Je pense que cet ouvrage met en évidence l’existence d’une forte censure à l’égard des idées féministes, et en particulier celles visant à donner aux femmes plus de pouvoir. Le féminisme logique est « oublié » ; les précieuses sont ridiculisées ; Marie de Gournay et Gabrielle Suchon doivent recourir à des stratégies comme s’appuyer sur Aristote pour ne pas être censurée. On ne retient des idées féministes que celles qui ne sont pas dangereuses pour la suprématie masculine, ou celles qui au contraire la conforte. Je pense que cette censure est toujours d’actualité. Ainsi le travail des femmes n’est plus interdit, il est même parfois encouragé mais seulement dans certains secteurs ou en sous-qualifiés. Ainsi le plafond de verre est une réalité par exemple. Ou la double journée. Autre chose des idées, des femmes continuent d’être ignorées, oubliées (Olympe de Gouges aussi a fait l’objet d’indifférence ou a été ridiculisée….).
Pourquoi ? La première réponse qui me vient à l’esprit est : l’égalité des sexes est une idée scandaleuse, que les femmes puissent avoir le pouvoir est scandaleux…
Une réponse sur « [club] E. Dorlin – Censure et scandale »
Oui, j’ai moi aussi relevé ce point dans mon post (cf Logique de l’éducation féminine au 17e).
Une seconde réponse qu’on peut apporter à ta question est indiquée par Elsa Dorlin : l’égalité des sexes dessert les intérêts masculins, tout simplement ! Elle remet en cause une position de suprématie, de pouvoir, de domination – et qui renonce de gaité de coeur à de tels avantages ? On n’y renonce que si l’on y est forcé… D’où la nécessité d’une lutte féministe, qui s’affirme haut et fort, qui n’ait pas peur du ridicule et qui sache briser la loi du silence.