L’ouvrage de Silvana Panciera indique que les béguines ont parfois été considérées comme constituant « le premier mouvement féministe » de l’Histoire (p. 24). Est-ce tout à fait le cas ?
Si on définit le féminisme comme la défense de l’égalité en droits des hommes et des femmes au nom du primat de la nature humaine sur toutes les différences, quelle que soit la borne que l’on mette à ces différences, on peut dire que les béguines étaient féministes, car vivaient conformément à cette idée d’égalité de droits, et ne l’étaient pas parce qu’elles n’avaient pas une démarche de revendication. Le béguinage n’est en effet pas si dissident que cela : son apparition serait lié à une surpopulation féminine (p. 27) et à la volonté des seigneurs de promouvoir des mouvements spirituels nouveaux. L’indépendance vis-à-vis de l’Eglise se présentait comme l’affirmation, par un comté ou un royaume, d’une autorité du pouvoir temporel égale à celle du pouvoir spirituel, détenu par le Pape. Une des grandes dirigeantes à promouvoir le béguinage fut ainsi Jeanne de Constantinople, duchesse de Hainaut.
Mais en arrivant à Jeanne de Constantinople, ne revient-on pas à une démarche féministe, puisqu’il s’agit, là encore, d’une femme ayant voulu affirmer son indépendance ?
Reste que les béguines avaient bien souvent des confesseurs hommes, appartenant soit à l’ordre dominicain soit à l’ordre franciscain, et restaient en cela soumises à l’Eglise pour une partie de leur vie spirituelle.
Une réponse sur « [club] Béguines – Le béguinage, le premier féminisme ? »
Il n’y a pas chez les béguines de revendications féministes au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Du moins pas consciemment. Mais justement, je pense que les inégalités n’étant pas naturelles (comme celles entre les classes), il y a toujours des mouvements qui tendent à revenir vers l’égalité. Les béguines témoignent simplement du fait que les femmes sont tout à fait capable de penser, de créer, de travailler… Et c’est à mon avis pour cela qu’on a voulu les faire oublier. Elles étaient un argument contre la thèse de « l’inégalité naturelle entre les sexes ».