Catégories
discussions

[club] Iacub, L’Empire du ventre – Féminisme de l’égalité

[photopress:iacub1.jpg,thumb,pp_image]Iacub sous-entend ici une définition du féminisme comme la recherche de l’égalité entre les hommes et les femmes, non pas au nom de la nature mais de la culture (institutions, volonté…). Si elle critique la définition de la maternité par l’accouchement, c’est parce qu’elle instaure une profonde inégalité entre les hommes et les femmes. D’abord, celle-ci semble au privilège des femmes : elles peuvent choisir d’avorter ou non, les hommes subissent ou une non-paternité ou une paternité. Et pourtant la moitié de l’enfant est bien leur œuvre…Mais la supériorité des femmes est en fait une apparence. Les hommes ont plusieurs possibilités pour devenir de véritables pères, mais les femmes n’en ont qu’une : accoucher.

Cette situation en France s’explique par la lutte des femmes pour le droit à l’avortement. Alors les femmes défendues par les féministes des 70 ne sont que celles qui peuvent accoucher ?Marcela Iacub nous invite à une critique de ce mouvement des années 70 (p. 259). Le féminisme pour avancer doit critiquer son histoire.

Dans la perspective de Iacub, le sexe des parents deviendraient indifférents. Il s’agit donc de gommer les différences entre les sexes grâce aux lois en mettant en avant les intentions des individus… Elle rejoint par là la position universaliste de Beauvoir, mais elle y ajoute de la clareté : elle explique comment l’égalité peut être réalisée.

Catégories
discussions

[club] Iacub, L’Empire du ventre – Prudence préléminaire

[photopress:iacub3.jpg,thumb,pp_image]Marcela IACUB n’aborde que le point de vue du droit, et un peu celui du sociologue. Elle ne prend pas en compte les avis des psychologues. Je pense pourtant que cela complèterait habilement l’ouvrage.
Je pense qu’il faut avoir à l’esprit quand on envisage cet ouvrage, cette absence.

Catégories
discussions

[club] Virginia Woolf – Flush : Une biographie canine

J’ai beaucoup aimé ce livre que j’ai trouvé facile à lire, souvent drôle et toujours juste.
Pourquoi ce livre ? J’ai réfléchi à la question et plusieurs réponses me sont apparues qui me semblent toute plausibles et toutes appartenir aux intentions de Woolf.
1) Parce que les animaux méritent qu’on s’intéresse à aux et qu’on rende hommage à leur présente muette mais si importante pour ceux qui les aiment.
2) Parce que faire la biographie d’un chien permet de se moquer du style des biographes (moi j’ai trouvé très drôle le début sur la généalogie de Flush) et surtout de se moquer de la société (les animaux, les étrangers par leur naïveté, leur ignorance pointent directement les dysfonctionnements. C’est le coup des Indiens de Montaigne…)
3) Parce qu’en choisissant d’entrer dans la vie d’Elizabeth Barrett Browning par les yeux de son chien, Woolf évite « la biographie d’une femme écrivain par une femme écrivain ».
C’est ce dernier point qu’il me semble intéressant de développer… Nous avions déjà soulever la question de la possibilité pour un écrivain de se positionner comme une personne d’un autre sexe… Woolf ici va plus loin elle se positionne comme quelqu’un d’une autre catégorie biologique… Et ça marche… Parce qu’elle sait observer l’animal et parce que de toutes les façons aucun des lecteurs n’a jamais été chien… Il n’y a pas de réelles pour l’écrivain… Surtout pas celle du sexe.

Catégories
discussions

[club] Virginia Woolf – Trois guinées : Le pouvoir féminin

Je voulais aussi relever le passage où V. Woolf reproduit la lettre où son interlocuteur justifie son refus de lui donner 1 guinée. A un moment, il déclare que les femmes ne peuvent pas siéger dans une assemblée sérieuse (intellectuelle ou politique) parce que son éducation « de femme » (à la coquetterie) la pousserait à distiller autour d’elle une atmosphère de séduction qui ne cadrerait pas avec le but poursuivi par cette assemblée.  » « Mademoiselle » peut évoquer le froufrou des jupons, l’arôme d’un parfum (…). Ce qui charme, apaise dans une demeure privée, peut distraire, exaspérer dans un bureau. »
Ainsi, l’homme en question, qui participe, par sa vision des choses, à encourager cette éducation des femmes à la coquetterie qui les chosifie (elles se transforment en poupées), prend cette éducation comme motif à éloigner les femmes du bureau : c’est un cercle vicieux ! Il pose un parti-pris (les femmes à la maison, les hommes à l’extérieur) en tire les conséquences (les femmes deviennent des poupées) et utilise cette conséquence pour justifier son parti-pris (les poupées n’ont pas leur place dans un bureau). C’est un argumentaire totalement fallacieux!
J’observe en passant que ce pouvoir de séduction qu’auraient infailliblement les femmes leur est compté comme un vice, un désavantage, quelque chose dont on peut leur faire un reproche. En réalité, c’est bien un pouvoir que les femmes peuvent avoir, en l’occurrence, sur les hommes – et c’est justement pour cela qu’on a pu leur faire le reproche, et tenter de le juguler. En reprochant aux femmes de les séduire, en attribuant à ce pouvoir de séduction la source légitime de tous leurs maux (cela va d’Eve tentatrice aux femmes violées desquelles on dit : « elle l’avait bien cherché, elle portait une jupe la nuit »), les hommes concernés ne font qu’avouer leur faiblesse (et leur esprit de tyrannie).

Catégories
discussions

[club] Virginia Woolf – Trois guinées : Et la sexualité?

D’après son journal, Virginia Woolf comptait écrire un essai sur la sexualité féminine. Or la sexualité me semble absente deTrois guinées…
Simple hypothèse de ma part : la sexualité n’est-elle pas un versant de l’indépendance des femmes que l’argent ne peut pas acheter? Le seul sans doute…

Catégories
discussions

[club] Virginia Woolf – Trois Guinées : Un reste de Hegel?

V. Woolf met en avant l’importance qu’a prise la première guerre mondiale dans l’évolution des mentalités touchant la question des femmes. Elle décrit la manière dont les femmes ont occupé la place des hommes en leur absence, se sont mise à travailler, et ont ainsi acquis une autonomie, non pas tant financière cette fois que mentale. Cette libération de leur carcan joue donc, observe-t-elle, en faveur d’une promotion de la guerre : puisque c’est lorsque les hommes sont sur le front que les femmes peuvent se sentir exister, elles les encourageront à s’engager. Il faut donc les aider à se libérer autrement, si on ne veut pas les pousser à promouvoir la guerre.
Dans ce passage, ce qui m’a intéressé, c’est l’idée – chère à Hegel – d’une libération par le travail. Mais je surinterprète peut-être, parce que V. Woolf n’accentue pas vraiment ce point. Elle ne décrit pas la manière dont le travail désaliène, mais insiste plutôt sur la puissance libératrice d’une véritable éducation, car d’une véritable culture.
Je me demande, du coup, si on ne retrouve pas là un peu de son préjugé de départ (que j’appelais « préjugé de classe »), selon lequel ce qui importe, c’est la culture, la valeur du savoir, et non le travail dans son aspect le plus concret (les femmes en 1914 « conduisent les camions » etc).

Catégories
discussions

[club] Virginia Woolf – Trois Guinées : Un manifeste du passé?

Virginia défend le droit des femmes à gagner leur vie à égalité avec les hommes. Elle s’oppose aux mouvements qui voudraient les faire retourner aux fourneaux. P. 103 Le travail des mères au foyer ne mérite pas salaire selon les hommes qui gouvernent. La moitié des revenus de son époux (p.104) ne lui sont pas versés en main propre. Le mari peut le lui donner ou non et elle n’a pas la liberté de le dépenser comme elle veut. Il faut noter ici que Woolf s’oppose au fascisme et au nazisme qui veulent faire revenir la femme au foyer.
On pourrait donc ranger le texte de Woolf comme un témoignage du passé : aujourd’hui il est loin le temps où les femmes ne pouvaient pas travailler sans la signature de leur mari, ou louer un appart sans l’accord de leur père…

Pourtant, lorsque je lis la page 94 traitant de l’égalité des sexes dans les salaires et l’accès à la fonction publique. J’hésite à enterrer le texte…Il est intéressant de remarquer que ce texte aurait pratiquement pu être écrit aujourd’hui et publier dans une colonne du Monde. Idem pour d’autres passages p. 184 : pour l’égalité des femmes dans le travail ; p. 198-208 : place des femmes dans l’Eglise.

Catégories
discussions

[club] Virginia Woolf – Trois Guinées : Manifeste pour l’indépendance

L’élément qui m’a le plus marquée dans Trois guinées, c’est la revendication que mène V. Woolf pour l’indépendance financière des femmes. C’est de là que dépend leur indépendance intellectuelle et mentale, affirme-t-elle : être indépendante financièrement, c’est sortir de la sphère d’influence du père et du frère, les figures masculines de la maison. L’anecdote concernant l’emploi de préceptrice que prend une jeune fille et pour lequel son père lui demande de ne pas être rémunérée est bien choisie, et bien analysée : pourquoi lui demande-t-il cela, en arguant qu’être payée ne serait pas digne d’elle, alors qu’il est lui-même payé pour le travail qu’il accomplit? Il y a là une contradiction, et donc la trace d’une mauvaise foi, manifeste.
Pourtant, je me demande comment comprendre cette volonté d’indépendance : V. Woolf était-elle financièrement indépendante elle-même?

Catégories
discussions

[club] Virginia Woolf – Trois Guinées : Les filles d’hommes cultivés

V. Woolf insiste beaucoup sur le sort des « filles d’hommes cultivés » et sur la différence de traitement qui existe entre elles et leurs frères. Mais quid des femmes en général, que leurs pères soient cultivés ou non? Pourquoi dénoncer comme une injustice le fait que les filles d’hommes cultivés en particulier ne soient pas cultivées, et pas le fait que l’éducation soit le privilège des garçons et d’une certaine classe? Y aurait-il une forme d’aristocratie chez V. Woolf? Quand elle dénonce la tyrannie et la mysoginie, ne participe-t-elle pas par ailleurs au même type de rejet infondé, qui relèverait quant à lui des préjugés de classe?
Je laisse la question ouverte au débat.

Catégories
discussions

[club] Louisa Mary Alcott – Good Wives : Féminisme de la différence

Si l‘on doit inscrire Louisa May Alcott dans un courant féministe, ce ne serait pas dans celui de Beauvoir, même si je maintiens ce que j’ai dit plus haut.
En effet, elle défend l’existence d’une nature féminine différente de celle des hommes. Et si elle réclame aux femmes des droits, c’est au nom de cette différence, au nom de la valeur de vertus féminines.
Ainsi Jo en voulant s’adapter au marché, au lecteur « profane » ses vertus féminines…p. 140 « she was beginning to desecrate some of the womanliest attributes of woman’s character. » ; p. 141 : « the natural instinct of a woman for wht was honest, brave, and strong »
Mrs March et ses filles en effet illustrent très bien l’ « éthique de la sollicitude » développée par des féministes américaines comme Susan Moller Okin.

De plus, l’importance accordée à la famille s’inscrit bien dans ce mouvement féministe qui est un communautarisme.