Catégories
discussions

[club] Louisa Mary Alcott – Good Wives : la question de la famille

Tu vas sans doute ressortir ton argument sur la solidarité familiale : le non- sacrifice de la femme n’a pour but que de protéger la famille, pas le bonheur de la femme elle-même. Je pense que dans le roman l’un de va pas sans l’autre… On peut bien sûr discuter ce lien… Je pense qu’on peut l’accepter : il faut de l’amour pour exister, ne pas être seul… Maintenant, on peut étendre la notion de famille aux amis, au gens qui vous aiment. Ainsi on a une vision moins conformiste que celle de la famille March.

De toutes façons dans le roman, tout le monde, hommes et femmes, doivent se sacrifier pour la famille…Je pense que c’est un autre débat qui n’a pas forcément à voir avec la question du féminisme.
Je pense que le problème c’est que la figure de Mrs March est trop idéalisée : évidemment personne ne penserait à aller contre elle, et tout enfant rechercherait sa bénédiction pour son mariage. Tout le monde, comme Laurie veut entrer dans la famille March…. Il faut se demander : mais lorsque les parents ne sont pas aussi parfaits que les March ? Il est vrai alors que le modèle proposé ici ne convient pas, il faut trouver une famille ailleurs…

Catégories
discussions

[club] Louisa Mary Alcott – Good Wives : Destins de femmes entre féminisme et conformisme

A travers les 4 sœurs, Louisa May Alcott aborde les différents moments de la vie d’une femme, les différents choix qu’elle peut faire.
Meg permet d’aborder les difficultés face à la vie de la femme au foyer, Jo les difficultés de celle qui veut mener une carrière professionnelle au risque de rester « vieille fille », Amy les difficultés de celle qui veut faire un beau mariage. Quant à Beth, elle est un cas à part, car elle meurt avant de devenir une femme.
Deux destins sont proposées à la femme : le mariage (le titre est assez clair là-dessus) ou la mort (Beth). Etre une épouse ou un ange. Même Jo, d’abord rebelle au mariage, s’y convertit (p. 241).
Face à ce choix réduit de destinée, on peut s’interroger sur le féminisme de l’ouvrage. Il y a d’ailleurs dans le roman des préjugés sur la « nature » des femmes et la « nature » des hommes qui m’ont fait bondir. Je pense en particulier à la description de Demi et Daisy remplie de clichés (p. 177) ou à Meg qualifiée de « modern Eve », (p. 61 )parce qu’elle sacrifie les économies du ménage pour des vêtements, comme si la frivolité était réservée aux femmes, comme si c’était elle qui apportait toujours le mal…
Le roman n’échappe pas à certains préjugés de l’époque certes : notamment celui qui dit que l’amour ne peut se vivre que dans le mariage. C’est en effet l’amour qui est la destinée de la femme, comme nous l’avons remarqué dans le premier volume. Les filles March feront un mariage d’amour, celui qui convient le mieux à leur caractère, même Amy qui voulait un riche époux ne prend pas le premier venu…
Je trouve que, encore une fois si on ôte certains préjugés propres à l’époque de l’auteur, si l’on a l’esprit que la répartition des rôles sociaux est conventionnelle, le roman propose une analyse assez subtile. Il évite les portraits idylliques : la vie au foyer de Meg n’est pas plus simple que l’indépendance revendiquée de Jo. Et c’est toujours d’amour que l’on a besoin au fond…
Je pense ainsi que la description de la vie de Meg peut être mis en parallèle avec le Deuxième sexe, tome II, chapitre V qui expose les idées reçues sur la vie d’épouse et de mère. Meg au moment de son mariage se fait une représentation idéalisée de la vie de femme mariée : p. 51 “Like most other young matrons, Meg began her married life with the determination to be a model housekeeper.”. Plus précisément, pour elle, être une maîtress de maison modèle signifie que “John should find home a paradise”. Mais très vite, elle se rend compte que cette perfection n’est pas possible, qu’elle va y laisser ces nerfs… Une évolution se fait donc, un nouveau contrat entre le mari et la femme… Bien sûr, on est très loin des rapports entre époux revendiqué aujourd’hui… Mais tout de même, je trouve que dans le cadre femme au foyer/ homme au travail, la relation qui se tisse entre Meg et John est respectueuse des deux époux et de leurs besoins respectifs…
De même quand Meg devient mère, elle tombe dans le piège qui consiste à croire qu’elle doit se sacrifier toute entière à ses enfants. Or, comme le remarque Simone de Beauvoir, cela ne peut engendrer que de la frustration et nuire à la femme et à toute la famille. Comme le dit Mrs March P. 192 « If you get dismal, there is no fair weather ». Ici je pense prouver que tu avais tort en pensant à la lecture de Little women que l’auteure réduisait le destin des femmes à être une bonne mère : « Si la femme se marie, ce n’est pas tant pour devenir une épouse que pour devenir une mère et fonder une famille. »

Le message passé à travers Meg est donc qu’une femme ne doit se sacrifier ni à son époux ni à ses enfants. Son équilibre passe par un savant dosage entre son mari, ses enfants et elle.

Catégories
discussions

[club] Elisabeth Badinter – Fausse route : Ouverture

Badinter soutient (avec les difficultés que l’on a relevées) une position libérale. Avec cet argument courant chez les féministes libérales : dire que le porno, la prostitution, le viol même est une violence fait au femme n’est pas défendable car l’on remet en cause la libération sexuelle et plus encore la liberté d’expression.
Ah qu’il est difficile de s’opposer aux défenseurs de la liberté d’expression sans passer pour une vile moraliste, aigrie et frustrée (et surement lesbienne)!
Caroline West pourtant le fait car elle répond aux féministes libérales en restant dans leur camp et montre que l’on peut en restant libérale condamner la pornographie… L’article est très intéressant. Il est en ligne http://www.arts.usyd.edu.au/departs/philos/staff/west.html et s’intitule ‘The Free Speech Argument Against Pornography’.

Catégories
discussions

[club] Elisabeth Badinter – Fausse route : L’instinct maternel

Voilà une autre grande question : l’instinct maternel, est-ce une règle générale de la nature que des incidents de parcours viendraient entraver? Ou est-ce, selon E. Badinter, un événement que rien n’impose à la femme, l’exception à une règle générale qui serait celle de l’indifférence, de la neutralité ?
Il me semble, pour ma part, que toutes les sociétés animales témoignent d’un lien privilégié entre l’enfant et sa mère, ne serait-ce que parce que l’enfant a fait partie du corps de sa mère pendant la période de sa gestation (il a donc été elle pendant tout ce temps) et qu’il porte la moitié de son patrimoine génétique (cf nos souvenirs du Gène égoïste de Dawkins…). Si la mère prend intérêt à son enfant, c’est par égoïsme car par identification à lui. Il n’y a là rien d’exceptionnel ni de discriminant envers les femmes.
De plus, si on admet communément l’existence du « baby blues », cette phase de déprime qui intervient dans les jours suivants l’accouchement, et qui a des causes physiologiques, pourquoi ne pas accepter celle d’une certaine forme d’instinct qui inclinerait la mère à vouloir protéger son enfant?
L’instinct maternel ne me semble pas devoir être confondu avec l’amour porté ensuite (ou pas d’ailleurs) à l’individu que va devenir l’enfant en question. Des parents peuvent ne pas comprendre ou ne pas accepter les choix de vie de leur enfant ; il n’en reste pas moins un lien entre eux, un instinct de protection. Je ne vois pas en quoi cette réalité devrait abaisser la femme : car l’existence de cette instinct ne permet pas du tout d’en conclure que le rôle de la femme est seulement d’élever ses enfants. Les hommes ont eux aussi cet instinct de protection envers leurs enfants : ils ne se sacrifient pas à leur éducation pour autant.
Pour contrer là encore une des idées du livre, je ne vois pas en quoi le choix d’une femme d’arrêter de travailler pour élever ses enfants serait rétrograde, si c’est au nom d’une décision individuelle et personnelle qui n’engage aucune vision sur des rôles hypothétiques respectifs de l’homme et de la femme.

Catégories
discussions

[club] Elisabeth Badinter – Fausse route : Questions épineuses

Plusieurs questions difficiles sont posées dans le livre : le harcèlement sexuel ; la définition du viol ; le port du voile à l’école. Tous sont abordés par le biais des rapports hommes/femmes, et, tels que les présente E. Badinter, ces « faits », auraient été défini comme déviants ou menaçants parce qu’ils témoignent d’une domination violente (donc illégitime) de l’homme sur la femme. Dénonçant les dérives d’une telle lecture des faits, elle dénonce donc le trop grand nombre de procès intentés pour harcèlement sexuel aux Etats-Unis, la mention d’une contrainte au « consentement » psychologique et pas seulement physique dans la définition du viol, et l’acceptation, au nom de la laïcité, d’une pratique dégradante pour la femme (le port du voile).
Il me semble pour ma part que les dérives dans le nombre de procès pour harcèlement sexuel ne doit pas remettre en cause le bien-fondé de l’introduction de ce délit dans le code pénal : les rapports de séduction ont toujours joué avec un rapport de domination et de pression exercée sur l’autre. La question, ici, n’est pas de savoir s’il s’agit d’une pression que l’homme exerce sur la femme ou l’inverse, mais de dénoncer une forme de pression qui est, en tant que telle, injuste et conduit à des dommages. Quant au viol, la contrainte psychologique existe, c’est un fait avéré par beaucoup d’études psychologiques de base (cas de la relation d’emprise, des séductions incestueuses…). Le renier me semble parfaitement aberrant. Là encore, il s’agit d’une dérive : la règle habituelle est en effet qu’un non veut dire non, et qu’un oui veut dire oui. Mais ce n’est pas parce que, dans le cas du viol, ne rien dire ça ne signifie pas dire « oui » mais tout simplement ne pas être en position psychologique de dire non , que c’est le cas dans la vie quotidienne. C’est là que le raisonnement dérive.
Enfin, le port du voile est une question à la fois religieuse et de rapport entre les sexes : si on suit le principe de respect des religions, l’Islam doit être acceptée au sein des établissements scolaires comme les autres religions ; si on voit dans le voile la marque d’une subordination de la femme à l’homme, il faut l’interdire. A deux problèmes différents, deux réponses différentes. Mettre de côté un des deux problèmes ne me semble pas cohérent.

Catégories
discussions

[club] Elisabeth Badinter – Fausse route : Un bon livre?

La première question que j’aimerais soulever porte sur le sérieux du livre. Je n’ai aucun jugement pré-conçu sur Elisabeth Badinter, mais je reste un peu circonspecte à l’issue de la lecture de Fausse route. L’auteur se sert de résultats d’enquêtes sociologiques et discute les conclusions qui en ont été tirées. Elle veut montrer que ces conclusions sont solidaires d’une lecture des faits qui n’a rien d’objective, car serait celle d’une victimisation de la femme et d’une diabolisation de l’homme. Présenté comem cela, le féminisme semble en effet ne pas être une posture intellectuelle très pertinente (s’il s’agit juste de se plaindre…) ; mais n’est-ce pas un constat qui a encore cours, dans des tas d’autres cultures et sociétés que la notre? Peut-on nier que les rapports hommes-femmes ont longtemps été conduits selon un impératif de domination, à l’avantage de l’homme et au désavantage de la femme? Nul ne remet en cause l’idée selon laquelle la société occidentale a fonctionné (et fonctionne encore un peu) sur le mode du patriarcat. Alors pourquoi crier au délire quand on pointe un certain rapport de domination? Et peut-il encore y avoir féminisme sans ce constat de départ?

Catégories
discussions

[club] Elisabeth Badinter – Fausse route : Pour introduire le débat

Admirons tout d’abord l’intelligence avec laquelle les livres sont programmés dans le Bookclub (seconde d’auto-louange très gratifiante) : Le Deuxième Sexe représentait la lutte des femmes avant la révolution sexuelle, Fausse route prétend la présenter après. Les féministes après 1970 restent face à l’angoissant gouffre ouvert par Beauvoir : la liberté… Qu’est ce qu’être une femme?
Elles empruntent des voies qui, selon Elizabeth Badinter trahissent Beauvoir et mettent en danger les progrès accomplis dans les années 70… Et nous qu’en pensons-nous?

Réponses ou plutôt tentative de réponse demain à 19heures….

Catégories
discussions

[club] Michael Cunningham – The Hours : Ouverture

The Hours permet d’ouvrir la réflexion sur : et Mrs Dalloway aujourd’hui, et Mrs Dalloway dans nos vies ?
Je lance le débat…

Catégories
discussions

[club] Michael Cunningham – The Hours : Adaptation cinématographique

De Roger DALRY.

Le film est très proche du roman. Le montage accentue la mise en parallèle entre les trois femmes. C’est une adaptation réussie même si elle manque un peu de rythme. Certes le réalisateur a choisi de ne pas trop miser sur le dialogue de transmettre par les images, les mouvements, les regards et les corps mais tout de même c’est parfois un peu trop minimaliste.

Catégories
discussions

[club] Michael Cunningham – The Hours : Féminisme de l’ouvrage

C’est un roman qui parle de femmes sans jugement moral. C’est assez féministe. Par contre ce n’est pas un ouvrage militant. Il ne pose pas la question du « devenir femme » ou de « être une femme », il demande simplement ce que c’est que réussir sa vie.
Mais là où c’est intéressant c’est que l’auteur est un homme : qu’un homme réfléchisse au sens de l’existence, au bonheur à partir d’un personnage littéraire féminin c’est à mon avis tout à fait féministe (à moins qu’on considère bien sûr qu’être féministe correspond à louer la différence entre hommes et femmes) .
Cela montre que Virginia Woolf a réussi ce qu’elle préconisait : l’artiste doit dépasser toutes les contingences, y compris celles du sexe. Les femmes auront réussi en littérature quand elles seront des auteurs, et pas seulement des auteures féminines.
Donc The Hours est féministe, au sens de Virginia Woolf.