Immanuel Kant naît le 22 avril 1724 à Königsberg dans une famille modeste. Il est le second de six enfants.
Formation. En 1732 après avoir appris à lire, écrire et compter dans une école de charité, il entre à l’Académie Royale et poursuit des études universitaires à Königsberg entre 1740 et 1746. Sa première œuvre date de 1746 et porte sur l’évaluation des forces vives. Elle relève à la fois des mathématiques et de la philosophie. Il devient précepteur dans différentes familles et donne des conférences privées. A cette occasion il est amené à sortir de Königsberg qu’il ne quittera plus une fois trouvé un emploi stable.
Professeur. En 1770, il se voit proposer un poste à l’université de Königsberg. Il occupe dans un premier temps la chair de mathématiques qu’il échange très vite contre celle de logique et métaphysique. Il enseignera jusqu’en 1796 à l’université. Il mène une vie solitaire et sédentaire consacré à l’étude. La légende veut qu’il n’ait modifié que deux fois le déroulement de sa journée : lors de la lecture de l’Emile de Rousseau et lors de l’annonce de la Révolution française. Il est respecté de ses étudiants et de ses confrères. Le philosophe Herder, un ancien lève, loue la vivacité de sa pédagogie : « Son cours ex cathedra était comme la plus passionnante des conversations. ».
La philosophie critique. Son entrée à l’université coïncide avec un tournant dans sa pensée. Jusqu’ici proche de Leibniz et Wolff, il va s’en démarquer et développer sa propre pensée. Il qualifie son entreprise de critique : il examine les pouvoirs de la raison et le domaine de leur exercice. Il se démarque des pensées de son temps par ce qu’il nomme une « révolution copernicienne » : le sujet devient le centre de la connaissance à la place de l’objet. Il en résulte une condamnation de la métaphysique qui transforme des idées (Dieu, immortalité de l’âme…) en objets de connaissance, penchant naturel à combattre. La métaphysique doit se détourner de ces objets pour se tourner vers la morale. La critique de la raison pure paraît en 1781. L’œuvre est considérée comme l’acte de naissance du criticisme. La Critique de la raison pratique paraît en 1790 et la Critique de la faculté de juger en 1788. Madame de Staël dans De l’Allemagne résume ainsi l’entreprise de Kant en opposition au matérialisme : « Kant voulut rétablir les vérités primitives et l’activité spontanée de l’âme, la conscience dans la morale, et l’idéal dans les arts ».
L’anthropologie pragmatique. Dans son cours de logique publié en 1800 par Jäsche, Kant résume l’entreprise philosophique à quatre questions : 1) Que puis-je savoir ? 2) Que dois-je faire ? 3) Que m’est-il permis d’espérer ? 4) Qu’est-ce que l’homme ? La philosophie critique entreprend de répondre aux trois premières questions, mais la dernière relève de l’anthropologie. Il faut cependant garder une vue d’ensemble car « les trois premières questions se rapportent à la dernière ». L’originalité de l’anthropologie kantienne est d’être pragmatique et non spéculative : elle est séparée de la métaphysique et cherche à déterminer la nature humaine intemporelle. C’est dans cette partie de la philosophie kantienne que l’on trouve les considérations sur les sexes : Anthropologie d’un point de vue pragmatique (1798); Métaphysique des mœurs (1797). ( Cf. Les Femmes de Platon à Derrida -anthologie de Françoise Collin, Evelyne Pisier et Eleni Varikas- p. 356).
Kant meurt en 1804 à Königsberg. Son œuvre aura une influence considérable sur l’histoire des idées.
Sur la différence des sexes
Du vivant de Kant déjà, ses anciens élèves ont publié leurs notes de cours. Le philosophe lui-même s’est appuyé sur des notes d’étudiants pour rédiger son dernier ouvrage édité de son vivant Anthropologie d’un point de vue pragmatique (1798). Sept cahiers de notes de cours ont été à ce jour édités et la recherche de manuscrits n’est pas achevée.
Dans le manuscrit attribué à Friedländer se trouve un texte sur la différence des sexes. Kant y soutient un point de vue en accord avec son temps sur la répartition des rôles entre les hommes et les femmes. Il justifie cette répartition par la différence physique entre les deux sexes. Il déduit une complémentarité des rôles au sein de la société de la complémentarité des sexes dans la reproduction, seul but de la sexualité selon lui. D’autre part il voit dans le mariage la fin de la femme et le moyen d’y acquérir une position sociale. “C’est par le mariage que les femmes acquièrent leur valeur”.
Cette pensée a certes peu influencé les féministes, mais a alimenté un positionnement sexiste chez les philosophes. On peut cependant remarquer que la position kantienne sur la sexualité – comme quoi toute relation sexuelle chosifie le partenaire – développée dans la Métaphysique des mœurs, est parfois repris pour condamner la pornographie ou la prostitution.
Pour aller plus loin
DE QUINCEY Thomas, Les derniers jours d’Emmanuel Kant, Mille et une nuits, 1996 [1897].
PHILOMENKO Alexis, L’œuvre de Kant, Vrin 1981.
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Emmanuel_Kant
Bibliographie
KANT, Sur la différence des sexes, Payot et Rivages, 2006.
KANT, Qu’est-ce que les Lumières ?, GF Flammarion, 1991.
KANT, Métaphysique des mœurs, tome II, GF Flammarion, 1994.