Camille Claudel était une figure oubliée de la sculpture jusqu’à ce qu’Anne Elbée fasse publier cette biographie, traduite en 20 langues.
Mais ce qui a le plus contribué à réhabiliter cette artiste, c’est l’adaptation cinématographique de Bruno Nuytten avec sa femme de l’époque Isabelle Adjani dans le rôle-titre, celle-ci ayant fortement participé à la naissance du projet.
Je me pose donc une question idiote : est-ce que le fait que Camille Claudel ait été jolie, et qu’une actrice tout aussi agréable à regarder en ait campé le rôle, a contribué à sa réhabilitation ? Y a-t-il, là encore, une réduction de la femme à ses seuls attraits physiques ? La focalisation sur la relation avec Rodin joue elle aussi avec une dimension trouble de la perception de la femme : Camille est une amoureuse, une passionnée ; cela perpétue le cliché de l’artiste exaltée, un peu hystérique.
Ce cliché se prolonge jusqu’à l’insistance, récente, sur la fin de vie de Camille Claudel à l’asile. Est-ce parce qu’elle « colle » bien à ces lieux communs sur la femme artiste, qui focalisent leur attention sur la dimension sexuée de sa création et de sa démarche, que Camille Claudel a pu être redécouverte ?
2 réponses sur « [club] Camille Claudel – Mésaventures de la postérité »
Il faut aussi noter que le film de Nuytten ne soutient pas la thèse d’Anne Delbée, mais celle de la famille Claudel.
Donc Camille est acceptée si elle reste dans la case de l’amante de Rodin, de la parano, de la folle.
Donc, je suis tentée de répondre à ta question par un oui. Oui, Camille Claudel est permise si elle respecte le cliché de l’artiste folle et amoureuse, si au final elle demeure dans une position « acceptable » pour une femme, une position seconde.
Cela confirme l’idée qu’on ne réhabilité que les figures qui servent le discours ambiant, lequel peut-être misoogyne sous des dehors féministes.