à regarder en ait campé le rôle, a contribué à sa réhabilitation ? Y a-t-il, là encore, une réduction de la femme à ses seuls attraits physiques ? La focalisation sur la relation avec Rodin joue elle aussi avec une dimension trouble de la perception de la femme : Camille est une amoureuse, une passionnée ; cela perpétue le cliché de l’artiste exaltée, un peu hystérique.

Ce cliché se prolonge jusqu’à l’insistance, récente, sur la fin de vie de Camille Claudel à l’asile. Est-ce parce qu’elle « colle » bien à ces lieux communs sur la femme artiste, qui focalisent leur attention sur la dimension sexuée de sa création et de sa démarche, que Camille Claudel a pu être redécouverte ?

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[club] Camille Claudel – Du frère à la soeur, du maître à la disciple : les ombres masculines

camille claudel 1Nous avons vu avec Artemisia Gentileschi que l’ombre du père planait sur sa carrière et sur sa reconnaissance, encore aujourd’hui, en tant qu’artiste peintre. Le même phénomène s’observe à propos de Camille Claudel, à laquelle la biographe au programme de notre club ce mois-ci est venue par la connaissance de l’oeuvre de son frère, Paul Claudel. Anne Delbée est en effet une femme de théâtre (elle-même préférant le terme « homme de théâtre »), fille de Jean-Louis Barrault, qui a ressenti sa vocation théâtrale lors d’une représentation d’une pièce de Paul Claudel.

Les relations du frère et de la soeur sont abordés dans l’ouvrage ; mais la figure masculine la plus importante pour Camille Claudel, c’est celle de Rodin, qui à la fois catalyse, cristallise et vampirise le talent de Camille. Là où le frère est une figure masculine positive, que la postérité aura davantage mieux en avant que sa soeur, le maître Rodin est un danger pour la femme artiste, mis en position de prédateur. Les relations de concurrence propres au champ artistique prennent alors un tour de séduction potentiellement perverse.

Comment penser sereinement les rapports hommes/femmes dans un contexte concurrentiel ? J’ai l’impression que notre examen des écrivains femmes a certes relevé des rapports de ce type mais que la dimension de prédation de la part des rivaux masculins n’était pas si forte : qu’en penses-tu ?

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[club] Artemisia – Le père Pygmalion

images.duckduckgo.comDans Artemisia, Orazio Gentileschi est présenté comme un Pygmalion qui instrumentalise sa fille à ses propres fins : elle doit terminer son oeuvre. Dans la réalité, qu’en a-t-il été ?

Le musée des Beaux Arts de Nantes conserve une toile peinte par le père et la fille : contrairement aux autres toiles d’Artemisia, il présente une Diane aérienne, à la peau diaphane, vue de dos comme dans une vision pudique de sa nudité.

Est-ce là une vision idéalisée de la fille par son père ? Une représentation de la femme idéalisée telle que pouvait la véhiculer la Renaissance ? Elle contraste en tout cas avec les visages sérieux et fermés des sainte Cécile d’Artemisia.

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[club] Artemisia – Judith et Holopherne

Gentileschi_judith1 judith 2Le roman présente en son début Artemisia comme la fille violée à 17 ans par le collaborateur de son père. C’est en effet par cette anecdote peu réjouissante que j’ai moi-même découvert l’oeuvre d’Artemisia, en relation avec deux de ses tableaux dépeignant Judith et Holopherne.

La décollation est parfois interprétée comme le symbole de la castration en lecture freudienne de l’histoire de l’art : ici, cette lecture prend tout son sens tant la scène dépeinte est violente. C’est aussi la violence des rapports hommes/femmes à la Renaissance qui est peinte ici ; à ceci près que Judith semble possédée par la vengeance, ce qui ne colle pas à la lettre du texte biblique (même si Judith tue Holopherne pour défendre son peuple).

Faut-il voir cette peinture comme un exutoire, personnel et pour toutes les femmes au XVIe siècle ?

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[club] Artemisia – Notre bookclub au coeur de l’actualité ?

5 a-gentileschi-autoritratto-come-allegoria-della-pitturaL’auteur du roman intitulé Artemisia signale à propos de son intérêt pour le sujet qu’il est né à l’occasion de la visite d’une exposition sur les femmes peintres de la Renaissance montée à Los Angeles. Elle met en lien cette exposition et son projet avec un climat ambiant aux Etats Unis, manifesté par l’obligation de consacrer 30% des recherches universitaires en histoire de l’art pour étudier : ce sont les Gender Studies et les Cultural Studies, qui s’ancrent dans la pratique de la discrimination positive.

D’où ma question, qui est un peu à côté de notre sujet d’aujourd’hui mais en plein dans ce qui sous-tend le projet de ce site dans son ensemble : sommes-nous, malgré nous, à la mode ? Et que cachent toutes ces subventions accordées à l’étude des « minorités » : une véritable politique d’égalité des chances ou un masque pour couvrir les inégalités demeurantes ?