Traditionnellement, le sonnet amoureux est le fait d’un homme qui chante les beautés d’une femme et son désir pour elle. Avec Louise Labé, la relation change : c’est une femme qui dit son désir amoureux. Comme pour les poètes masculins, le destinataire du poème est une figure évanescente, plus une fiction qu’un être réel. Mais le désir, lui, est rendu palpable par la convocation du terme (« tout le beau que lon pourroit choisir, / Et que tout l’art qui ayde la Nature, / Ne me sauroient acroitre mon desir. ») ou par son évocation via une répétition entêtante (« Baise m’encor, rebaise moy et baise »).
C’est le signe d’une grande audace de la part de Louise Labé, et d’un renouveau de la poésie à la Renaissance.