Je tenais à relever la grande différence de style entre Woolf et Colette, qui n’ont pourtant que 10 ans de différence. Woolf a une écriture très réfléchie, introspective, impressionniste. On n’y trouve pas d’accent mis sur l’intrigue ; et je trouve que ce n’est pas vraiment le propos chez Colette non plus. En revanche, le style de Colette est vif, coloré, parfois même un peu trop ; il y a de l’humour, de la légèreté et une grande capacité à adopter différents styles, correspondant chacun à un personnage différent, dans les passages en discours direct, qu’il s’agisse de dialogues ou de lettres (Annie, Claudine, Alain…).
Dans les deux cas nous avons accès à une certaine classe sociale, mais elle n’est pas décrite de la même manière. Chez Woolf, ce monde est décrit de l’intérieur, avec une certaine adhésion à ses valeurs ; chez Colette, il est décrit depuis un point de vue marginal, avec une réticence à adopter ses valeurs. Et finalement c’est la marge qui l’emporte. En cela Claudine s’en va m’a semblé très proche de Thérèse Desqueyroux.
3 réponses sur « [club] Woolf/Colette – Des écritures féminines ? »
Woolf est très douée pour décrire. Elle sait faire varier les points de vue. La partie centrale de To the lighthouse, le point de vue de la maison vide est très originale. Il y a beaucoup d’introsprection chez Virginia Woolf, peu de jugement.
Colette est plus légère. Colette écrit plus vite aussi, se relit moins. Elle varie aussi davantage les styles. Mais ce qui rend To the lighthouse, c’est la patience, la constance du ton.
Je suis d’accord avec ton analyse.
C’était la première fois que je lisais Colette et j’ai été étonnée de son inventivité littéraire (surtout pour La Maison de Claudine). Cela reste, il me semble, une auteur méconnue.
Méconnue car femme? Je crois que dans les années 40-60 elle était très à la mode, ma mère et les femmes de sa génération se souviennent l’avoir étudié en classe. Apparemment et c’est aussi intéressant elle était très étudiée dans les classes de filles (avant la mixité).