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[club] Pernette du Guillet – Poétesse inconsciente?

D’après la préface (p.25), Pernette n’écrit pas pour être publiée. Elle ne se sent ni artiste ni écrivaine, elle écrit pour Maurice, dans l’ombre de Maurice. Elle n’écrit pour personne, ne revendique rien…

Qu’est-ce qui-distingue une femme qui écrit d’une femme écrivain ?

A lire les poèmes de Pernette, je n’ai pas de réponse. je me demande à quel point elle était inconsciente d’être une poétesse…

Ne l’a-t-on pas poussée dans l’ombre de Maurice? N’est-ce pas encore une stratégie contre les femmes écrivaines? N’est-ce pas encore un moyen pour minimiser, rabaisser?

Je ne connais pas du tout Maurice, et je peux quand même lire les poèmes de Pernette. Même hors contexte ces poèmes se tiennent.

Donc…

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[club] Pernette du Guillet – La femme, inférieure intellectuellement ?

Dans ses Rymes, Pernette fait souvent l’éloge du savoir de son destinataire : dans les rimes 20, elle parle du « haut savoir » de celui-ci et de son « esprit qui ébahit le monde »; elle parle de ses « vertus », de sa « grâce » et de son « savoir » dans les rimes 19, du « grand renom de [s]on mêlé savoir » dans les rimes 3.

Elle se désigne, par contraste, comme ayant à apprendre de lui et donc comme inférieure : son esprit à elle  n’a pas « la promptitude de remercier les Cieux pour l’habitude » de son esprit à lui (rimes 3) et se décrit comme portant « le bandeau d’ignorance »(rimes 11) (que porte aussi le dieu Amour, représenté sous les traits de Cupidon lançant ses flèches dans les rimes 13).

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[club] Pernette du Guillet – Désir et idéal

Dans sa deuxième Elegie, Pernette du Guillet met en scène son désir pour un homme (sans doute Maurice Scève) et explique les raisons qui la font y renoncer.

Elle s’y compare à Diane et adopte une écriture du fantasme, fantasme tant amoureux qu’érotique puisque la poétesse s’imagine se baignant nue, regardée et approchée par son destinataire – habituellement préoccupé par les seules idées, cette fois attiré par des entités moins « idéales ».

Mais se rappelle à elle l’impératif, pour son intellectuel de destinataire, de se donner tout entier à l’étude, laquelle est désignée à travers les figures mythologiques d’Apollon et des muses… Il faut donc renoncer au désir pour ne pas entraver le travail créateur de l’artiste.

Ce raisonnement peut surprendre aujourd’hui mais il avait cours au Moyen-Age et à la Renaissance, le désir et le lien amoureux étant vu comme une entrave au travail intellectuel et artistique, comme une tentation. Aussi Pernette se compare-t-elle à Diane, déesse vierge, femme de Delos auquel le titre du recueil de poèmes de Scève, Délie, fait référence.

Je relève ici que le désir est aussi librement exprimé par Pernette du Guillet que par Louise Labé, mais que l’issue n’en est pas la même : Pernette libère sa parole pour apprivoiser et retenir son désir quand Louise Labé semble exalter et attiser son désir par l’écriture.

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[club] Pernette du Guillet – Les Amours poétiques

Pernette du Guillet aurait écrit ses « Rymes » pour Maurice Scève, grand poète lyonnais du 16e siècle. Elle était mariée au sieur du Guillet et sa relation avec Maurice Scève serait restée platonique. Mariée à 18 ans, elle est morte à 25 ans.

Scève, de son côté, a été un des grands auteurs du blason, genre poétique célébrant (ou critiquant, dans le cas du contre-blason) une partie du corps féminin. Il avait 15 à 20 ans de plus que Pernette. Son oeuvre majeure, Délie, a pour titre la destinataire de ses poèmes – mais l’identification de cette destinataire reste à trouver : s’agit-il de la femme de Delos, c’est-à-dire Diane, dans la mythologie antique ? Ou bien de Pernette ? Ou bien encore de l’anagramme de « l’Idée », Scève étant un féru de néoplatonisme ?

Reste pour nous l’image d’un couple de poètes se chantant l’un l’autre – cas plutôt rare en littérature ! Pernette mourra en 1545, un an après la parution de Délie (1544).

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[club] Louise Labé – Un message non entendu

L’épitre dédicatoire à Clémence de Bourges commence comme un texte qui pourrait être nettement plus contemporain…A mon avis au XIXème, il passe très bien. Et jusqu’en 1960. Incroyable combien le sort des femmes a mis longtemps a évolué!

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[club] Louise Labé – Censurée

On a essayé de faire oublier Louise Labé parce qu’elle était une femme. Encore une femme auteure et intellectuelle qu’on a voulu censurer… Les armes sont les mêmes : attaque de sa réputation, mise en avant d’œuvres mineures…
On peut se demander si Louise Labé est l’exception qui confirme la règle ou si d’autres femmes ont ainsi été censurées ou tout simplement n’ont pas osé publier parce qu’elles étaient des femmes.

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[club] Louise Labé – La mort des amants

Louise Labé reprend le thème de la mort d’amour de manière originale dans le sonnet XIII : « Si de mes bras le tenant acollé, / (…) La mort venoit, de mon aise envieuse : / Lors que souef plus il me baiseroit, / Et mon esprit sur ses levres fuiroit, / Bien je mourrois, plus que vivante, heureuse. » En mettant le bonheur par-delà la vie, Louise Labé propose une nouvelle définition, amoureuse, de l’existence. Il y a là une aspiration qui peut évoquer pour nous les grandes héroïnes (Juliette, Mme Bovary) : mais cet absolu est-il spécifiquement féminin ?

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[club] Louise Labé – Douleur et nuit

Louise Labé se fait le chantre de la douleur : dans ses Sonnets, la femme n’est plus la dame de la relation courtoise, cruelle car insensible, mais un être sensible, perméable aux émotions (« Car je suis tant navree en toutes par, / Que plus en moy une nouvelle plaie, / Pour m’empirer ne pourroit trouver place. » ; « navree » = blessée).

De plus, et c’est une nouveauté par rapport aux poètes masculins, elle se décrit comme cachant sa douleur (« J’endure mal tant que le Soleil luit : / Et quand je suis quasi toute casse, / Et que me suis mise en mon lit lassee, / Crier me faut mon mal toute la nuit »). La nuit est ainsi ce qui cache sa douleur, mais aussi ce qui accueille les rêveries amoureuses : « O dous sommeil, o nuit à moy heureuse ! Plaisant repos, plein de tranquillité, / Continuez toutes les nuiz mon songe ».  Il y a peut-être là une touche de discrétion qui rappelle la condition féminine de la Renaissance et l’obligation faite aux femmes de cacher leur désir pour se réfugier dans le rêve.

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[club] Louise Labé – Le sonnet amoureux au féminin

Traditionnellement, le sonnet amoureux est le fait d’un homme qui chante les beautés d’une femme et son désir pour elle. Avec Louise Labé, la relation change : c’est une femme qui dit son désir amoureux. Comme pour les poètes masculins, le destinataire du poème est une figure évanescente, plus une fiction qu’un être réel. Mais le désir, lui, est rendu palpable par la convocation du terme (« tout le beau que lon pourroit choisir, / Et que tout l’art qui ayde la Nature, / Ne me sauroient acroitre mon desir. ») ou par son évocation via une répétition entêtante (« Baise m’encor, rebaise moy et baise »).

C’est le signe d’une grande audace de la part de Louise Labé, et d’un renouveau de la poésie à la Renaissance.

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[club] Poulain de la Barre – Programme de lecture

Je relève le programme de lecture très cartésien exposé p. 272 : la Logique de Port-Royal, les Méditations de Descartes, les Principes de Descartes, le Traité des Passions de Descartes…