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[club] Hélisenne de Crenne – Une auteure

Le texte est écrit par une femme, mais offre plusieurs voix, dont des voix d’hommes. on a donc une femme qui parle pour les hommes, une femme qui a donc conscience de ce que les hommes vivent.

Cela me rappelle Virginia Woolf, une auteure n’est pas une femme, mais un auteur… Elle prend du recul, ne reste pas figée dans sa condition…. Déjà donc à la Renaissance, les femmes pouvaient cela.

Ce n’est pas une remarque révolutionnaire, mais je pense que parfois on a tendance à l’oublier… Il y a des femmes qui ont écrit bien avant Woolf, et avant son hypothétique soeur de Shakespeare.

Seulement encore une fois, on peut noter que ces femmes ne sont pas forcément connues….

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[club] Hélisenne de Crenne – La condition féminine à la Renaissance

Les Angoisses douloureuses qui procèdent d’amours est un texte assez curieux, à mi-chemin entre la confession, le roman épistolaire et le roman à la première personne. Son but semble être d’édifier ses lectrices et de les prévenir contre les tentations de l’amour adultérin… En abordant ce sujet, Hélisenne de Crenne (c’est-à-dire Marguerite du Briet) nous expose quelle était la condition féminine à la Renaissance.

On lit en effet au chapitre I que l’héroïne a été demandée en mariage dès l’âge de 11 ans ! « Et quand je fuz parvenue à l’aage d’unze ans, je fus requise en mariage d eplusieurs gentilz hommes, mais incontinent je fuz mariée à un jeune gentil homme, à moy estrange, par ce qu’il y avoit grand distance de son païs au mien ; mais nonobstant qu’il n’y eust fréquentation, ny familiarité aucune, il m’estoit si trèsagréable, que me sentois grandement tenue à fortune, en me réputant heureuse. »

Elle ajoute, au sujet de ce mariage précoce : « Moy vivant en telle félicité, ne me restoit que une chose, c’estoit santé qui de moy s’estoit séquestrée au moyen que j’avois esté mariée en trop jeune aage ». L’union a donc dû être consommée aussitôt.

L’héroïne indique ensuite qu’elle était réputée comme étant parmi les plus belles « femmes »… à l’âge de 13 ans : « En persévérant en telles amours, ma personne croyssoit, et premier que pervinse au treiziesme an de mon aage, j’estois de forme élégante, et de tout si bien proportionnée, que j’excédois toutes autres femmes en beauté de corps, et si j’eusse esté aussi accomplie en beaulté de visage, je m’eusse hardiment osé nommer des plus belles de France. »

Dès lors, comment ne pas comprendre les excès amoureux des pages suivantes, quand on sait que celle qui les éprouve est une adolescente?

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[club] Hélisenne de Crenne – Le coeur dans l’estomac

p. 41 « mon amoureux cœur se débattait dedans mon estomac »

Je trouve cette phrase absolument géniale et je tenais à le dire.

C’est une définition de l’amour qui dit bien qu’il se passe des choses dans le corps aussi, et qu’il ne s’agit pas seulement d’amour platonique.

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[club] Marie de Gournay – Censurée?

Une nouvelle fois nous sommes face à une auteure mal connue, et il semble qu’on ait voulu la censurer, minimiser la qualité et l’importance de son oeuvre.

On a voulu la reléguer au rang d’amie de Montaigne. On a voulu nier qu’elle était créatrice, auteure. On a voulu nier qu’elle pouvait penser par elle-même.

Or Marie est une auteure, créatrice, penseuse. Autonome.

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[club] Marie de Gournay – Une lecture partisane ?

Un certain nombre d’auteurs sont allégués par Marie de Gournay comme des autorités à imiter et en lesquelles avoir confiance, parmi lesquels on trouve quelques philosophes : Platon expose l’égalité des sexes dans la République, c’est un bon point pour la cause des femmes. Quant à Aristote, il « n’a point contredit l’opinion qui favorise les dames » selon Marie de Gournay… Ce qui est une curieuse façon de lire la Politique, où il est dit que la femme a, comme l’esclave, une âme faite pour servir et non pour commander !

Une autorité plus curieuse pour l’époque : Montaigne, qui n’a pas alors obtenu les galons dont il jouit aujourd’hui. Montaigne est mort au moment où Marie de Gournay rédige son Egalité des hommes et des femmes, il ne peut donc contredire son auteur… En aurait-il été tenté ? En effet, Marie de Gournay met en avant que si Montaigne observe qu’il est rare de trouver des femmes « dignes » de commander, cela est la faute de leur éducation. Or Montaigne a écrit dans les Essais qu’il ne servait à rien d’instruire les femmes à autre chose qu’à être de bonnes épouses…

Marie de Gournay ferait-elle une lecture partisane des philosophes ?

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(club) Marie de Gournay – Portraits de femmes illustres

Pour Marie de Gournay, la femme « se peut dire grand homme » : elle refuse les propos de ceux pour qui les femmes les plus illustres ne seraient parvenus qu’à ce qu’un homme du « commun » peut accomplir et défend l’existence de « grands hommes » femmes. Elle s’applique ainsi à citer un certain nombre de femmes illustres, comme les philosophes grecques Hypathie, Thémisthoclée, Théano, Damo, Cornélie…

En inventoriant les femmes remarquables des temps passées, Marie de Gournay s’inscrit dans une tradition forte au XVIIe siècle, celle de la galerie des femmes illustres, à laquelle s’est par exemple adonné Gilles Ménage, proche des Précieuses. Elle montre ainsi par l’exemple que le sexe féminin fut acclamé comme capable des plus grandes réalisations de l’esprit par le sexe masculin lui-même, au travers de ses représentants les plus respectés par ses contemporains (Socrate, Cicéron…).

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(club) Marie de Gournay – Egalité plutôt que supériorité

S’érigeant contre la mode de son temps qui poussait certains à se positionner, dans la Querelle des femmes, comme « champions des dames » et à célébrer la supériorité féminine, Marie de Gournay préfère insister sur l’égalité des sexes. Pour le justifier, elle ne met pas en avant la rationalité ni une quelconque stratégie argumentative (elle aurait peut-être pu observer que prêcher la supériorité féminine aurait été s’exposer à des moqueries et prendre le risque de ne pas être pris au sérieux ?). Non : ce qu’elle argue, c’est qu’elle ‘fuis toutes extrêmités » (p. 21).

C’est donc au nom d’un idéal, moral, de modération que Marie de Gournay prend fait et acte pour l’égalité des sexes. Mais c’est aussi parce qu’un extrême en appelle un autre, et qu’à trop célébrer la femme, on prépare le terrain pour l’exclure : le risque, c’est de « confiner » les femmes à la « quenouille ».

On peut en effet contester l’idéal de modération qu’affiche Marie de Gournay : ne qualifie-t-elle pas les critiques des femmes de »roulades » ?

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[club] Marguerite de Navarre – Une réflexion sur le viol

Beaucoup de nouvelles mettent en scène ce que nous qualifions aujourd’hui de viol. Je trouve saisissant à quel point elles posent des questions toujours d’actualité : reste-t-on pur si on ne consent  pas ? A quel point résister est-ce ne pas consentir ? Est-ce que la surprise est du viol ?…

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[club] Marguerite de Navarre – Encore une œuvre mésestimée ?

Les nouvelles ont été qualifiées de mineures ou d’érotiques, un moyen de les éloigner du premier plan.

Parce que l’auteure est une femme?

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[club] Marguerite de Navarre – Difficulté des rapports hommes/femmes

Les rapports qui se tissent entre hommes et femmes dans l’Heptaméron sont parfois très violents.

Les hommes sont parfois montrés comme violents dans l’expression de leur désir : les personnages de violeurs sont nombreux (2e nouvelle, 4e nouvelle, 5e nouvelle…) et les hommes qui ne contrôlent pas leur désir et en arrivent à avoir des relations sexuelles avec leur soeur (33e nouvelle) ou leur mère (30e nouvelle) ne sont pas en reste… D’autres meurent d’avoir trop aimé, sans espoir de retour (9e nouvelle) et représentent ainsi le « parfaicte amour », mais un amour… impossible à vivre !

Les femmes, de leur côté, l’emportent par leur ruse, que ce soit pour échapper au viol (5e nouvelle), pour dissimuler leur adultère (6e nouvelle) ou pour prévenir celle de leur mari (8e nouvelle). Mais elles peuvent aussi être excessives dans les épreuves qu’elles imposent à leurs prétendants, et les perdre  à cause de cette trop grande exigence (59e nouvelle). Entre méfiance et confiance, la mesure est difficile à trouver pour les femmes !

Les nouvelles de l’Heptaméron ne disent-elles pas toutes, au fond, la difficulté de la rencontre et de la coïncidence entre homme et femme ?